Archive for the Chopin Category

Chopin, Frédéric (1810-1849). Florian Krumpöck.

Posted in Chopin with tags on 27 novembre 2023 by René François Auclair

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Ballades no.1-4

Prélude op.45 en Do dièse majeur

Sonate no.2 op.35 en Si bémol mineur

Instruments: Pianos Bösendorfer Impérial et Vienna 280 Concert.

Enregistré à Kurhaus Semmering, Autriche en sept. 2018.

Ingénieur de son: Martin Linde.

Sony Classical. 2023. 19658826202. 70m.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Ballade no.1 op.23

Marche funèbre de la sonate no.2

Ballade no.2 op.38

Florian Krumpöck est un pianiste et chef d’orchestre autrichien né en 1978. Peu connu en Amérique, il a plutôt consacré sa carrière en Europe. Ses professeurs de piano comptent parmi les plus vénérés: Buchbinder, Oppitz, Leonskaja et Barenboim. Ce dernier fut également son mentor dans la direction d’orchestre. Lorsqu’on écoute le Chopin de Krumpöck pour la première fois, on a l’impression évidente d’un artiste qui sait diriger et transformer la matière pianistique en couleurs symphoniques. C’est du grand piano, emphatique, large et profond, mais qui possède également une belle variété de nuances.

Selon lui, le choix d’un grand Bösendorfer va de soi dans l’interprétation de Chopin. Le pianiste joue et cherche constamment un legato qui  »connecte chaque notes entre elles…c’est pourquoi j’ai besoin d’un instrument qui résonne le plus longtemps possible. »

Dans le livret, le pianiste aborde aussi l’essentiel rubato qui fait partie inhérente à toute bonne interprétation de Chopin. Le mot vient de l’italien rubare, qui peut se traduire en musique par voler le temps.  »Si je vole quelque chose, je dois aussi le remettre » souligne Krümpock.

Avec les ballades, Florian Krumpöck nous invite à visiter différents sentiers, bucoliques ou ravagés littéralement par la tempête. Le périple se change alors en aventure! Il a délié Chopin comme jamais, le rendant libre et parfois transfiguré par une interprétation très personnelle. La célèbre Ballade no.1 apparaît ici fortement contrastée, d’une lenteur d’introduction presque immobile, et puis relâchée à grand torrent détruisant tout sur son passage. C’est le grand vertige de l’album, qui ne laissera personne indifférent!

La Marche Funèbre de la deuxième sonate nous émeut par sa grandeur fatale. La section médiane qui suit, d’un lyrisme paisible, nous fait entrer dans une zone faite de souvenirs heureux, extrêmement allongée dans le temps, comme si le pianiste ne nous voulait plus en sortir. C’est magnifique.

Le jeu polarisant de Krumpöck en déstabilisera plusieurs. Mais la passion qu’il injecte à la musique de Chopin est tout à fait conquérante. Prise de son englobante et entière.

Chopin (1810-1849) Les 12 Études op.25 et 4 Scherzi. Beatrice Rana.

Posted in Chopin with tags on 13 novembre 2021 by René François Auclair

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12 Études op.25 (1835)

4 Scherzos op.20-31-39-et 54 (entre 1831-1842)

Enregistré au Teldex Studio, Berlin en 2020-2021.

Warner/Parlophone. 2021. 01902967764240. 75m.47s.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Etude no.1 en la bémol

Études no.10, 11 et 12

La musicienne italienne fut la grande gagnante en 2011 du Concours International de Montréal à l’âge de 18 ans seulement. Dix ans plus tard et quelques disques à son actif, elle revient en force sous le label Warner Classics qui a racheté tout le catalogue EMI il y quelques années. Pour ce disque Chopin, la maison d’édition a déroulé le tapis rouge pour la pianiste autant dans la présentation exceptionnelle du livret que par la qualité d’enregistrement supervisée par les ingénieurs de la Teldex Studio à Berlin.

L’objet est beau, fait de carton rigide d’un superbe fini glacé (au diable le plastique!) qu’il fait bon de tenir entre les doigts. En plus, pour les maniaques, l’enregistrement est disponible en coffret double vinyle de haute qualité. On comprend pourquoi la Warner a mis le paquet. Beatrice Rana est une pianiste accomplie, qui a réussie à se démarquer parmi l’énorme bassin actuel de pianistes à travers la planète.

« Je perçois dans les Études une démarche unitaire: les morceaux sont liés entre eux par une ligne expressive. C’est comme un voyage » (Beatrice Rana).

