Lully, J.B. (1632-1687) Te Deum. Stéphane Fuget.

Posted in Lully on 20 mars 2024 by René François Auclair

91t0NrIJ8eL._AC_SL1500_

Enregistré à la Chapelle Royale du Château de Versailles en mars 2023.

Appréciation: Superbe*****

 

Te Deum

Viola Concertos. CPE Bach/JG Graun. Mathis Rochat.

Posted in Bach CPE, Graun, J.G. on 19 février 2024 by René François Auclair

eyJidWNrZXQiOiJwcmVzdG8tY292ZXItaW1hZ2VzIiwia2V5IjoiOTU5NDEwNC4xLmpwZyIsImVkaXRzIjp7InJlc2l6ZSI6eyJ3aWR0aCI6OTAwfSwid2VicCI6eyJxdWFsaXR5Ijo2NX0sInRvRm9ybWF0Ijoid2VicCJ9LCJ0aW1lc3RhbXAiOjE3

Carl Phillip Emmanuel Bach (1714-1788) Concerto wq.171 en Sib majeur, arrangé pour alto par M.Rochat.

Johann Gottlieb Graun (1703-1771) Double concerto en Do mineur pour violon et alto et Concerto pour alto en Mib majeur.

Mathis Rochat, alto Vidoudez, Genève 1949.

Stephen Waarts, violon.

Camerata Schweiz dirigé par Howard Griffiths.

Enregistré à l’Église Oberstrass, Zurich en 2022.

Ingénieur de son: Bernhard Hanke.

CPO. 2024. 555613-2. 62m.03s Appréciation: Très Bien****

Allegretto wq.171 de CPE Bach

Allegro pour violon et alto de JG Graun

Allegro assai de JG Graun

L’attrait principal de ce disque CPO est l’arrangement pour alto du concerto pour violoncelle de CPE Bach wq.171 en Si bémol majeur. L’altiste franco-suisse Mathis Rochat a respecté la tonalité d’origine, mais a utilisé un diapason un peu plus élevé que les interprétations à l’ancienne. En comparant d’autres versions, c’est ce que j’ai pu noter. (Bylsma, Suzuki, Dieltens par exemple).

Instrument plutôt dédié à l’accompagnement, l’alto a des interventions solistes plutôt rares. Il est le complément harmonique essentiel dans un orchestre. Il a une voix bien à lui, au timbre particulier. Entre deux zones de tessiture, ni aigüe ni grave, l’alto a finalement trouvé sa place au sein du quatuor à cordes où il est devenu un membre à part entière.

À l’entendre en solo dans ces concertos de la période dite rococco, il semble s’y plaire énormément! L’alto convient à merveille à ces oeuvres. Dans le cas de ce concerto de Bach, beaucoup enregistré, il lui confère une légèreté nouvelle, une clairvoyance de chaque note, sans en négliger l’expression à fleur de peau, typique du style sensible du grand Emmanuel. La gravité habituelle du violoncelle fait plutôt place ici à une interprétation plus lumineuse et aérienne de cette oeuvre très connue.

Mathis Rochat s’exécute avec une précision infaillible, méticuleux et vif, soigné dans les moindres détails. La belle prise de son lui offre un bel éclairage, le valorisant constamment à notre oreille. Que du plaisir! L’ensemble de chambre Camerata Schweiz, d’une cohésion indiscutable, l’accompagne par une rythmique soutenue et discrète, minutieusement articulée. Howard Griffiths, maestro d’expérience, semble avoir misé sur la sagesse et la retenue, et de ce fait, privé ces musiques de quelques épanchements passionnés. Tout de même une belle réussite, exemplaire et sans faille.

Mozart. 18 Sonates pour 18 pianistes. Les intégrales.

