Archive for the Dowland Category

Dowland, John (1563-1626) A Fancy. Pièces pour luth. Bor Zuljan.

Posted in Dowland with tags on 29 août 2020 by René François Auclair

18 pièces pour luth.

Luth à 8 choeurs de Jiri Cepelak, d’après Venere 1582.

Cordes de boyaux de Corde Drago.

Enregistré à l’Église St-Germain, Genève en 2020.

Ricercar. 2020. RIC 425. 65m.57s.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Lachrimae

A Fantaisie

Farewell

L’interprétation de Bor Zuljan rejoint celle des plus grands luthistes de notre temps. Après Jakob Lindberg, Nigel North, Paul O’dette, Hopkinson Smith, qui ont tous visité l’oeuvre importante de Dowland, voici un artiste remarquable qui vient perpétuer l’art ancien du jeu de luth.

Associée à la mélancolie, aux passions tourmentées de l’âme humaine, jamais une oeuvre pour le luth ne nous a autant touché que celle de John Dowland. C’est un art bien délicat que de transmettre cette musique au travers d’un seul instrument à cordes, un peu fragile, à la sonorité vacillante comme la flamme d’une bougie dans le noir.

Bor Zuljan réussit à nous émouvoir dans cette ambiance de la solitude. Dans cet endroit retiré du monde, les notes semblent se mouvoir d’elles-mêmes. Lancées dans le silence, elles prennent leur envol et vivent, l’espace d’un instant, dans la réverbération. Le toucher de l’artiste est particulièrement nette, les doigtés exécutés avec soin. Le luth s’exprime ainsi tout en rondeur. Les polyphonies sous-jacentes à la mélodie sont bien détachées, et au travers de la complexité d’écriture de Dowland, le musicien réussit à créer de magnifiques ondulations. L’instrument devient un organisme vivant, une entité mouvante qui berce et réconforte.

C’est du grand art. Le plaisir de l’écoute ne s’estompe jamais. L’âme vogue sur ces flots de Lachrimae, et parfois se dissipe dans une lumière d’une beauté exquise. Un grand disque.

Dowland, John (1563-1626) Lachrimae. Nigel North. Les Voix Humaines.

Posted in Dowland with tags on 20 mai 2018 by René François Auclair

41K+RK5zaRLLes Sept Larmes (1604) pour luth et violes.

Pavanes, gaillardes et allemandes.

Nigel North, luth.

Mélissande Corriveau, dessus de viole. Felix Deak, ténor de viole.

Margaret Little, Suzie Napper et G. Sanchez-Guevara, basses de viole.

Enregistré à St-Augustin, Mirabel en juillet 2017.

Atma Classique. 2018. ACD2 2761. 56m. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Lachrimae antiqua 

Earle of essex gaillard 

Sir John Langston Pavan

 

Les Lachrimae de John Dowland, composés en 1604, annoncent d’une certaine façon le romantisme de Schubert. Deux siècles les séparent. Pourtant, il y a le même goût pour la poésie mélancolique, une affinité pour la solitude et la recherche d’apaisement au milieu des larmes. C’est un recueil magnifique, le plus connu de Dowland. Les Lachrimae sont en fait sept variations sur son air célèbre Flow my tears. Malgré son aspect lugubre, il y a dans cet art de la mélancolie, une part de lumière qui nous rejoint encore.

Enregistré plus d’une fois, ce cycle instrumental pour luth et consort de violes retrouve, avec Les Voix Humaines, un lien naturel, une connivence idéale avec ce répertoire ancien. On se demande pourquoi elles (M.Little et S.Napper) ont attendu si longtemps pour pouvoir les graver. Le temps a sûrement permis ici une collaboration inespérée: celle avec Nigel North, réputé luthiste britannique, qui a maintes fois visité l’univers de Dowland. Il y apporte son expertise précieuse et son jeu de luth légendaire fait de coulées riches en lyrisme et en souplesse.

Quant aux violes de l’ensemble, elles résonnent dans toute leur splendeur en symbiose avec la fragilité du luth dans une atmosphère à la fois vaste et recueillie. Elles sont expressives à souhait, rehaussées par le jeu finement décoratif du dessus de viole de Mélissande Corriveau. L’alternance entre les Larmes et les diverses danses apporte un mélange triste-heureux qui évite la monotonie pouvant s’installer en cours de route. En fait, grâce à leur sensibilité et leur connaissance, les musiciens se sont distanciés par rapport à d’autres versions qui paraissent aujourd’hui froides et austères. Ici, la beauté ténébreuse de cette musique nous enveloppe de toute part. On s’y réfugie à l’abri des maux qui terrassent notre siècle présent.