Ballades no.1-4
Prélude op.45 en Do dièse majeur
Sonate no.2 op.35 en Si bémol mineur
Instruments: Pianos Bösendorfer Impérial et Vienna 280 Concert.
Enregistré à Kurhaus Semmering, Autriche en sept. 2018.
Ingénieur de son: Martin Linde.
Sony Classical. 2023. 19658826202. 70m.
Appréciation: Sommet du Parnasse******
Ballade no.1 op.23
Marche funèbre de la sonate no.2
Ballade no.2 op.38
Florian Krumpöck est un pianiste et chef d’orchestre autrichien né en 1978. Peu connu en Amérique, il a plutôt consacré sa carrière en Europe. Ses professeurs de piano comptent parmi les plus vénérés: Buchbinder, Oppitz, Leonskaja et Barenboim. Ce dernier fut également son mentor dans la direction d’orchestre. Lorsqu’on écoute le Chopin de Krumpöck pour la première fois, on a l’impression évidente d’un artiste qui sait diriger et transformer la matière pianistique en couleurs symphoniques. C’est du grand piano, emphatique, large et profond, mais qui possède également une belle variété de nuances.
Selon lui, le choix d’un grand Bösendorfer va de soi dans l’interprétation de Chopin. Le pianiste joue et cherche constamment un legato qui »connecte chaque notes entre elles…c’est pourquoi j’ai besoin d’un instrument qui résonne le plus longtemps possible. »
Dans le livret, le pianiste aborde aussi l’essentiel rubato qui fait partie inhérente à toute bonne interprétation de Chopin. Le mot vient de l’italien rubare, qui peut se traduire en musique par voler le temps. »Si je vole quelque chose, je dois aussi le remettre » souligne Krümpock.
Avec les ballades, Florian Krumpöck nous invite à visiter différents sentiers, bucoliques ou ravagés littéralement par la tempête. Le périple se change alors en aventure! Il a délié Chopin comme jamais, le rendant libre et parfois transfiguré par une interprétation très personnelle. La célèbre Ballade no.1 apparaît ici fortement contrastée, d’une lenteur d’introduction presque immobile, et puis relâchée à grand torrent détruisant tout sur son passage. C’est le grand vertige de l’album, qui ne laissera personne indifférent!
La Marche Funèbre de la deuxième sonate nous émeut par sa grandeur fatale. La section médiane qui suit, d’un lyrisme paisible, nous fait entrer dans une zone faite de souvenirs heureux, extrêmement allongée dans le temps, comme si le pianiste ne nous voulait plus en sortir. C’est magnifique.
Le jeu polarisant de Krumpöck en déstabilisera plusieurs. Mais la passion qu’il injecte à la musique de Chopin est tout à fait conquérante. Prise de son englobante et entière.