Posted in Mozart, Mozart. Les 18 Sonates on 7 février 2024 by René François Auclair

Wolfgang-amadeus-mozart_1

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), grand génie de son époque, a composé en peu de temps d’innombrables chefs-d’oeuvre. Si on exclu ses oeuvres de jeunesse au clavecin, son apport au piano a vraiment débuté autour de ses vingt ans. Grâce au développement des nouveaux pianofortes de Johann Andreas Stein, célèbre facteur d’Augsbourg, Mozart se passionna définitivement pour cet instrument. Il composa en tout 18 sonates de 1775-1789. Son écriture savante et virtuose, de style galant, a propulsé ces oeuvres au firmament des pièces les plus connues de l’histoire de la musique.

Souvent perçue, à tort, de simple et d’enfantine, sa musique s’est développée au fur et à mesure par une variété d’expressions et de complexité d’écriture qui toucheront un grand nombre de compositeurs, dont le grand Beethoven. D’apparentes facilités, ces oeuvres, pour la plupart lumineuses, cachent pourtant une fragilité, une mélancolie bien personnelle. Les ennuis et les tragédies de sa vie n’ont jamais été aussi bien occultées que par son piano, médium de l’intimité, qui nous communique toute sa pensée.

Pour ce dossier, on s’est limité à quelques intégrales qui ont marqué la discographie, des valeurs sûres aussi bien que des interprétations contestables. Qu’est-ce qu’un mozartien(ne)? Un musicien qui s’approche le plus des idées préconçues que nous avons de Mozart? La fébrilité, la candeur de son irrésistible virtuosité? Il y a beaucoup plus que cela dans son oeuvre. Je dirais qu’il y a autant d’approches valables que d’appréciations personnelles en musique. Il faut resté ouvert, et parfois, au travers du talent d’un interprète, on peut être bien surpris…ou déçu! Pour comparer les interprétations suggérées, l’Allegro de la sonate k.332 fut choisie. Bonne écoute!





71jhdmPLqHL._AC_SL1191_

Claudio Arrau (1903-1991), né au Chili, véritable maître du 20e siècle, propose un Mozart bien paisible à mille lieux des emportements frénétiques de certains pianistes modernes. Une articulation bien détachée, un toucher feutré et voluptueux offrent aux sonates des climats méditatifs. La poésie s’installe lentement au sein de cette force tranquille. Cette façon de chanter le piano est souligné d’un legato dont lui seul a le secret. Même les premières sonates, composées au début de la vingtaine de Mozart, prennent l’aspect de grandes oeuvres dont on n’aurait jamais soupçonné la profondeur. Magnifique et unique. Phillips/Decca. 1973-1988. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro de la Sonate k.283

Andante k.283

Presto k.283

Allegro k.332 





51Xh6+ucN4L._AC_

Marta Deyanova (1947) est une pianiste bulgare qui s’est fait connaître grâce au label britannique Nimbus. Musicienne exceptionnelle, elle a jadis connue son heure de gloire. Presque complètement disparue de la scène musicale, elle a pourtant laissé d’importants jalons dans l’interprétation du répertoire classique (Schubert, Chopin, Rachmaninov, Scriabine). Volubile, d’un toucher très délicat, sa prestation est d’une légèreté inouïe. Virtuose, d’une fluidité étonnante, son interprétation est un délice de tous les instants. Dommage que la prise de son soit si éloignée de l’artiste. Cette réverbération sert parfois à créer des climats rêveurs dans les adagios, mais brouille malheureusement le discours des allegros. On apprivoise ou pas du tout. Nimbus. 1989-90. Appréciation: Bien***

Adagio de la Sonate k.282

Menuetto k.282

Allegro k.282

Sonate k.332 Allegro





91ohy+W+RRL._AC_SL1500_

Mitsuko Uchida (1948) nous offre une interprétation très personnelle des sonates de Mozart. D’une dextérité extrêmement fine, elle calligraphie les phrases le plus délicatement possible, cherchant toujours à atteindre la perfection formelle. Sa main droite est fleurie, perlée de mille nuances, parfois étourdissante de vélocité. Mais pourquoi l’émotion semble si distanciée? Pourquoi on esquisse à peine un sourire là où pourtant tout devrait être jubilatoire? De cette épure de tous les instants, le piano semble désincarné. À force d’analyser, on finit par saisir le pourquoi: les reliefs rythmiques ne sont pas ici, Uchida supprimant presque tout ce qui s’apparente à la danse. Et pourtant, on continue à l’écouter tellement c’est beau, fasciné par son jeu inimitable de confidences secrètes. Ses adagios, austères et dépouillés, sont des nocturnes immobiles au milieu du silence. Une version hypnotique, d’une plasticité remarquable. Prise de son impeccable. Phillips/Decca. 1983-87. Appréciation: Superbe*****