Les Études débutent de manière plutôt agréable, raffinées et superbes, à l’image du Chopin que nous connaissons tous. Et puis elles se développent et deviennent de plus en plus difficiles, comme des exercices impossible à jouer, pleines de fureur et de passion désespérée. Tout le piano est mis à rude épreuve, dans un enchevêtrement harmonique et diaboliquement technique, d’où la ligne mélodique est à peine esquissée. Ces pièces ne sont définitivement pas pour tous, elles sont audacieuses, avant-gardistes et parfois terribles à écouter. Elles font tout de même partie de Chopin et démontrent l’imposante étendue de son talent de pianiste et de compositeur.

Beatrice Rana est tout simplement extraordinaire. Elle libère les Études par des vagues déferlantes de puissance à la limite du hors contrôle, par un jeu extrêmement délié et d’une rapidité d’articulation qui frôle la démence. Son jeu est autant sensible que virtuose, mais toujours cohérent et jamais de mauvais goût. La subtilité est omniprésente, même dans les passages les plus dramatiques où elle réussit à recréer des élans dynamiques renversants. Les 4 Scherzi qui complètent admirablement bien la première partie de ce récital, sont dans la même veine musicale. Imprévisibles et vertigineux, Beatrice les a mis sous son pouvoir. Pour elle, à 28 ans, ce disque est une consécration.

Chopin (1810-1849) Préludes op.28. Charles-Richard Hamelin.

Posted in Chopin with tags on 10 avril 2021 by René François Auclair

24 Préludes op.28 (1835-39)

Andante spianato et Grande Polonaise brillante op.22 (1830-36)

Enregistré à Salle Raoul-Jobin, Québec en 2020.

Piano Steinway D de Hambourg.

Analekta. 2021. AN29148. 56m.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Préludes I-III-VI et VII

Prélude XV en réb majeur « Gouttes de pluie »

Prélude XVII en lab majeur

Charles-Richard Hamelin poursuit son périple dans le monde merveilleux de Chopin. Dans son cas, son rendez-vous avec les 24 Préludes op.28 étaient inévitables bien sûr. Ils sont un passage obligé pour tous pianistes qui abordent Chopin. Il y a tant de comparaisons dans l’histoire de la discographie. Tous les grands noms y sont passés. Et cette nouvelle gravure de l’oeuvre vient se glisser sans peine au milieu de joyaux déjà brillants.

Dès le premier prélude, on reconnaît la patte de velours du pianiste canadien. La séduction est immédiate. Le son est splendide, d’une plénitude somptueuse. L’élan est spontané, contrôlé avec grâce et générosité. Les phrasés chaleureux, irradiant d’émotion. Toute cette musicalité s’installe spontanément au niveau du coeur. S’il y a de belles choses que nous proposent la vie, en voilà une. Vivre la musique, l’accueillir en soi et la laisser nous faire rêver.

Les Préludes sont des instants de vie en mode majeur et mineur, reflétant nos propres états d’âme. Charles-Richard Hamelin en est le guide spirituel. Il termine ce voyage par la Grande Polonaise op.22, véritable triomphe de l’esprit sur la matière. Un grand disque.

Chopin (1810-1849) Ballades et Impromptus. Charles Richard-Hamelin.

Posted in Chopin with tags on 22 septembre 2019 by René François Auclair

Les quatre Ballades.

Les quatre Impromptus.

Enregistré au Palais Montcalm, Québec, en 2018.

Analekta. 2019. AN 2 9145. 59m.43s.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Ballade no.1 en sol mineur op.23

Impromptu no.3 en sol bémol majeur op.51

Il suffit de quelques mesures de la première Ballade, et puis…c’est l’envoûtement total. Charles Richard-Hamelin propose un piano contemplatif, rêveur et posé, classique de style, mais également d’une puissance étonnante. La sonorité de l’instrument est profonde, d’une plénitude rare. Au beau milieu des tempêtes de Chopin, le pianiste ne lâche jamais les voiles, toujours en parfait contrôle. Les plans sonores sont parfaitement maîtrisés. Et quand le calme revient, on discerne sur l’eau les reflets prémonitoires de Debussy.

Sûr de lui, le musicien n’a plus rien à prouver à qui que ce soit. Seul maître à bord, la liberté de son jeu semble toujours s’appuyer sur une infaillible structure. C’est du grand Chopin, tendre et renversant. Peut-on ajouter autre chose? Je ne crois pas. La musique a toujours le dernier mot. Une réussite indispensable.