Corelli, Arcangelo (1653-1713) Concertos Grossos op.6 Modo Antiquo. Federico Maria Sardelli.

Concertos op.6 nos.1 à 12.
Version avec ajout d’instruments à vents.
Enregistré à Villa Rasponi, Florence en 1997.
Tactus. 2013. TB650391. 2cds. 136m.
Appréciation: Superbe*****
En voyage à Rome en 1682, le compositeur Georg Muffat fut impressionné par la musique de Corelli. « J’ai entendu avec grand plaisir et émerveillement quantité de concertos tout aussi beaux et produits avec la plus grande perfection de détails pour un nombre important d’instrumentistes par Monsieur Corelli, remarquable artiste en la matière. » Un témoin de cette époque rapporte également que Corelli dirigeait parfois un grand orchestre de plus d’une centaine de musiciens, incluant des instruments à vents. Le vaste ensemble de l’époque était divisé en deux groupes distincts. Le concertino était constitué des meilleurs solistes, tandis que le grand ripieno pouvait être doublé par des instruments à vent. Dans les concertos de Corelli ces deux groupes se relancent continuellement, comme dans un écho, alternant entre solistes (pianissimo) et tutti (forte). L’effet sur place devait être impressionnant.
Concerto no.7 en ré majeur
Concerto no.8 fatto per la notte di Natale (extrait)
Concerto no.10 en do majeur
De récentes recherches ont trouvé un grand nombre de billets de paiements adressés à des musiciens d’instruments à vent pour ces concerts à Rome. C’est sur cette base que le chef italien Federico Maria Sardelli s’est appuyé pour reconstituer l’orchestre corellien.
Pour cette intégrale, Sardelli a utilisé des flûtes à bec, hautbois baroques et trompettes pour certains concertos. Les manuscrits originaux n’existant pas pour cette formation, il a dû réécrire certaines parties, mais sans pour autant modifier leurs tonalités d’origine. Les trompettes se retrouvent donc naturellement dans les trois concertos en ré majeur, leur donnant un éclat festif des grandes occasions. La plupart du temps, les hautbois doublent les cordes du ripieno comme c’était l’usage à l’époque. Dans le concerto de Noël, leur présence est un pur ravissement, leur timbre rustique rappelant la musette des bergers.
L’exécution d’ensemble est flamboyante, agrémentée et d’un fantastique élan dynamique. Sardelli a réussi à produire les effets recherchés, mais surjoue certains passages qui n’en demandaient pas tant. De plus, l’excessive réverbération du lieu provoque une certaine confusion dans la lecture. Reste que cette version inhabituelle des concertos de Corelli vaut le détour. Elle donne une idée de ce que devait être les grands rassemblements festifs sur une de ces piazza de la Rome fastueuse.
Laisser un commentaire