Archive for the Schubert Category

Schubert, Franz (1797-1828). Schubert revisited. Matthias Goerne. Deutsche Kammerphilharmonie Bremen.

Posted in Schubert with tags on 28 janvier 2023 by René François Auclair

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Lieders arrangés pour voix et orchestre par Alexander Schmalcz.

Matthias Goerne, baryton.

Deutsche Kammerphilharmonie Bremen.

Enregistré à Kammer-Philharmonie en 2019.

René Möller, ingénieur.

DG. 2023. 4839758. 75m.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

An Silvia D 891 d’après Shakespeare

Ganymed D 544 de Goethe

Erlkönig D 328 de Goethe

Alinde D 904 de Rochlitz

C’est mon coup de coeur en ce début d’année 2023. La voix somptueuse de Matthias Goerne est ici accompagnée par l’orchestre de chambre de Brême. Les arrangements sont d’Alexandre Schmalcz, tous adaptés des partitions originales pour piano, qui redonnent aux oeuvres de Schubert un souffle nouveau. Schmalcz spécifie qu’il a préservé antant que possible le matériel d’origine, en n’ajoutant pratiquement aucune note. L’instrumentation est bien pensée et imaginée, suivant de près les ambiances distinctes des lieder.

Matthias Goerne, né en 1967, est aujourd’hui l’un des schubertiens les plus estimés. Il a eu comme pédagogue, nul autre que le grand Dietrich-Fisher Dieskau (1925-2012), dont le nom est associé à Schubert depuis toujours. Pour cet enregistrement particulier, Goerne a dû se placer devant l’orchestre, qui est sans chef, pour à la fois diriger et chanter, secondé par le concertmaster Florian Donderer.

Pour cette captation, on a accordé à la voix de Goerne une présence indéniable, dont on perçoit même les respirations entre les phrases. Ses qualités vocales sont entières, d’une belle variété de couleurs et d’expression. D’une sombre gravité jusqu’à de lumineux aigus parfaitement maîtrisés, l’artiste nous plonge autant dans l’action que dans la poésie aux multiples visages de Schubert. L’orchestre de Brême est superbement bien balancé, et ne vient jamais nuire aux déclamations du baryton.

Seule déception au disque, les traductions des poèmes ne sont qu’en anglais. Les textes, écrits par les plus grands poètes de l’époque, sont l’essence même de ces lieder. On peut toujours retrouver leurs équivalents français sur le net.

Ce disque est si beau, prenant et exaltant. Voix et orchestre se fusionnent au service de Schubert. Ses lieder pourraient se décrire par la simplicité de leur lyrisme, accompagnés d’un foisonnement d’idées musicales des plus surprenantes. Cette nouvelle orchestration leur donnent un aspect prophétique qui préfigure parfois Wagner ou Mahler. Sublime.

Schubert (1797-1828) Symphonies 8 et 9. Gewandhausorchester. Herbert Blomstedt.

Posted in Schubert on 23 décembre 2022 by René François Auclair

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Symphonie no.8 Inachevée en Si mineur D.759 (1822)

Symphonie no.9 La Grande en Do majeur D.944 (1825)

Orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Herbert Blomstedt, direction.

Enregistré en novembre 2021. Ingénieur: Bernhard Guettler.

DG. 2022. 4863045. Cd1:26m.04s Cd2:61m.41s.

Appréciation: Superbe*****

Allegro moderato de la Symphonie no.8

Andante con moto de la Symphonie no.9

Herbert Blomstedt, figure légendaire de la direction d’orchestre, reprend à 94 ans les deux dernières symphonies de Schubert. Quarante ans auparavant, il avait gravé, avec la Staatskapelle de Dresde, l’intégralité de ces oeuvres. Pour ma part, cet album est resté un incontournable dans la catégorie des interprétations sur instruments modernes. Blomstedt fait partie de ces gardiens de la tradition qui n’a pas été encore touché par l’historiquement bien informé. Dans son cas, il ne faut pas chercher la nouveauté à tout prix, mais plutôt la valeur sûre des grandes interprétations romantiques qui ont marqué la discographie. Sa présence devant le Gewandhaus de Leipzig (fondé en 1743!) fait figure de moment historique, et peut se voir comme un ultime legs de la grande tradition musicale germanique.

La différence est appréciable entre les deux versions. La première était chargée d’émotions, la deuxième porte maintenant un regard placide sur ces oeuvres magistrales. La musique reste la même, mais l’impact dramatique est moindre. Au lieu de nous interpeller vivement, Blomstedt nous invite plutôt, une dernière fois, à contempler ces chefs-d’oeuvre. Évitant de s’engager dans les contrastes abruptes, il laisse la musique s’exprimer par elle-même.

La prise de son, d’une incomparable douceur, semble couvrir l’orchestre d’un voile invisible. Il y a des moments magnifiques où les cordes apparaissent comme dans un rêve, (Andante con moto de la 9e). Tous les autres instruments sont bien enrobés, en particulier les contrebasses, d’une étonnante profondeur.

