Archive for the Bach J.S. Category

Bach, J.S. (1685-1750) Passion selon St-Matthieu. Pygmalion. Raphaël Pichon.

Posted in Bach J.S. on 4 avril 2023 by René François Auclair

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Julian Prégardien, l’Évangéliste.

Stéphane Degout, Jésus.

Sabine Devieilhe, soprano. Lucile Richardot, alto.

Enregistré à la salle Pierre Boulez, Philharmonie de Paris en 2021.

Prise de son: Hugues Deschaux.

Harmonia Mundi. 2022. 902691.93. 2h.40m.

Appréciation: Superbe*****

Aria Ach nun ist mein Jesus (Lucile Richardot)

Choral Bin ich gleich (a cappela)

Aria Mache dich meine Herze (Stéphane Degout)

Recitatif Mein Jesu Gute Nacht

Wir setzen uns mit tranen nieder

Sorti l’an dernier, cet enregistrement de la grande Passion de Bach n’est pas passé inaperçu. Le soin apporté à cette production par l’équipe d’Harmonia Mundi et de Raphaël Pichon est digne d’attention. Ce monument sacré de la musique baroque ne mérite jamais moins que la plus grande préparation. Raphaël Pichon a attendu une dizaine d’années avant d’exécuter cette grande oeuvre avec l’ensemble qu’il a fondé, Pygmalion.

L’interprétation que l’on remarque, tant au niveau instrumentale que vocale, est d’une grande qualité. Le double choeur mixte résonne pleinement dans l’espace, sans lourdeur. On note, en général, une direction légère et des tempos juste assez rapides qui ne dérangent pas trop. Une chose est sûre, on est très loin des anciennes gravures romantiques des années soixante où tout était englué et empesé dans des débits d’une extrême lenteur. (Otto Klemperer EMI)

Raphaël Pichon propose plutôt une approche moderne, dans le sens qu’elle souligne plus la théâtralité que le sacré de l’oeuvre. Mais il le fait d’une façon discrète, sans trop de dramaturgie. La narration se fait toujours dans le plus bel écrin possible, au détriment parfois de l’affect émotionnel. C’est ce qu’ont remarqué certaines critiques, au sujet du manque d’émotion générale. Pour ma part, cet état de fait demeure toujours très subjectif à chacun.

L’équipe vocale est superbe, en partant de Julian Prégardien, convaincant et techniquement impeccable. Son rôle de l’évangéliste lui va parfaitement. Stéphane Degout, en un Jésus très sonore, est un peu différent de ce que l’on a entendu auparavant. Mais on s’y fait au fur et à mesure de ses apparitions. Mais la révélation, pour ma part, est l’alto Lucile Richardot avec sa voix androgyne à mi-chemin entre le contre-ténor et la mezzo soprano. Sensible et lumineuse, elle apporte quelque chose de nouveau à chacune de ses interventions.

La direction des choeurs n’est jamais statique. Les voix sont phrasées avec mouvement et grâce. Et parfois le chef les fait chanter a cappela dans certains chorals, produisant un bel effet très recueilli.

Cette Passion, à défaut de toucher par une métaphysique à la Leonhardt, ou prenante comme celle d’Harnoncourt, est tout de même digne par ce qu’elle apporte de nouveau à l’auditeur d’aujourd’hui. Soignée et parfaite dans son exécution, la très belle Passion de Pichon prendra sa place au côté des plus grandes.

Bach, J.S. (1685-1750) Les Suites Françaises. Ewa Mrowca, clavecin.

Posted in Bach J.S. on 15 février 2023 by René François Auclair

5902547017594Les 6 Suites Françaises bwv 812-817.

Ewa Mrowca, clavecin Bruce Kennedy d’après Ruckers, 2020.

Enregistré au Château Lidzbark Warminski, Pologne en 2021.

Ingénieur: Marcin Domzal.

Dux. 2022. Dux.1759-60. 2cds. 1h.48m.

