Haydn, Schubert, Brahms. Stéphane Tétreault, violoncelle. Marie-Ève Scarfone, piano.
Sonate « Arpeggione » de F.Schubert
Sonate op.38 de J.Brahms
Stéphane Tétreault, violoncelle Stradivarius 1707.
Enregistré à l’Église St-Augustin de Mirabel, Québec en oct.2014.
Analekta. 2015. AN2-9994. 66m.31s.
Appréciation: Superbe*****
Allegretto de la sonate Arpeggione de Schubert
Allegretto quasi menuetto de Brahms
Un fort beau récital tout en contrastes. À l’entrée il y a Haydn, le bien-heureux qui nous accueille. La conclusion est réservée à Brahms qui, malgré ses sombres états d’âme, offre à l’auditoire l’apothéose d’une sonate intense et difficile. Au coeur de ce programme se trouve le bien-aimé Schubert. Et c’est là que le jeune violoncelliste s’y livre avec tout l’amour et l’ineffable sens de la musique dont il maîtrise déjà à 22 ans… Autant il affectionne avec évidence la sonorité voluptueuse de son instrument, autant il se donne sans concession dans la plus admirable sonate qui a été composée pour l’arpeggione, ou communément appelé « guitare d’amour« …
L’oeuvre, dont le manuscrit original semble indiqué qu’il a été écrit avec empressement, est une sonate de forme libre, une quasi-fantaisie, irrégulière en rythmes, mais constamment mélodieuse, un art dont seul Schubert, malgré une vie rongée par la maladie et le désespoir, nous fait encore énormément de bien. Stéphane Tétreault et Marie-Ève Scarfone se suivent et se complètent très bien sur ces vagues incessantes, imprévisibles mouvements d’une musique qui s’abandonne totalement dans un chant libéré de toute contrainte.
Et c’est lorsque notre regard ne se pose plus sur l’artiste mais sur la musique elle-même, qu’on se rend compte de l’immense talent du violoncelliste. Cette façon de chanter chaque note, de sublimer le temps d’une mesure, de ralentir une cadence pour en faire surgir une émotion…on appelle cela de l’Art tout simplement. Probablement la plus belle version de l’Arpeggione que nous avons entendu jusqu’à ce jour et pour bien longtemps…
La prise de son, qui rend justice aux médiums et basses fréquences des instruments, a beau nous offrir une certaine douceur dans l’ensemble, mais manque un peu de transparence dans les hautes. Cela gâche quelque peu notre plaisir. On aurait aimé un meilleur traitement pour ces excellents artistes. On ne comprend pas encore pourquoi Analekta semble vouloir s’attacher à ce genre d’acoustique un peu brumeuse. Dommage…on était si près du ciel.
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