Haydn, Joseph (1732-1809) Les Symphonies. Academy of Ancient Music. Christopher Hogwood.
Symphonies no.94 et 96
Symphonies no.100 et 104
Symphonies no.107 et 108
Academy of Ancient Music
Christopher Hogwood, direction.
Enregistré entre 1983 et 1995.
Decca/Oiseau-Lyre. 2012. 4806900. 32 cds.
Appréciation: Très Bien ****
Adagio de la symphonie no.22 « Le Philosophe »
Menuet de la symphonie no.22 « Le Philosophe »
Allegro de la symphonie no.23
Menuet de la symphonie no.23
Le récent décès du chef britannique Christopher Hogwood (1941-2014) va remettre inévitablement sur le marché des rééditions en l’honneur de ce grand musicien. Longtemps disponible qu’en volumes séparés, cet quasi-intégrale des symphonies de Haydn fut récemment offerte en format abordable par la maison Decca/Universal Italia.
Malheureusement, ce grand projet fut interrompu en 1995, et avec lui le label L’Oiseau-Lyre. Dans le livret, on cite Hogwood dans une entrevue de 1997, qui laissait entrevoir la possibilité de terminer les enregistrements. Mais le temps a passé et rien de concret ne fut fait. En 2006, Hogwood laissait la direction de l’Academy entre les mains du claveciniste Richard Eggar.
Manque à l’appel dans ce coffret inachevé, les symphonies parisiennes, et la plupart des londoniennes. Comme toujours, Hogwood, en bon musicologue, s’est adjoint ici un collègue de l’Université Cornell de l’état de New York, James Webster, pour mettre à jour les plus récentes découvertes de la musique de Haydn. En bref, pour les 60e premières symphonies,on a eu recourt qu’à un petit ensemble de chambre, excluant toutes les parties de trompettes et timbales. Seulement les cors naturels sont utilisés, et la basse continue n’est constituée que d’un violoncelle doublé par la contrebasse. Un seul basson accompagne la plupart du temps ces instruments. Aucun clavecin n’est utilisé.
Le travail méticuleusement historique de Hogwood s’en ressent autant dans la conception que dans l’interprétation. Il n’y a rien ici de vraiment éclatant. La musique est mise en place de façon rigoureuse et très détaillée. Des cadences d’une régularité irréprochable, le refus délibéré des effets dramatiques ou théâtraux; la retenue chez Hogwood est connue de tous depuis longtemps. Cette façon de faire laisse plutôt l’auditeur d’aujourd’hui sur sa faim. On s’attend à des couleurs plus vives chez Haydn (voir Heidelberger Symphoniker, Thomas Fey). Ainsi, la période Sturm und Drang, manque parfois de ce nerf vital expressif où les bouleversements d’une musique près des émotions sont à peine esquissées.
Il faut s’adapter à cette manière très british, où l’audace est mise de côté. Néanmoins, il en résulte un Haydn très confortable dont on appréciera une certaine élégance tranquille. On entre à pas feutré dans l’univers intérieur d’un musicien dévoué et spirituel, qui restera une trentaine d’années confiné au service du Prince Estérhazy. Ces symphonies, toujours bien écrites et savantes, sont souvent des petits chefs-d’œuvre irrésistibles. Sous la direction du chef anglais, il prennent alors l’apparence des plus intimes confidences d’un admirable créateur. Il nous faut alors laisser quelques attentes à l’extérieur. Laissons nous plutôt raconter de l’intérieur, les plus belles et tendres introspections d’un compositeur toujours très attachant. Chaudement recommandé.
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