Beethoven (1770-1827) Les Symphonies. Herbert Kegel.
Les Symphonies no.1 à 9 (cd 1-5)
Triple Concerto. Fantaisie Chorale (cd 6)
Requiem de Brahms. (cd 8)
Oeuvres orchestrales diverses (cd 8)
Dresdner Philharmonie. Herbert Kegel, direction.
Enregistré à Lukaskirche, Dresde en 1982/83. (Enregistrements numériques).
Capriccio. 2018. C7275. 5cds. 6h.19m. Appréciation: Sommet du Parnasse******
Poco sostenuto-Vivace 7e symphonie
Larghetto 2e symphonie
Presto-Assai meno presto 7e symphonie
L’année 2020 nous a apporté, plus que jamais, de nouvelles interprétations des symphonies de Beethoven pour souligner son 250e anniversaire de naissance. Cette année, mentionnons le choc qu’a causé Adam Fisher (Naxos) en bouleversant les conventions, puis la surprise étonnement juvénile et vigoureuse de Marek Janowski (Pentatone). Ces chefs d’expérience ont su renouveler, à leur façon, le langage symphonique de Beethoven.
La redécouverte des enregistrements qu’a effectué Herbert Kegel (1920-1990) au début des années 80, nous ramène à une prestation plus traditionnelle, enregistrée dans la Lukaskirche de Dresde, réputée pour son acoustique légendaire. Capriccio a recompilé ces disques en 2018 dans un coffret abordable. On retrouve avec bonheur le son d’un orchestre d’autrefois, très massif et impressionnant. On perçoit en premier lieu, la plénitude des cordes chaudes aux vibratos généreux, aux sonorités de rêve, soyeuses et riches, jamais agressives dans tout cet espace. Violons, altos et violoncelles sont le coeur d’un orchestre, et ceux-ci chantent sans réserve, commandent l’émotion et l’action, imposent la tendresse ou la grandeur du discours. Les contrebasses et les timbales engloutissent parfois tout l’ensemble par leur puissance. On en ressent toutes les ondes de choc. C’est toute une expérience sur bonne chaîne audio!
Les sections des cuivres sont bien mises en place, un peu à l’écart, à l’arrière de la scène. Les cors, trombones, et trompettes résonnent de tous leurs feux dans la réverbération des lieux, captés d’une manière idéale. Il faut alors absolument écouter le groupe des cors du fameux Scherzo de l’Héroïque!
Herbert Kegel est connu comme un chef perfectionniste, réputé pour ses innombrables heures de travail auprès des musiciens. Il fut jadis l’assistant de Karl Böhm, et a eu une belle carrière, malgré son décès plutôt précoce à 70 ans. Il est l’un de ces chefs qui ont travaillé dans l’ombre d’un autre Herbert, Karajan de son nom, qui a dirigé sur sa propre personne tous les projecteurs du star système. Curieusement, c’est au Japon que Kegel fut le plus populaire.
Sa manière de diriger est façonnée à partir de tempos assez lents, d’un élan mesuré implacable et d’une verticalité métronomique régulière. Au sein de cette emprise absolue, se distingue toute la souplesse du chant, immense souffle musical que l’on reçoit en plein coeur.
Mon imagination est parfois stimulée inexplicablement lors de mes sessions d’écoute. J’ai eu l’impression ici de voir apparaître un grand navire sur les mouvements de l’océan, toutes voiles déployées. Cette vision m’est surtout apparue pendant l’extraordinaire septième symphonie. Lorsque le vent s’élève sur la mer, l’âme est soumise aux bouleversements de la tempête, et se conjugue vertigineusement aux profondeurs abyssales. Puis, le temps se calme, et se profile à l’horizon la plus belle lumière. C’est Beethoven qui nous invite à l’aventure humaine au travers de ses neuf merveilles du monde. Herbert Kegel et le Dresdner Philhamonie ont réussit à transmettre tout son art de la manière la plus grandiose qui soit. Chaudement recommandé.
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