Archive for the Glass Category

Of All Joys. Attaca Quartet.

Posted in Allegri, Glass, Pärt with tags on 18 décembre 2021 by René François Auclair

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Oeuvres de Pärt, Marenzio, Dowland, Gibbons, Glass, Allegri, Bennet.

Amy Schroeder, Domenic Salerni, violons.

Nathan Schram, alto. Andrew Yee, violoncelle.

Enregistré à Sauder Concert Hall, Goshen, IN en 2021.

Sony. 2021. 19439936062. 63m.12s.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Flow my tears de John Dowland (1563-1626)

Miserere de Allegri (1582-1652)

Fratres de Arvo Pärt (n.1935)

L’album est né de la privation des liens sociaux pendant la pandémie 2020. Après des mois d’absence, les musiciens se sont finalement retrouvés avec joie à faire de la musique. « Entre les prises d’enregistrement, nous devions nous arrêter pour essuyer quelques larmes, tellement nous étions émus par la musique. » dira le violoncelliste Andrew Yee.

Pourtant, le choix des pièces de ce disque est loin d’être joyeux. Of All Joys provient d’une strophe du célèbre Flow my Tears de John Dowland (1563-1626). Ce chant mélancolique relate la perte des jours heureux, le désespoir et l’isolement que vit le poète dans la résignation la plus totale.  »Mes larmes, mes soupirs, mes gémissements, et mes jours fatigués, que toutes les joies m’ont privés!  »

C’est dans cet état d’esprit que les musiciens du Attaca Quartet nous invite. Le dépouillement est total, apprivoisant le silence et l’immobilité du temps présent. Les pièces sont reliées par des créateurs d’aussi loin que la Renaissance jusqu’à nos jours modernes. Arvo Pärt et Philip Glass rejoignent à leur façon la pureté de la musique ancienne, les mêmes motivations spirituelles d’un consort de Orlando Gibbons ou du sublime Miserere de Gregorio Allegri. Cette pièce célèbre, originalement écrite pour ensemble vocal, est ici traduite et adaptée par les cordes d’un simple quatuor. L’effet est saisissant, inédit. Il est le coeur de cet album exceptionnel.

Il faut se fermer à tous les sons et les bruits du monde, s’isoler dans le silence pour vraiment apprécier. Et la joie va imperceptiblement se joindre à cette réunion des sens et de l’esprit.

Glass et Handel. Anthony Roth Costanzo. Les Violons du Roy. Jonathan Cohen.

Posted in Glass, Handel with tags on 1 octobre 2018 by René François Auclair

614u5BEB1YL._SL1210_Oeuvres de Phillip Glass (n.1937) et G.F.Handel (1685-1759)

Les Violons du Roy, direction Jonathan Cohen.

Enregistré au Palais Montcalm, Québec.

Decca Gold/Universal Music. 2018. 00028948171903. 61m.53s.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Liquid days de Philip Glass

Stille amare tiré de Tolomeo de Handel

Hymn to the Sun (Akhnaten) de Philip Glass

Dès son apparition sur la scène de la Maison Symphonique, Anthony Roth Costanzo avait déjà le public dans sa poche. Souriant, petit de taille, fébrile et communicatif, il parlait aux spectateurs dans un français plus que respectable. Et lorsqu’il s’est mis à chanter, le contre-ténor américain nous a conquis pour de bon. Le volume sonore qui s’échappe de ce petit bonhomme est celui d’un grand!

Avec les Violons du Roy dirigé par Jonathan Cohen, nouveau directeur artistique, Costanzo venait présenter le tout nouvel enregistrement de leur collaboration. Pourquoi réunir Glass et Handel? Selon ses propres mots: « Handel m’a défini. Glass m’a transformé. » Leurs musiques, séparées par les siècles, se rejoignent pourtant par plusieurs aspects formels. La répétition des motifs simples et efficaces, l’amour de la voix humaine et la création de l’émotion pure sont communes aux deux compositeurs.

C’est là que Costanzo nous chavire. Il nous emporte avec lui dans l’univers mythologique de Handel et ses personnages, puis vers l’imaginaire mystique de Philip Glass, à la fois contemporain et intemporel. Ce balancement continuel dans le temps fait de ce disque une expérience nouvelle, inusitée, d’un alliage artistique unique.

La voix et la présence scénique de Costanzo sont conquérantes. Le contre-ténor vibre et vit toute cette musique. Il s’en accapare et en créé une chose qui lui appartient entièrement. Son timbre particulier nous fait penser au regretté Klaus Nomi, iconoclaste et inclassable individu de la scène allemande des années 80. Cependant, Costanzo possède la technique et le contrôle vocal des plus grands contre-ténors. À 36 ans, il est déjà en pleine maturité, et on s’étonne que ce soit seulement son premier disque.

Désormais, Les Violons du Roy ne peuvent plus être seulement classés dans le 18e siècle où Bernard Labadie les avait souvent confinés. Maintenant, les portes sont grandes ouvertes pour explorer tous les genres. Ce passage leur réussit très bien. On le discerne de belle façon dans l’extrait de l’opéra Akhnaten de Philip Glass. Dans cette pièce étonnante, Jonathan Cohen révèle subtilement des textures apparentées aux cordes baroques. Le mélange de genre fonctionne admirablement bien. Ce disque sera une révélation pour plusieurs.