Allegro assai de la Sonate k.280

Adagio k.280

Presto k.280

Allegro k.332





71lIBnIKVwL._SL1500_Alicia de Larrocha (1923-2009). La pianiste espagnole a eu une longue carrière, s’attardant à faire connaître la musique d’Albéniz, Granados, et Falla entre autres. Femme de petite taille, elle a développé une technique exceptionnelle, malgré ses petites mains. Elle s’est tout de même distinguée à interpréter le répertoire dit « classique ». Son Mozart est impeccable, d’un beau style, rassurant, sans extravagance, toujours juste. À vrai dire…il n’y a rien à dire! Tout est là. La candeur et l’esprit mozartien n’ont jamais été aussi évidents. Le grand mystère du talent créateur de Mozart est passé au travers de ces petites mains magiques. Des tempos modérés, un sens de la mélodie aérienne, et voilà qu’on aime tout simplement Mozart. Simple et beau. Prise de son soyeuse. Sony/RCA. 1989-91. Appréciation: Sommet du Parnasse****** 

Allegro de la Sonate k.281

Andante amoroso k.281

Rondeau k.281

Allegro k.332





8103lE3bueL._AC_SL1500_Christian Zacharias (1950), pianiste et chef d’orchestre allemand, a vu grand en interprétant les sonates de Mozart. Spectaculaire, sa vision est celle d’un chef attentif à toute la palette des couleurs du piano. Grâce a un sens profond de la respiration, ces oeuvres ont gagné en amplitude étonnante. En l’écoutant, on a l’envie irrésistible de battre la mesure de la main! Maîtrisant à la fois la polyphonie des voix, les nuances dynamiques et sonores, il fait aussi preuve d’inventivité en improvisant des ornements qui agrémentent le discours. Son jeu plein de panache du fameux Alla Turca vaut le détour. Zacharias a réussi l’exploit de nous offrir, dans Mozart, du très grand piano sans être lourd.  Prise de son large et claire. Warner Classics/EMI. 1985-87. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro k.284  »Durnitz »

Rondeau en polonaise k.284

Alla Turca k.331

Allegro k.332





713BzmDSpZL._AC_SL1411_Maria Joao Pires (1944) célèbre pianiste portugaise, est reconnue depuis longtemps comme une mozartienne par excellence. Après ses débuts sur Denon en 1974, elle est revenue dans Mozart pour la Deutshe Grammophone à la fin des années 80. Cette version est vue par plusieurs comme la référence. On aime son toucher franc et éclatant, l’usage d’un rubato bien serré qui permet de dynamiser la musique de Mozart. La vitalité et la verve de ses intentions ne sont jamais misent en cause. C’est brillant d’un bout à l’autre, Pires mordant à pleine dents dans la partition. Des tempos plutôt modérés servent de catalyseur à cette impression d’un piano fort contrasté, qui découpe le discours en plusieurs parcelles. Ce qui lui enlève malheureusement une certaine fluidité, voire une élégance qu’on aurait aimé entendre. Pires et Mozart, un grand classique, qui déçoit un peu. Prise de son très claire, un brin métallique et manquant de basses. DG. 1989-90. Appréciation: Très Bien****

