Bruckner (1824-1896) Les Symphonies. Orchestre Métropolitain de Montréal. Yannick Nézet-Séguin.
Les neuf symphonies.
Enregistrements: no.7-8-9 à Eglise St-Nom-de-Jésus, Montréal entre 2006-2009/ no.4 à St-Ferdinand, Laval en 2011/ no. 1-2-3-5-6 à La Maison Symphonique entre 2012-2017.
Atma Classique. 2018. ACD2 2451. 10 cds.
Appréciation: Superbe*****
Andante de la 7e symphonie
Scherzo de la 7e symphonie
Grande respiration d’ensemble, dynamique renversante, adagios très intériorisés, recueillis et solennels; la vision de Yannick Nézet-Séguin rejoint celle des plus grands. Il a transformé à lui seul un orchestre qui a toujours vécu dans l’ombre de l’autre à Montréal.
Douze ans plus tard, cette grande aventure se termine avec ce coffret des plus respectables. L’Orchestre Métropolitain peut maintenant être fier de faire partie de la grande chaîne de montagnes de l’univers discographique de Bruckner.
Bien sûr, à l’intérieur d’un cycle de cette importance, la notion de perfection et de version définitive est à proscrire. Nézet-Séguin va toujours y revenir, vu son jeune âge. D’autres vénérables chefs ont pris le temps nécessaire pour mûrir ces symphonies et les redécouvrir à leur façon. (Jochum, Wand, et Barenboim…trois intégrales pour lui!).
Pour débuter ce grand cycle, Nézet-Séguin a choisi les trois derniers monstres sacrés que sont les dernières symphonies. Ces oeuvres ont alors été enregistrées à l’Église du Saint-Nom-de-Jésus. C’est en ce vaste lieu que le chef, alors au début de la trentaine, en a étonné plusieurs. L’esprit du grand maestro Carlo Maria Giulini semblait plané au-dessus des musiciens. Les adagios sont d’une lenteur audacieuse, en moments divins pleinement assumés. Il allonge le sens mélodique des phrases le plus loin possible, comme à bout de bras, et semble y mettre tout son amour à chaque silence, à chaque climax. C’est de l’émotion pure, mêlant le mysticisme contemplatif à une affection presque sensuelle…
Pour moi, ce triptyque demeure la plus belle réussite du Métropolitain. Tandis qu’à la Maison Symphonique, il semble que les ingénieurs du son n’ont pas encore réussi à apprivoiser l’espace acoustique. La sonorité d’ensemble demeure un peu terne, d’une grisaille brumeuse pas toujours bien définie. Le Métropolitain laisse percevoir ici quelques faiblesses par des phrasés un peu secs, un manque de souffle dans certains passages…
Mais ce que l’on retient de cette intégrale, c’est le pouvoir hautement émotif de la direction de Nézet-Séguin. Il offre à Bruckner une nouvelle allure, lui conférant une image plus humaine, plus près de nos sentiments. Un Bruckner amoureux? Pourquoi pas. C’est ce qui définit, je crois, ce cycle des autres versions dites définitives. Superbe.
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