Au final, la Deutsche Grammophon a produit un disque digne de leur réputation. En invitant un vénérable chef et le Gewandhaus à se joindre à Schubert, cet album fait figure d’exception. Chaudement recommandé.

Schubert (1797-1828) Schubert’s 1817 Sonatas. Sookkyung Cho, piano.

Posted in Schubert with tags on 25 avril 2021 by René François Auclair

Sonate en la mineur d.537

Sonate en la bémol majeur d.557

Sonate en mi mineur d.566

Sonate en si majeur d.575

Sookkyung Cho, piano Steinway.

Enregistré à Royce Auditorium, Grand Rapids, Michigan en 2020.

Centaur Records. 2021. CRC 3871. 75m.53s.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegretto quasi andantino Sonate d.537

Allegro moderato de la sonata d.557

Sonate en mi mineur d.566 « Inachevée »

À l’écoute de la première pièce, j’ai cru d’abord que la pianiste jouait sur un pianoforte. Le feutré des marteaux semble bien délicat et légèrement voilé. Les basses sont plutôt discrètes, sans grande emphase. Les touches supérieures ont cet aspect brillant propre aux pianos anciens. Et puis j’ai pensé à Andras Schiff qui a réalisé tout Schubert sur un Bösendorfer, instrument à la limpidité bien singulière. L’absence de livret et de détails sur l’instrument ont piqué ma curiosité. Perfectionnisme oblige, j’ai dû entrer en contact avec Sookkyung Cho qui habite Grand Rapids au Michigan, pour en savoir plus. Mme Cho, diplômée de Julliard, enseigne également à Grand Valley State University.

C’est bel et bien sur un Steinway que l’artiste a enregistré ces sonates de Schubert. Mais elle n’avait pas plus de détails à me préciser sur l’instrument, ni l’année de sa construction. Cet instrument a une sonorité étonnement tenue par rapport à ce que l’on entend habituellement de cette marque légendaire. Ceci étant dit, j’ai commencé à apprécier cet album au fur et à mesure de son écoute. La pianiste coréenne confère à ces sonates une délicatesse de toucher et de luminosité remarquable.

Schubert a composé ce cycle en 1817 alors qu’il n’avait que 20 ans. À ce moment, il délaissé peu à peu l’influence de Mozart de sa première période. Son langage est devenu plus personnel et ses compositions ont gagné en profondeur, comme en fait foi les multiples changements de tonalités au cours d’une même pièce.

La prise de son est d’une belle présence, moins distante et épurée que la production d’Andras Schiff. Ainsi, on peut mieux apprécier les couleurs et les reliefs de l’instrument sur lequel s’exécute Mme Cho.

La légèreté de ton est omniprésente au cours de l’écoute des quatre sonates proposées. Les détails de la partition sont mis en lumière par un jeu très finement tracé, supporté d’une rythmique allègre et spontanée. La musicienne évite tout lyrisme appuyé et s’en tient à l’essentiel. La progression des pièces n’est jamais ralentie outre mesure. Il n’y a ni ego, ni puissance démesurée. La musique prend parfois l’aspect de miroitements lumineux sur la surface d’une eau. C’est du Schubert à l’état pur, dépouillé de son aura romantique. Cet album est une magnifique surprise.

Comparatif: Allegretto quasi andantino d.537. Andras Schiff (Decca/London.1994)

Schubert (1797-1828) Oeuvres pour piano Volume II. Mathieu Gaudet.

Posted in Schubert on 29 mars 2020 by René François Auclair

Sonate en mi majeur d.459 (1816)

Mélodie hongroise en si mineur d.817 (1824)

Trois Klavierstücke d.946 (1828)

Mathieu Gaudet, piano Steinway.

Enregistré au Palais Montcalm, Québec en 2019

Analekta. 2020. AN 2 9182. 62m.50s.

Appréciation: Superbe*****

Allegro moderato Sonate d .459

Klavierstücke no.2 Allegretto (extrait)

Débuté l’an dernier, le projet intégral des oeuvres de Schubert regroupera douze disques sur une période de six ans. La musique de Schubert, présentée par Mathieu Gaudet, est traduite avec soin, stylisée de manière retenue, éclairée par une approche sensible des oeuvres. L’interprétation est limpide, parfois subtilement décorée, dessinée comme à l’aquarelle. Les notes, jouées avec l’art d’un impressionnisme rêveur, semble miroiter doucement à la surface d’une eau touchée par la lumière. C’est vraiment très beau.

Le pianiste évite tout contact brutal au clavier, et nous invite plutôt à l’introspection par des phrasés relâchés, détendus. L’acoustique d’ensemble est aérée, légèrement diffuse, propice à une écoute idéale. C’est Schubert que l’on accueille chez soi avec joie, bien enveloppé dans la poésie de l’instant présent, de sa mélancolie douce-amère, de son chant inimitable qui apaise et réconforte. Excellent.