Allegro con spirito de la Sonate k.309

Andante poco adagio k.309

Allegretto grazioso k.309

Allegro k.332





81bZfkSlTKL._AC_SL1500_

Lilli Kraus (1903-86), d’origine hongroise, a côtoyé les plus grands de son époque: Kodaly, Bartok, et le grand Arthur Schnabel, véritable légende du piano. On imagine tout le bagage culturel qu’elle a assimilé, en plus d’une vie rocambolesque parsemée d’évènements digne d’un scénario d’Hollywood. Son album Mozart, enregistré dans les années 60, est demeuré l’un des plus apprécié des connaisseurs. J’avoue ici que je ne l’avais jamais écouté, et la surprise fut grande! Il y a tant d’inventivité dans son jeu, plein d’espiègleries, grouillant de vie, de cocasseries qui nous font sourire. Et puis je me suis à penser aux fantaisies de CPE Bach, dont Mozart admirait la musique. Les ruptures de ton, les silences abruptes, l’aspect du clavicorde dont Bach affectionnait tant, il y a un peu de tout ça dans le jeu de Lilli, qu’on appelle maintenant par son prénom. On l’adore. Prise de son près de l’instrument, aigües saturées. Sony/Columbia. 1967-68. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro con spirito de la Sonate k.311

Andante con espressione k.311

Rondo Allegro k.311

Allegro k.332





81hPCnTUiTL._AC_SL1500_Andras Schiff, né à Budapest en 1953, grand spécialiste de Bach, est reconnu comme un pianiste méticuleux, prenant grand soin de livrer la musique dans sa forme originale. Son jeu très structuré est toujours clair, évitant tout effet superflu. Avec le temps, il l’a dépouillé de plus en plus jusqu’à atteindre un état translucide dans son intégrale récente de Beethoven (ECM). Dans cet album Mozart d’il y a une quarantaine d’années, on retrouve une certaine chaleur à son interprétation. Le piano est d’une belle rondeur, légèrement voilé, les basses sont discrètes et ne viennent jamais perturber les lignes mélodiques. Un léger rubato vient assouplir une rythmique un brin encadrée. La narration poursuit son cours, toujours pertinente, simple d’apparat et pourtant si juste. Une version minimaliste qu’on écoute sans peine. Prise de son voilée, un peu distante. London/Decca. 1980. Appréciation: Très Bien****

Allegro maestoso de la Sonate k.310

Andante cantabile k.310

Presto k.310

Allegro k.332





61COerHfMXL._AC_SL1224_Glenn Gould (1932-1982), pianiste canadien le plus célèbre au monde, est lui-même la définition de l’Iconoclaste: Personne qui cherche à détruire tout ce qui représente le passé, la tradition. Et dans Mozart il y réussi très bien! Je me souviens la première fois que je l’ai entendu dans l’Alla Turca, j’avais pouffé de rire! Le ridicule ne tue pas. Il amuse un certain temps. Pendant que certains crient au génie, d’autres sont choqués ou grincent des dents. Ce cerveau en roue libre a repoussé les limites du bon goût, s’obstine aux staccatos les plus grotesques et inutiles. Gould fait du Gould et non du Mozart, hachant du couteau ses plus belles lignes mélodiques. On salue pourtant son époustouflante virtuosité et sa concentration de dingue. Un album pour masochiste. Prise de son sèche, près de l’instrument et des marmonnements de son pianiste! Sony/CBS. 1968-1975. Appréciation: Moyen**

Allegro de la Sonate k.332

Adagio k.332

Allegro assai k.332

Alla Turca/Allegretto k.331





511bPXZIJKL._AC_Michael Endres (1961) Le pianiste allemand a beaucoup enregistré pour le label Oehms Classics. C’est un artiste complet qui a interprété autant le répertoire classique et romantique que des incursions plus modernes comme Ravel, Gershwin, Fauré, Bax, Tubin (!)… À l’écoute de Mozart, on lui découvre un superbe toucher, lumineux et d’une grâce raffinée. Ce piano est d’une beauté incomparable qui s’émaille dans l’air comme d’infimes parcelles de lumière. La lecture toute en fluidité, les nuances subtiles, les tempos bien dosés apportent à l’ensemble une belle fraîcheur. Les moments mémorables de poésie sont omniprésents sur les dix-huit sonates. La joie et la mélancolie de Mozart sont transmises en toute liberté. La musique nous atteint, nous effleure comme une brise. Les passages plus dramatiques ne sont pas en reste non plus, le pianiste faisant preuve d’une audace retenue, mais très émotive. Cette intégrale est la plus intelligente, musicalement la plus satisfaisante. Une belle découverte. Prise de son exceptionnelle. Oehms Classics. 1998. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro de la Sonate k.333

