Bach, J.S. (1685-1750) Passion selon St-Matthieu. Pygmalion. Raphaël Pichon.

HMM90269193DI

Julian Prégardien, l’Évangéliste.

Stéphane Degout, Jésus.

Sabine Devieilhe, soprano. Lucile Richardot, alto.

Enregistré à la salle Pierre Boulez, Philharmonie de Paris en 2021.

Prise de son: Hugues Deschaux.

Harmonia Mundi. 2022. 902691.93. 2h.40m.

Appréciation: Superbe*****

Aria Ach nun ist mein Jesus (Lucile Richardot)

Choral Bin ich gleich (a cappela)

Aria Mache dich meine Herze (Stéphane Degout)

Recitatif Mein Jesu Gute Nacht

Wir setzen uns mit tranen nieder

Sorti l’an dernier, cet enregistrement de la grande Passion de Bach n’est pas passé inaperçu. Le soin apporté à cette production par l’équipe d’Harmonia Mundi et de Raphaël Pichon est digne d’attention. Ce monument sacré de la musique baroque ne mérite jamais moins que la plus grande préparation. Raphaël Pichon a attendu une dizaine d’années avant d’exécuter cette grande oeuvre avec l’ensemble qu’il a fondé, Pygmalion.

L’interprétation que l’on remarque, tant au niveau instrumentale que vocale, est d’une grande qualité. Le double choeur mixte résonne pleinement dans l’espace, sans lourdeur. On note, en général, une direction légère et des tempos juste assez rapides qui ne dérangent pas trop. Une chose est sûre, on est très loin des anciennes gravures romantiques des années soixante où tout était englué et empesé dans des débits d’une extrême lenteur. (Otto Klemperer EMI)

Raphaël Pichon propose plutôt une approche moderne, dans le sens qu’elle souligne plus la théâtralité que le sacré de l’oeuvre. Mais il le fait d’une façon discrète, sans trop de dramaturgie. La narration se fait toujours dans le plus bel écrin possible, au détriment parfois de l’affect émotionnel. C’est ce qu’ont remarqué certaines critiques, au sujet du manque d’émotion générale. Pour ma part, cet état de fait demeure toujours très subjectif à chacun.

L’équipe vocale est superbe, en partant de Julian Prégardien, convaincant et techniquement impeccable. Son rôle de l’évangéliste lui va parfaitement. Stéphane Degout, en un Jésus très sonore, est un peu différent de ce que l’on a entendu auparavant. Mais on s’y fait au fur et à mesure de ses apparitions. Mais la révélation, pour ma part, est l’alto Lucile Richardot avec sa voix androgyne à mi-chemin entre le contre-ténor et la mezzo soprano. Sensible et lumineuse, elle apporte quelque chose de nouveau à chacune de ses interventions.

La direction des choeurs n’est jamais statique. Les voix sont phrasées avec mouvement et grâce. Et parfois le chef les fait chanter a cappela dans certains chorals, produisant un bel effet très recueilli.

Cette Passion, à défaut de toucher par une métaphysique à la Leonhardt, ou prenante comme celle d’Harnoncourt, est tout de même digne par ce qu’elle apporte de nouveau à l’auditeur d’aujourd’hui. Soignée et parfaite dans son exécution, la très belle Passion de Pichon prendra sa place au côté des plus grandes.

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