Brahms, Johannes (1833-1897) Les Symphonies. Radio-Sinfonie Stuttgart. Sir Roger Norrington.
Les 4 Symphonies.
Radio-Sinfonieorchester Sttugart des SWR.
Direction: Sir Roger Norrington.
Enregistré à Liederhall, Beethovensaal, Stuttgart en 2005.
( cd bonus: A German Requiem, en 2014).
SWR. 2021. SWR19529CD. 3cds. 134m. (symphonies seulement).
Appréciation: Superbe*****
Allegro con brio de la 3e Symphonie op.90
Andante de la 3e Symphonie op.90
Poco Allegretto de la 3e Symphonie op.90
J’ai toujours associé les symphonies de Brahms à l’automne. Riches en couleurs, à la fois grandioses et d’une mélancolie émouvante, elles sont également d’une grande densité d’écriture. Comme un peintre, Brahms a superposé plusieurs couches sur une toile, en mélangeant d’une manière habile toutes les nuances possibles. Leur composition lui a exigé beaucoup de temps, et c’est souvent lors de longs séjours à la campagne qu’il a trouvé l’inspiration nécessaire. Brahms a un rapport contemplatif à la nature, autant par ses forces que par sa magnificence inaltérable. Ses quatre symphonies sont une apogée de la musique du 19e siècle, un idéal romantique d’une beauté naturelle dont on ne se lasse jamais.
Sir Roger Norrington propose une vision épurée de ces oeuvres magnifiques. Il a fait le choix esthétique du « pure tone » dans ses interprétations. Selon lui, les orchestres du temps de Brahms s’exécutaient sans vibrato et étaient de formation plutôt réduites. Avec le RSO Stuttgart, le chef britannique a également poussé cette audace interprétative de Bruckner jusqu’à Schönberg!
Dès la première écoute de cette version, on ne retrouve pas l’opulence sonore qui caractérise les grands orchestres traditionnels. Il n’y a ici aucune lourdeur de propos, la sonorité d’ensemble étant plutôt ténue. Les archets sont particulièrement lisses, sans cette profondeur à laquelle on est habitué. Par contre, les lignes mélodiques sont très chantantes. Elles louvoient et se balancent toute en souplesse de phrasé. Les instruments à vent se fusionnent de la même façon aux cordes. L’unité d’ensemble créé des mouvements gracieux, et parfois certaines pièces prennent l’aspect d’un véritable ballet (1er mouvement de la 3e!). Le chef a également disposé les premiers et seconds violons de chaque côté de la tribune. Leurs parties musicales sont ainsi mieux détachées.
Après quelques temps, j’ai finalement beaucoup apprécié cette interprétation. Elle est différente certes, mais possède des qualités indéniables, comme en fait foi la légèreté des rythmes, le ton allègre qui confère une transparence unique à la musique de Brahms. Il y a quelque chose de très pur qui apparaît au fil de l’écoute de ces chefs-d’oeuvre. Sans en dénaturer leur nature, Norrington a réussi son pari de leur donner une liberté nouvelle, d’un climat frais et lumineux comme une journée d’automne. (Coffret cd très abordable).
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