Andante cantabile k.333

Allegretto grazioso k.333

Allegro k.332





81KyG8CIDGL._AC_SL1500_Fazil Say(!) Né en Turquie en 1970, pianiste atypique, est de ceux qui osent prendre des risques en musique. Ses interprétations peuvent surprendre ou rebuter le mélomane qui n’en demande pas autant. Controversé autant sur la scène qu’à l’extérieur, il dit et fait ce qu’il veut, chantonne quand bon lui semble! Say est un phénomène, et son Mozart est bien entendu très particulier. Jouant sur un piano très éclatant, sa sonorité est assez singulière, et semble curieusement artificielle dans les aigües. Le pianiste fait preuve d’une constante créativité, son jeu étant aussi déstabilisant que génial (impressionnante k.457!). Les mouvements rapides sont palpitants et injectés d’un humour grinçant, tandis que les adagios semblent improvisés, flottants au gré de sa fantaisie, ou de sa désinvolture! Une intégrale très spéciale. Warner Classics. 2016. Appréciation: Superbe*****

Molto allegro de la Sonate k.457

Adagio k.457

Allegro k.457

Allegro k.332





71aa53YwChL._AC_SL1200_Christophe Eschenbach (1940), pianiste et chef d’orchestre allemand, a enregistré les sonates entre 1967-70. Après avoir écouté plusieurs versions, on arrive finalement à celle-ci. On doit alors s’ajuster, s’assoir et prendre le temps d’apprécier. Ce piano traité à nu, d’un contact direct, est d’une telle simplicité d’intention qu’on se demande si l’on est en présence d’un grand pianiste. Le musicien semble s’effacer devant la partition, nuançant délicatement les pages, retenant les tempos, sans forcer quoi que ce soit. Son jeu est celui d’un être sensible qui se dévoile sans pudeur. Puis l’émotion arrive dont on sait d’où, s’installe doucement et fait son oeuvre. C’est si beau, touchant. Eschenbach a tout compris. Le langage de Mozart est celui du dialogue constant entre Joie et Tristesse et des silences.  »Le silence entre les notes est aussi important que les notes elles-mêmes » disait Mozart. Une référence absolue. DG. 1971. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro k.533

Andante k.533

Rondo allegretto k.494

Allegro k.332





41jdFkiiZbL._AC_Jeno Jando (1952-2023), pianiste hongrois, a enregistré un catalogue imposant. De Bach à Bartok, cet infatigable musicien fut du début de l’aventure discographique de Naxos. Le label indépendant offre, depuis sa fondation, des disques bon marché, et Jando a toujours été perçu comme une valeur sûre. Son Mozart est tout à fait honorable, sans aucune prétention et toujours beau à entendre. Le style, l’élégance, la clarté du discours, sont les gages de son interprétation modeste, quoique toujours pertinente. Naxos. 1990-91. Existe seulement en disques séparés. Belle prise de son. Appréciation: Très Bien****

Allegro de la Sonate k.570

Adagio k.570

Allegretto k.570

Allegro k.332





BC96041Klara Würtz (1965) est également une pianiste hongroise. Élève de Zoltan Kocsis, elle est, pour Brilliant Classics, ce qu’était Jeno Jando pour Naxos. Le label néerlandais est également une maison de disques abordables pour la musique classique. Tout comme son compatriote de Budapest, elle a beaucoup enregistré. Son Mozart possède beaucoup de caractère, d’un solide toucher, qui à défaut d’être tout à fait gracieux, est d’une pulsation enlevante. Elle accorde aux reprises quelques décorations de son cru, ce qui l’avantage sur Jeno Jando, plutôt modeste en ce sens. Würtz est en équilibre constant entre virtuosité et expression. Ni emphatique, ni austère, cette version du juste milieu est tout de même plaisante. Prise de son un peu distante, mais d’une agréable douceur. Coffret très abordable. Brilliant Classics.1998. Appréciation: Bien***

