Bach, J.S. (1685-1750) Les six suites pour violoncelle. Brian Manker.
Enregistré en 2009-2010 à l’église St-Margaret Scotland, Ontario.
Brian Manker, violoncelle Zygmuntowicz 2005.
Storkclassics. 2010. Sk1001. 2cds. 137m. 41s.
Appréciation: Sommet du Parnasse ******
Prélude no.3 en do majeur bwv 1009
Allemande no.3 en do majeur bwv 1009
Prélude (Ouverture) no.5 en do mineur bwv 1011
Gigue no.5 en do mineur bwv 1011
Chaque décennie voit apparaître, en général, une interprétation marquante des suites de Bach. Du pionnier Pablo Casals, en passant par Fournier, Gendron, Bylsma, Yo-Yo-Ma, Wispelwey, Linden…chacun de ces musiciens apportent aux Suites a violoncello solo un regard personnel, sur des pièces qui ne demandent qu’à être ré-interprétées sans cesse…
Brian Manker, premier violoncelle de l’OSM, professeur à l’Université McGill, membre du Nouveau Quatuor Orford s’est attaqué à cet Everest du violoncelle il y a quelques années, à l’insu de tous je dirais. Cette étiquette peu distribuée sur le marché (Storkclassics) est un peu à l’image du musicien, qui vit dans l’ombre au sein de l’orchestre montréalais.
Le danger d’entreprendre une autre lecture des Suites est de tomber dans le piège de la monotonie. Pièces didactiques pour tout violoncelliste, cette musique peut, tout au plus, atteindre la ligne de la banalité, sans jamais la transcender. Manker est étonnement au-dessus de tout cela. On y découvre un musicien exceptionnel dont le niveau de jeu est incroyablement supérieur à la normalité. On se rend compte, dès les premières mesures, que ce musicien sait beaucoup de choses! Il sait et comprend le langage de Bach, dont il en traduit, avec une facilité déconcertante, la fluidité et le mouvement de ce fleuve musical intarissable…
L’amour des résonnances de son instrument dans cette église, dont il s’approprie l’ambiance par la légèreté des notes qu’il propose, lancées ça et là dans l’air ambiant, est d’un art que peu possède. Il aime aussi cette façon élégante des gambistes français, dont l’œuvre en fut sûrement inspirée. Peu de vibrato est utilisé, et chaque reprise est agrémentée d’ornements, appogiatures, trilles…subtiles décorations qui révèlent un musicien-artiste, dont on ressent la dévotion et le respect qu’il porte à tous ceux qui l’ont précédés.
Si l’on peut nommer un sommet à cette admirable interprétation, probablement la 5e suite, et la bouleversante et tragique musique de son Ouverture. Mais de ce do mineur prenant se développe des pas de danses qui en allègent le discours. L’esprit est amené, malgré nous, dans des sphères élevées, d’où l’on ne veut pas redescendre. Indispensable!
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