Archive for the Strauss R. Category

Strauss, R. (1864-1949) Les Quatre derniers Lieder. Jessye Norman. Kurt Masur.

Posted in Strauss R. with tags on 21 octobre 2018 by René François Auclair

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Orchesterlieder

Enregistré à Gerhardt Kirche, Leipzig en août 1982.

Orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Kurt Masur, direction.

Philips/Decca. 1983. 475 8507. 46m.05s.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Im Abendrot 

L’album est paru il y a 35 ans. Il est demeuré l’un des plus grands de l’histoire du disque. Jessye Norman est au sommet de son art. Elle a alors 37 ans. Elle est noire et américaine. Elle chante en allemand. Mais lorsqu’elle reprend les quatre derniers lieder, tout s’estompe, les frontières entre les humains s’évanouissent. C’est l’amour de la musique qui triomphe.

Im Abendrot est comme un crépuscule des dieux qui s’éteint doucement. Il nous transporte avec lui vers l’infini. Lorsque les alouettes se dessinent aux flûtes dans les dernières mesures, c’est le moment ultime de béatitude qui nous berce. Un instant de perfection. Kurt Masur a offert à ce poème une respiration symphonique d’une ampleur inégalée, d’une longueur ineffable. C’est la mort, transfigurée par la beauté. Indispensable.

 

Im Abendrot (Dans le rouge du couchant) de Joseph von Eichendorff (1788-1857)

A travers les peines et les joies,
nous avons marché, la main dans la main.
Maintenant nous nous reposons tous deux
dans le pays silencieux.

Autour de nous les vallées s’inclinent,
déjà le ciel s’assombrit.
Seules, deux alouettes s’élèvent,
rêvant dans l’air parfumé.

Viens-là et laisse les tournoyer.
Bientôt il sera l’heure de dormir.
Viens, que nous ne nous perdions pas
dans cette solitude.

Ô calme incommensurable du soir,
si profond dans le rouge du couchant !
Comme nous sommes las de marcher !
Est-ce peut-être ceci la mort ?

 

Strauss, Richard (1864-1949) Une Symphonie Alpestre. Göteborgs Symfoniker. Nagano.

Posted in Strauss R. on 30 septembre 2016 by René François Auclair

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Enregistré à Gothenburg Concert Hall en nov.2014

Kent Nagano, direction. Farao. 2016. b108091. 51m.03s.

Appréciation: Superbe*****

 

Coucher de soleil, crépuscule et nuit.

Difficile de déloger au sommet l’un des plus grands chefs…Georg Solti et l’Orchestre de la Radio Bavaroise en 1979 (Decca). Solti avait déployer et insuffler à l’oeuvre de Strauss des forces colossales, renversantes. La vigueur et l’énergie qui s’entend dans la description de ce voyage à travers les Alpes de la Haute-Bavière en fait une référence absolue au disque.

Chez Nagano, les choses sont quelque peu différentes. Bien entendu, l’orchestre suédois a été largement augmenté pour l’occasion. Près de 120 musiciens sur scène. Il y manque cependant l’orgue et la machine à vent aux percussions. La vingtaine de cors français impressionnent, comme toute la section des cuivres (dont quelques-uns forment une fanfare en retrait). Nagano, dont la collaboration avec le Gothenburg remonte à 1993, a sous sa main une masse sonore de grande envergure.

La grande qualité du maestro est d’exploiter les demi-teintes du poème symphonique, et ce malgré l’immense puissance sonore de l’orchestre. En cela, il faut saluer les preneurs de son, qui ont réussi à restituer beaucoup de relief à l’ensemble. Nagano dose et équilibre toutes ces forces, en prenant bien soin des timbres. Il évite ainsi tout effet criard ou cinglant. Mais, la grande force de cette version est dans l’évocation poétique, qui à défaut d’être spectaculaire, nous amène vers une contemplation émotive de la nature. Chose plutôt nouvelle chez Nagano, on s’entend.

Est-ce dû à une certaine évolution de sa compréhension de la musique ou tout simplement une profonde affinité avec Strauss? La beauté du chant, dont il prend bien son temps de souligner avec affection, nous émeut au plus haut point. Le Crépuscule est si magnifique, que l’on souhaiterait que cela ne s’arrête jamais. Cette Alpensinfonie, devient alors selon Strauss lui-même, « une tragédie de l’artiste« . Une grande Odyssée qui symbolise nos vies et notre bref passage en ce monde.