Allegro de la Sonate k.279

Andante k.279

Allegro k.279

Allegro k.332





71qAHxnlNjL._AC_SL1500_Daniel Barenboim (1942) est argentin d’origine, mais possède également la nationalité d’Israël, d’Espagne et même de la Palestine. Ce grand ambassadeur mondialement connu pour son humanisme a parcouru la planète et s’est investi dans une multitude de projets. Chef d’orchestre, pianiste, il a accompli de grandes choses en musique. Mais aussi de moins bonnes. Une évidence: son Mozart est brillant, croustillant dans les allegros, très sonore, d’un implacable toucher. Barenboim fait très ancienne école par du piano de grande envergure. Mais est-ce que Mozart lui convient vraiment? Aux antipodes des pianistes plus nuancés et délicats, il paraît ici en faire des tonnes, les mélodies des adagios plus martelées que chantées. La prise de son n’aide en rien l’artiste, le piano manquant cruellement de rondeurs. Barenboim n’est définitivement pas un mozartien. Warner/EMI. 1984-91. Appréciation: Bien***

Allegro moderato de la Sonate k.330

Andante cantabile k.330

Allegretto k.330

Allegro k.332





71FDqpPI0-L._AC_SL1200_

Elisabeth Leonskaja (1945), née en Georgie, s’installa plus tard en Autriche. Son mentor fut Sviatoslav Richter, grande légende de l’école russe du piano. Âgée de 78 ans, elle a récemment enregistré les sonates de Mozart. Elle est une figure incontournable du piano, née d’une riche tradition. Un seul mot me vient à l’esprit en l’écoutant: Respect! Sous ce doigté franc et volontaire, rien ne se bouscule. Elle prend le temps de lire les phrases puis les relancent avec générosité. Sa prestation est chaleureuse, d’un lyrisme magnifique. Malgré l’aspect un peu massif de son jeu, qui ne renouvelle rien, la sonorité est complète, englobant toutes les couleurs d’un piano qui nous berce avec lui. Cette intégrale respire le chant. Un grand album qui fait un bien énorme. Superbe prise de son, parfaitement équilibrée. Warner Classics. 2021. Appréciation: Superbe*****

Tema con variazione k.331

Menuetto/Trio k.331

Alla Turca/Allegretto k.331

Allegro k.332





51ZxeZcqwWL._AC_Daniel-Ben Pienaar (1980?) né en Afrique du Sud, a poursuivi ses études au Royal Academy of Music à Londres. Il est un pianiste éclectique, ouvert à toutes sortes de genres. De la musique de la Renaissance anglaise, (Gibbons, Byrd) en passant par le baroque français, JS Bach, Haydn, Beethoven, et quoi d’autres? Ses possibilités semblent infinies, tellement ce surdoué du piano peut tout faire. Son Mozart est surprenant, d’une énergie inépuisable. Ça bouge vraiment beaucoup! Chaque mesure est décortiquée, phrasée de la manière la plus libre qui soit, qui réinvente chaque instants. Et ça va vite! Les allegros sont capturés en plein vol, aussitôt relâchés dans l’air. Ça virevolte à qui mieux mieux. Fantaisiste, d’un irrésistible entrain, ce Mozart est revigoré, transcendé par une technique impressionnante. Les mouvements lents sont d’un bel élan, jamais ennuyants, Pienaar leur ayant préservé toute la musicalité souhaitée. L’intégrale la plus jubilatoire. Prise de son manquant de transparence, un peu distante. Avie Records. 2010. Appréciation: Superbe*****

Allegro k.576

Adagio k.576

Allegretto k.576

Allegro k.332





71HTe2syRbL._SL1024_Martino Tirimo (1942), est né à Lanarca en Chypre. Il a beaucoup enregistré sous différents labels. Il est surtout connu pour avoir produit des éditions complètes de toutes les oeuvres des compositeurs: Schubert, Beethoven, Janacek, Debussy et bien sûr Mozart. Enregistré en 2005 à Leipzig sous l’étiquette Regis, ce coffret est d’une grande qualité technique et artistique, véritable trésor caché que l’on doit découvrir. Tirimo est un pianiste modéré et traditionnel, qui à défaut de renouveler le langage musical, excelle à en respecter les codes avec un bonheur constant. Son piano est une merveille s’épanouissant dans une subtile réverbération. Regis. 2005. Appréciation: Superbe***** (édition complète en fichiers sur Heritage) 

Allegro de la Sonate  »facile » k.545

Andante k.545

Rondo k.545

Allegro k.332





Volet Pianoforte: Quelques incontournables des pianos historiques.

