Unicum. Leuven Chansonnier. Ensemble Leones.
New Songs from the Leuven Chansonnier (c.1470).
Ensemble Leones. Marc Lewon, direction.
Enregistré à St-Leodegar Kirche, Grenzach, Allemagne.
Enregistré en juillet 2021. Ingénieur: Michaela Wiesbeck.
Naxos. 2023. 8.574395. 74m.35s.
Appréciation: Sommet du Parnasse******
Ou beau chastel est prisonnier
Ou beau chastel est prisonnier mon cueur
de celle ou monde ou a plus de doulceur,
beaulté, bonté [et] courtoisie aussi,
et touteffoix ne peult avoir mercy
n’alegement de sa dure langeur.
En atendant vostre venue
En atendant vostre venue,
mon bien que je desire tant,
une heure me dure bien cent
quant de vous seul je pers la veue.
Bien souvent seullete, esperdue,
je passe mon temps en pleurant.
Mais bon Espoir m’a maintenue
et de son bon gré m’asseurant
que je vous reverray briefment,
Qui en joye m’a entretenue.
Par Malle Bouche la cruelle (arr.Mark Lewon)
Oublie, oublie
Oublie, oublie, oublie, oublie, [oublie],
Oublie, oublie, [oublie] tes dolours,
Leal amant, car venus sont les jours
Que de Dangier ne donne[s] une oublie.
Le Leuven Chansonnier est un recueil de pièces qui a été découvert en 2015 dans la ville du même nom (Louvain) en Belgique. C’est un petit livre dont la reliure originale est demeurée intacte. Il aurait été copié vers 1470 dans la vallée du Loire. Le parchemin contient environ 50 pièces, la plupart anonymes. Pour le monde de la musique ancienne, cette découverte sensationnelle vaut celle d’archéologues découvrant une nouvelle tombe en Egypte!
Les chansons ont été écrites, pour la plupart, dans un vieux français. Celui-ci est d’ailleurs fort bien prononcé par les membres de l’Ensemble Leones. Les voix sont particulièrement claires, d’un lyrisme d’une grande pureté. On aime également les différents timbres vocaux de chaque intervenant, apportant une belle variété de textures. De forts beaux arrangements instrumentaux accompagnent les chanteurs. Il y a le luth, vielle ou violon de la Renaissance, et une viola d’arco. Ce trio à l’ancienne, minimaliste, nous offrent à l’occasion des intermèdes. Les oeuvres ont été écrites en forme du rondeau, répétées comme dans un cycle perpétuel. L’effet musical procure un genre de trans hypnotique, se balançant toujours au gré d’un rythme binaire. La musique et les paroles apportent une quiétude bienheureuse tout le long de l’écoute.
Après de longues années dans l’obscurité, soit 545 ans, ce petit livre nous fait voir maintenant toute sa lumière. En lisant les paroles, (traduites également en anglais qui en facilite la compréhension), on y redécouvre l’art de la déclamation poétique de l’époque. Ces très anciens poèmes émeuvent encore. On y parle souvent d’amour éperdu, de charme ou de désir, sentiments que nous éprouvons encore cinq siècles plus tard. Ce disque remplit de merveilles est d’un envoûtement total.
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