Bruckner, Anton (1824-1896) Symphonies 3-4-6-7-9. RSO Stuttgart. Roger Norrington.
Symphonie no.3 « Wagner Symphonie » 1ère version 1873 (61m.02s)
Symphonie no.4 »Romantique » 1ère version 1874 (60m.33s)
Symphonie no.6 1879 (51m.41s)
Symphonie no.7 1883 (55m.11s)
Symphonie no.9 Version 1894 (51m.59s)
Enregistré »Live » en 2007-2010 au Liederhall, Beethovensaal, Sttutgart.
SWR Music. 2021. SWR19528CD.
Appréciation: Superbe*****
Allegro moderato 7e Symphonie
On poursuit notre exploration des rééditions en format économique que la SWR a lancé cette année. Après le coffret Beethoven, paru l’an dernier, le label allemand nous a offert coup sur coup en 2021, Mozart, Haydn, Brahms et Bruckner, tous sous la direction de Sir Roger Norrington avec le RSO de Stuttgart. Évidemment à un prix aussi bas (environ $25 le coffret), je me suis procuré toute la série! L’autre raison de l’achat est la curiosité suscitée par le travail du chef britannique, connu pour ses recherches historiques en matière d’interprétation.
Ainsi, il a osé appliqué ses thèses historiquement bien informées à la musique de Bruckner. La discographie abondante de ses 9 symphonies, par les plus grands orchestres de la planète, nous a habitué à des expériences sonores gigantesques. Il en va de soi avec Bruckner, dont la vision mystique et grandiose ne demandent pas mieux que des orchestres bien fournis. Et personne ne viendra contredire cette façon très romantique d’aborder sa musique. Vibratos généreux et appuyés des cordes, soutenus par de larges sections de cuivres et de contrebasses, ces interprétations traditionnelles sont également soumises à des tempi très lents, à limite de la patience des auditeurs! Au sein de cette musique unique, on se retrouve parfois hors du temps, en face de forces cosmiques qui nous dépassent.
Norrington propose un retour aux sources avec Bruckner, comme l’avait fait avant lui les baroqueux. Il prétend, par exemple, que le vibrato n’a été adopté par les orchestres qu’à partir du début 20e siècle. Ainsi, la sonorité des cordes est très incisive et nette. Le chef a par ailleurs opté pour des tempos rapides. Ils sont audacieux, voire déstabilisants. Certains passages s’entendent comme un ensemble de chambre qui met en lumière les interventions solos des instruments. Les mouvements lents prennent une toute autre allure, allégée de leur langueur habituelle. Ces exécutions en format réduit semblent inévitablement ôtées une grande partie de la moelle interne des symphonies. L’indéniable puissance de la musique Bruckner a perdu ici son aura mystique que la tradition nous a imposé. Bruckner entendait t’il ses oeuvres de cette façon? On n’en est pas certain.
Le chef britannique a tout de même réussi à nous interroger, à réévaluer notre manière d’aborder cette musique. Il y a une liberté nouvelle dans cette façon moins religieuse, mais plus humaine de jouer la musique de Bruckner. Il y a une joie inusitée qui s’installe, l’aspect dansant des rythmes et la pureté du chant nous interpellent d’une nouvelle manière. Au final, cette interprétation originale est sûrement la plus moderne qui soit et rejoindra peut-être un nouveau public.
Comparatif: Extrait de l’Allegro moderato 7e Symphonie. Eugen Jochum/Berliner Philharmoniker. 1967.
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