Depuis le renouveau baroque des années 70, certains pianistes sont devenus de véritables experts dans l’interprétation  »historiquement bien informée ». Le pianoforte était l’instrument sur lequel Mozart a composé ses sonates. À l’époque, c’était un petit instrument en cours de développement. Il est l’ancêtre des pianos modernes.

L’invention du mécanisme à échappement des marteaux permettait à ceux-ci de se libérer instantanément après chaque touche, ce qui permettait aux musiciens de plus grandes possibilités au niveau de la vélocité et des nuances. Malgré leur faible niveau sonore et leur lyrisme cassant, ils possèdent une belle variété de résonnances et peuvent être très expressifs. Ils sont également dotés de pédales qui allongent le son ou en atténue la brillance. Ils donnent vie à la musique de Mozart par leur rapidité de toucher et ses crépitements irrésistibles. Néanmoins, les pianofortistes doivent faire preuve d’ingéniosité et d’user de toutes les techniques de jeux possibles pour les rendre musicalement intéressants.





ab67616d0000b2738f6b155678929f49b178ff7b

Paul Badura-Skoda (1927-2019)

Johann Schantz, Vienne 1790.

Astrée.1990.

Allegro maestoso k.310





HCD31009-14

Malcom Bilson (1932)

T&B Wolf, Washington, 1979 (d’après Dulcken Munich, ca 1790)

Hungaroton.1991.

Allegro k.576





51uxchX0XcL._UF1000,1000_QL80_

Anthony Newman (1941)

Pianoforte Clementi, 1805.

Newport Classics.1990.

Andante con espressione k.311





71DjBX1t-wL._SL1200

Robert D. Levin (1947)

Anton Walter, 1782, ayant appartenu à Mozart.

ECM. 2022.

Allegro moderato k.330





1.73.0-23O-X56X26TYN3UTUSF3H7PCPO6BOA.0.2-6

Ronald Brautigam (1954)

Paul McNulty, 1992, d’après Anton Walter, ca.1795

BIS Records. 1996.

Alla Turca k.331






eyJidWNrZXQiOiJwcmVzdG8tY292ZXItaW1hZ2VzIiwia2V5IjoiODAwNzI2Mi4xLmpwZyIsImVkaXRzIjp7InJlc2l6ZSI6eyJ3aWR0aCI6OTAwfSwid2VicCI6eyJxdWFsaXR5Ijo2NX0sInRvRm9ybWF0Ijoid2VicCJ9LCJ0aW1lc3RhbXAiOjE0NDM2ODk2MzV9

Andreas Staier (1955)

Monika May 1986, d’après Anton Walter, Vienne 1785.

Harmonia Mundi. 2003 et 2005.

Allegro k.332





ab67616d00001e028b3d07528d0cb2af8ad8e933

Bart van Oort (1959)

Pianoforte Tuinman, 2002, d’après Walter, 1785.

Brilliant Classics. 2010.

Allegro k.283





81ikGeTpGhL._AC_SL1500_

Kristian Bezuidenhout (1979)

D. Adlam d’après G.A. Walter selon celui que Mozart possédait à Vienne.

Harmonia Mundi. 2009-2016.

Allegro k.570





881dd31a183f742024bfaf2da660d5d0dc8670b74e82837848b44f3ed4739b74Vous êtes invités à partager vos commentaires. Quelles sont vos versions préférées? Au plaisir! René François Auclair. Mélomane et discophile. 

Février 2024. Tous droits réservés.





In Memoriam. Jocelyn Morlock (1969-2023).

