Archive for the Bach CPE Category

Schieferlein (1704-1787) Sonates en trio. Pallade Musica.

Posted in Bach CPE, Schieferlein on 2 novembre 2017 by René François Auclair

22729043_1473407972741520_4194450035103034167_nOtto Ernst Gregorius Schieferlein (1704-1787) 3 sonates en trio

G.P. Telemann (1681-1767): Sonate en trio twv 42:g7

C.P.E. Bach (1714-1788): Sonate en trio wq.150 (A.Thivierge, flûte baroque)

Tanya Laperrière, violon baroque. Elinor Frey, violoncelle.

Esteban La Rotta, luth, théorbe et guitare. Mélissande McNabney, clavecin.

Enregistré à St-Augustin de Mirabel en août 2016.

Atma Classique. 2017. acd2 2744. 64m.15s. Appréciation: Très Bien****

Allegro de la sonate no.2 en fa majeur

Menuet et trio de la sonate no.2 en fa majeur

Allegro de la sonate en trio wq.150 de C.P.E. Bach

Pallade Musica, jeune ensemble baroque de Montréal, a enregistré en première mondiale les trois sonates en trio de ce compositeur pratiquement inconnu. Ce qui a probablement attiré l’attention des musiciens sur ces vieux manuscrits, s’explique non seulement par la découverte d’une musique belle, savante et intéressante mais aussi par ses parties incroyablement relevées du violoncelle, que le compositeur a traité d’égale façon avec le violon.

Schieferlein était le copiste et assistant de Telemann et puis de C.P.E. Bach à Hambourg. Il fut également chanteur alto pendant plusieurs années. On ne sait à peu près rien d’autre. Il ne reste que ces trois sonates en trio, qui lui sont attribuées. C’est une musique calquée de près sur Vivaldi et sur celle de Telemann. Un bon mélange de genre, du bon baroque sans prétention d’où on appréciera des idées qui sortent de la routine, dont une prédilection pour d’heureux bariolages accordés aux deux voix principales.

Pallade Musica s’est appliqué à donner un son d’ensemble très délicat, fait de virtuosité légère et fluide à ces oeuvres agréables et stimulantes. On apprécie le naturel du violon de Tanya Laperrière, et la prestance d’Elinor Frey, toujours précise et rapide dans les passages les plus exigeants. On aurait aimé cependant un peu plus de folie et de laisser aller à certains endroits que la musique de Schieferlein semble demandée.

Choix esthétique assumé ou non, les musiciens ont réussi à nous charmer. À noter, la très belle réussite de la sonate en trio de C.P.E. Bach, dans une prise de son légèrement différente des autres pièces du disque, avec une belle aération entre les instruments.

 

 

 

 

Bach, C.P.E. (1714-1788) Volume 4 des Concertos pour clavier. Michael Rische.

Posted in Bach CPE on 10 février 2016 by René François Auclair

51MmNApceTLConcerto Wq.26 (1750)

Concerto Wq.44 (1778)

Concertos Wq.20 (1748)

Michael Rische, piano.

Kammersymphonie Leipzig.

Enregistré à Leipzig mars et juin 2015. Hanssler Classics. 2015.

HC15046. 55m.47s. Appréciation: Très Bien ****

Allegro assai du Concerto Wq.26

Adagio ma non troppo du Concerto Wq.20

Allegro assai du Concerto Wq.20

Quatrième volume d’une série que l’on espère complète, ces interprétations des concertos pour clavier de Carl Philip Emmanuel Bach nous transporte dans la zone curieuse du rococo et de l’empfinsamkeit, période hybride d’avant Haydn et Mozart.

Enfin, C.P.E. sur piano moderne! L’instrument prend toute sa place en remplissant l’espace sonore. Les cordes sont aussi d’aujourd’hui, mais jouées à l’ancienne avec peu de vibrato. Le résultat est très satisfaisant, bien meilleur que l’intégrale Bis Records, sur pianofortes, clavecins et autres petites boîtes insonores. Avec Michael Rische, les notes sont toujours à notre portée, voltigeantes et virtuoses, visibles dans leur discours éloquents. Un toucher un peu sage enlève cependant quelques contrastes à ce Bach qui aime pourtant les emportements expressifs. La présence des cordes ajoute la charge émotive que demande ces pièces particulières.

Cette musique a pourtant ses limites. Les motifs restreints se répètent trop souvent en ritournelles, usant l’oreille inutilement. On est encore loin de Mozart et de sa merveilleuse inventivité, ensoleillée par les mélodies des airs italiens. Bach restera confiné en Allemagne, loin de toute influence, se créant un langage bien à lui. Pourtant, aux détours d’adagios et de lenteurs pathétiques on s’y retrouvent aux confins d’une expression encore mal définie, mais transcendante et unique. Des concertos…déconcertants, mais essentiels pour comprendre cette période transitoire de la musique.

Bach, C.P.E (1714-1788) Sonates pour Connaisseurs et Amateurs. Pieter-Jan Belder.

Posted in Bach CPE on 21 mars 2014 by René François Auclair

51bTVMaBwzLSonates, rondos et fantaisies wq.55-61

Pieter-Jan Belder, pianoforte G.Kobald d’après Walter.

Clavicorde G.Karman d’après Friederici.

Enregistré entre 2012-2013 à la Chapelle Kapucijner, Velp, Pays-Bas.