Superbe*****

Suite no.1 en ré mineur

Suite no.5 en sol majeur

La claveciniste polonaise livre une solide interprétation de ces suites de Bach. La lecture qu’elle en fait est placide et sans extravagance. Le débit est régulier, calme et pondéré comme le pratiquait le regretté claveciniste canadien Kenneth Gilbert (1931-2020), et dont Mme Mrowca semble avoir pris comme modèle, puisqu’elle l’a eu comme maître.

Le clavecin, qui a servi à l’enregistrement, est construit à partir d’un modèle flamand du facteur Joannes Ruckers (1578-1642). Il possède deux claviers et un jeu de luth, que malheureusement nous n’entendrons pas ici. Ewa Mrowca utilise souvent le plein registre du clavecin, ce qui nous prive un peu des différentes textures que l’on aurait aimé appréciées. La prise de son est vaste et profite de la réverbération des lieux, à la limite du bon goût et de la lisibilité de la musique. Par contre, cela donne à l’instrument une impression de grandeur impériale.

La musique de Bach suit son cours à travers les siècles, et les Suites Françaises demeurent encore aujourd’hui très appréciées, comme ce fut le cas au 18e siècle. Oeuvres simples et belles, didactiques ou pour le plaisir, ces Suites pour le Clavessin continuent d’opérer leur charme sur nos esprits. 

OIP

 

Bach, J.S. (1685-1750) Variations Goldberg. Jean Rondeau, clavecin.

Posted in Bach J.S. with tags on 27 mars 2022 by René François Auclair

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Clavecin Jonte Knif & Arno Pelto selon un modèle allemand.

Enregistré en 2021.

Erato/Warner. 2022. 190296508035. 104m.13s.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Variation III canone alla unisono

Variation VI canone alla seconda

Variation XXI canone alla settima

Jean Rondeau nous invite à s’installer confortablement, à prendre place à l’intérieur de cette oeuvre magistrale qui défie le temps. Il propose 104 minutes et 13 secondes en dehors du monde, l’une des plus longues de la discographie, façonnée de doux balancements qui s’harmonisent au gré de la progression naturelle des choses. L’état constant de méditation qui se créer au fil de l’écoute est unique.

Le claveciniste recréé les Goldberg en jouant d’audace, en prenant le temps qu’il faut pour déposer chaque phrase de la manière la plus tendre qui soit, soumise à une impériale lenteur. La sonorité de l’instrument est d’une magnificence rare, s’épanouissant vers une réverbération large mais parfaitement contrôlée. Jean Rondeau signe ici l’une des interprétations les plus distinctives et personnelles des Variations Goldberg au clavecin. Admirable.

Bach, J.S. (1685-1750) Les Suites Françaises. Gianluca Luisi, piano.

Posted in Bach J.S. on 8 janvier 2022 by René François Auclair

Bach - French Suites, BWV 812-817

Les Six Suites Françaises. (1722-1725)

Enregistré à Saletta acustica Pove del, 2018

Piano Steinway D-274

OnClassical. 2018. OC18050B. 79m.50s

Appréciation: Superbe*****

Suite no.5 en sol majeur

L’approche du pianiste italien, à la fois vive et subtile, est à l’image de ces suites de Bach  »dans le style français ». Le toucher est délicat, tout en en poésie, décoré de fins ornements, inspirés par le jeu des clavecinistes. Les sarabandes, d’une mélancolie précieuse, recèlent sans doute les plus beaux moments de ce parcourt tranquille et lumineux.

Par ailleurs, Luisi encadre bien tout le reste, utilisant peu de rubato, conférant aux pièces animées une solide pulsation rythmique. Certains passages peuvent paraître ainsi un peu linéaire. Mais ce tracé bien défini peut se voir également par le respect du style alla Bach. Après tout, c’est bien ce génie que l’on entend, toujours solidement structuré à sa base. Parfois, il vaut mieux s’éclipser devant la musique et lui laisser toute la place. Et Gianluca Luisi le réussit fort bien.

Ci-dessous, l’oeuvre complète, sans montage, interprétée de mémoire par le pianiste. Impressionnant.