Posted in Morlock, J. on 10 janvier 2024 by René François Auclair

71VBOOvmrAL._AC_SL1418_

Windsor Symphony Orchestra. Centre National des Arts,

Ottawa. CBC Radio Orchestra. Vancouver Symphony Orchestra.

Pacific Baroque Orchestra. Enregistré entre 2003 et 2010.

Centredisques. 2014. CMCCD 20014. 65.20s.

Appréciation: Superbe*****

Music of the Romantic Era

Cobalt

Solace                                                                                          La compositrice canadienne est décédée en mars 2023 à Vancouver. Les causes de sa mort n’ont pas été divulguées. À l’âge de 53 ans, Jocelyn Morlock a quitté brusquement la communauté de la musique. À travers tout le Canada, les réactions furent vives. On a parlé d’une personnalité souriante et empathique, d’un humour vif et contagieux.

Son oeuvre, très éclectique, embrasse à peu près tous les genres. Ses explorations des sons et des alliages musicaux ont inspiré des compositions lumineuses et aérées, mais également des tableaux très noirs, d’une grande profondeur solennelle. C’est à la sortie du disque Cobalt, paru en 2014, que j’avais découvert une partie de son art. Difficilement définissable, son style est né de diverses influences, mais reste facile d’approche. Par des formes claires, traitées par un riche tissage harmonique et parfois appuyées d’un ostinato rythmique, je crois que la musique de Morlock semble tributaire de Britten ou Ives. Mais en lisant le livret on réalise sa grande connaissance des courants musicaux à travers les époques. Et comme au travers d’un prisme, elle a transformé leurs musiques en de nouvelles couleurs.

Cobalt est à mon sens, son disque le plus représentatif. Les sept pièces proposées ont tous leurs propres personnalités. Enregistrées par différents ensembles canadiens, les pièces se révèlent comme dans un kaléidoscope. Music of the Romantic Era est un hommage aux Grands Succès du classique. Par un brillant sens de l’humour, Morlock insère dans la partition des éléments archi-connus du répertoire. On y reconnait au passage Tchaïkovsky, Vivaldi, Mozart, Beethoven… La pièce s’éteint tout doucement dans la nostalgie  »par des échos d’une musique évoquant le passé ».

Cobalt écrite pour deux violons et orchestre est d’une grande originalité sonore, associant les couleurs de l’ensemble à une trame musicale empreinte de fragilité. La pièce, contemplative et fascinante, nous fait percevoir une mince frontière entre la beauté et la mort, le cobalt étant une couleur magnifique autant qu’un élément toxique.

Pendant que Disquiet cite Chostakovitch par une musique de chambre tragique, Asylum rend hommage à Schumann par une lente incursion d’états psychologiques anxiogènes. Oiseaux bleus et sauvages pour grand orchestre rejoint d’une certaine façon Olivier Messiaen. Les sonorités sont vives par une lecture très appropriées des instruments à vent. Il y a une belle énergie qui se dégage de cette oeuvre, soutenue par une rythmique particulière.

Golden est vraiment spéciale. Débutant par des percussions aléatoires et d’énigmatiques chuchotements des musiciens, la pièce s’installe doucement par les cordes du Pacific Baroque Orchestra, réminiscences d’un climat médiéval. Le hautbois apparaît alors dans toute sa splendeur, luisant comme au soleil.  »Cette oeuvre explore l’idée de transformation » selon Morlock. L’idée vient de l’observation de pyrite de fer dans un lac au Manitoba. »Les nageurs qui en ressortent sont étincelants comme si la peau était couverte de poussières de soleil ».

Solace est ma pièce préférée de l’album. Inspirée par Josquin des Prés, cette oeuvre sublime touche à quelque chose de sacré et d’indéfinissable. Pendant que le violon et le violoncelle se répondent l’un à l’autre, (on imagine un oiseau et un humain dialoguant) les cordes en sourdine supportent des harmonies d’une beauté fascinante. L’oeuvre se termine et le silence reprend sa place. Mais on demeure longtemps hanté après l’écoute. RIP Jocelyn Morlock.

RSN_headshot1_13272_morlock_img