Glass et Handel. Anthony Roth Costanzo. Les Violons du Roy. Jonathan Cohen.
Oeuvres de Phillip Glass (n.1937) et G.F.Handel (1685-1759)
Les Violons du Roy, direction Jonathan Cohen.
Enregistré au Palais Montcalm, Québec.
Decca Gold/Universal Music. 2018. 00028948171903. 61m.53s.
Appréciation: Sommet du Parnasse******
Liquid days de Philip Glass
Stille amare tiré de Tolomeo de Handel
Hymn to the Sun (Akhnaten) de Philip Glass
Dès son apparition sur la scène de la Maison Symphonique, Anthony Roth Costanzo avait déjà le public dans sa poche. Souriant, petit de taille, fébrile et communicatif, il parlait aux spectateurs dans un français plus que respectable. Et lorsqu’il s’est mis à chanter, le contre-ténor américain nous a conquis pour de bon. Le volume sonore qui s’échappe de ce petit bonhomme est celui d’un grand!
Avec les Violons du Roy dirigé par Jonathan Cohen, nouveau directeur artistique, Costanzo venait présenter le tout nouvel enregistrement de leur collaboration. Pourquoi réunir Glass et Handel? Selon ses propres mots: « Handel m’a défini. Glass m’a transformé. » Leurs musiques, séparées par les siècles, se rejoignent pourtant par plusieurs aspects formels. La répétition des motifs simples et efficaces, l’amour de la voix humaine et la création de l’émotion pure sont communes aux deux compositeurs.
C’est là que Costanzo nous chavire. Il nous emporte avec lui dans l’univers mythologique de Handel et ses personnages, puis vers l’imaginaire mystique de Philip Glass, à la fois contemporain et intemporel. Ce balancement continuel dans le temps fait de ce disque une expérience nouvelle, inusitée, d’un alliage artistique unique.
La voix et la présence scénique de Costanzo sont conquérantes. Le contre-ténor vibre et vit toute cette musique. Il s’en accapare et en créé une chose qui lui appartient entièrement. Son timbre particulier nous fait penser au regretté Klaus Nomi, iconoclaste et inclassable individu de la scène allemande des années 80. Cependant, Costanzo possède la technique et le contrôle vocal des plus grands contre-ténors. À 36 ans, il est déjà en pleine maturité, et on s’étonne que ce soit seulement son premier disque.
Désormais, Les Violons du Roy ne peuvent plus être seulement classés dans le 18e siècle où Bernard Labadie les avait souvent confinés. Maintenant, les portes sont grandes ouvertes pour explorer tous les genres. Ce passage leur réussit très bien. On le discerne de belle façon dans l’extrait de l’opéra Akhnaten de Philip Glass. Dans cette pièce étonnante, Jonathan Cohen révèle subtilement des textures apparentées aux cordes baroques. Le mélange de genre fonctionne admirablement bien. Ce disque sera une révélation pour plusieurs.
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