Brilliant Classics. 2013. 94486. 5cds.

Appréciation: Superbe *****

Sonate no.1 en do majeur wq.55 (pianoforte)

Sonate no.2 en fa majeur wq.55 (clavicorde)

«Après le dîner, écrit-il, je l’ai persuadé à se rasseoir au clavicorde et il a joué presque sans interruption jusqu’autour de onze heures du soir. Pendant ce temps, il est devenu si animé et comme possédé qu’il a non seulement joué mais a semblé comme quelqu’un d’inspiré. Ses yeux étaient fixes, sa lèvre inférieure tombante, et des gouttes d’effervescence perlaient sur sa personne. Il a dit que s’il avait eu à travailler souvent de la sorte, il redeviendrait jeune.»  Charles Burney en visite chez Bach en 1772.

Imprévisible, déconcertante, transcendante. Ce sont les mots pouvant décrire la musique de CPE Bach. Sur les 875 œuvres du catalogue Helm, près de la moitié fut conçues pour le clavier solo.

On s’entend pour décrire le mot « clavier », tout ce qui touche au clavecin, le pianoforte et le clavicorde, instrument préféré de Bach. Petit en taille et en résonnance, son timbre intime et délicat rappelle parfois le luth. Le musicien a un contact direct avec les cordes frappées, et peut même, comme les guitaristes, créer un étonnant vibrato. Les pièces de CPE Bach sur cet instrument prennent parfois des intonations bizarres. Les humeurs changeantes et capricieuses du « maître de la sensibilité », trouvent en cette petite boîte de bois, un idéal compagnon de la solitude. Plus qu’une curiosité instrumentale, le clavicorde devient un prolongement de l’artiste. Et ses motivations deviennent comme à nues, dépouillées par l’instant éphémère de chaque son.

Par contre, le pianoforte séduit par la brillance de sa sonorité, par une carrure plus imposante. Instrument bien-aimé des salles de concert de cette époque, qui était beaucoup plus modestes qu’aujourd’hui, le pianoforte s’est taillé une place de choix auprès des compositeurs. La musique de Bach y trouve un médium puissant, d’où les rayons fusent de toute part. Peut-on entendre ces pièces sur un piano moderne? L’effet grandiloquent beaucoup trop emphatique d’un Steinway peut sûrement dénaturer les intentions du compositeur!

L’infatigable Pieter-Jan Belder (plus de 100 enregistrements!) s’exécute brillement dans cette intégrale fascinante du Bach de Hambourg. Publiées entre 1779 et 1787, ces sonates pour « connaisseurs et amateurs » se vendirent comme des « petits gâteaux » selon l’éditeur de l’époque. L’imagination sans fin de Bach et l’expressivité à fleur de peau sont bien rendues par le jeu vigoureux et plein d’affects de Belder. La prise de son vaste, captée dans une chapelle, permet aux notes de ces petits instruments de s’allonger dans l’espace. Parfois, le clavicorde émet des sons particulièrement saisissants dans la réverbération, comme si un vent étrange servait d’arrière-plan aux visions transcendantes de Bach. Ce coffre au trésor, plein de petites et grandes surprises, est à découvrir.

Bach, C.P.E. (1714-1788) Les Sonates pour violon et clavier. Amandine Beyer et Edna Stern.

Posted in Bach CPE on 20 mars 2014 by René François Auclair

61gCg4hZwLLSonate en si mineur h.512

Sonate en sib majeur h.513

Sonate en do mineur h.514

Sonate en sol mineur h.545 (bwv 1020)

Amandine Beyer, violon baroque Pierre Jacquier 1996.

Edna Stern, pianoforte P.M.Nulty d’après Walter.

Zig Zag Territoires. 2005.zzt050902. 61m.57s.

Appréciation: Superbe *****

Sonate en sol mineur H.545 (bwv 1020)

Adagio ma non troppo H.514

Allegretto siciliano H.512

L’étiquette Zig Zag est un exemple de nouveauté et de fraîcheur dans le monde du disque. Les pochettes créées par la peintre Anne Peultier, selon l’inspiration de la musique proposée, donnent une belle présentation originale à la production.

La musique est celle de Carl Philip Emanuel Bach, maître du style sensible dans trois sonates encore peu enregistrées au catalogue. En supplément, la sonate en sol mineur, attribuée dans le passé à J.S.Bach au numéro bwv 1020, très connue à la flûte. Selon quelques sources, elle peut être jouée au violon. Le résultat sonore semble mieux adapté à celle-ci. La sonate est beaucoup plus expressive au violon et pianoforte.

Amandine Beyer (n.1974), violoniste française formée auprès de Chiara Banchini et Edna Stern (n.1977) pianiste bruxelloise au parcours impressionnant (Argerich, Zimerman, Larrocha, Staier et P.Cohen!) sont des artistes de choix de cette nouvelle génération qui apporte une bouffée d’air frais au répertoire de la musique ancienne.

Il y a ici un raffinement exceptionnel de la sonorité, le synchronisme époustouflant des deux musiciennes, allié à l’éloquence de phrasés primesautiers! Tout cela au service de la musique de CPE Bach, dont la sensibilité est soulignée subtilement, sans effort, dans une démonstration d’un savoir-faire artistique indéniable. Un des plus beaux disques consacrés à son œuvre de musique de chambre.