Carl Phillip Emmanuel Bach (1714-1788) Concerto wq.171 en Sib majeur, arrangé pour alto par M.Rochat.
Johann Gottlieb Graun (1703-1771) Double concerto en Do mineur pour violon et alto et Concerto pour alto en Mib majeur.
Mathis Rochat, alto Vidoudez, Genève 1949.
Stephen Waarts, violon.
Camerata Schweiz dirigé par Howard Griffiths.
Enregistré à l’Église Oberstrass, Zurich en 2022.
Ingénieur de son: Bernhard Hanke.
CPO. 2024. 555613-2. 62m.03s Appréciation: Très Bien****
Allegretto wq.171 de CPE Bach
Allegro pour violon et alto de JG Graun
Allegro assai de JG Graun
L’attrait principal de ce disque CPO est l’arrangement pour alto du concerto pour violoncelle de CPE Bach wq.171 en Si bémol majeur. L’altiste franco-suisse Mathis Rochat a respecté la tonalité d’origine, mais a utilisé un diapason un peu plus élevé que les interprétations à l’ancienne. En comparant d’autres versions, c’est ce que j’ai pu noter. (Bylsma, Suzuki, Dieltens par exemple).
Instrument plutôt dédié à l’accompagnement, l’alto a des interventions solistes plutôt rares. Il est le complément harmonique essentiel dans un orchestre. Il a une voix bien à lui, au timbre particulier. Entre deux zones de tessiture, ni aigüe ni grave, l’alto a finalement trouvé sa place au sein du quatuor à cordes où il est devenu un membre à part entière.
À l’entendre en solo dans ces concertos de la période dite rococco, il semble s’y plaire énormément! L’alto convient à merveille à ces oeuvres. Dans le cas de ce concerto de Bach, beaucoup enregistré, il lui confère une légèreté nouvelle, une clairvoyance de chaque note, sans en négliger l’expression à fleur de peau, typique du style sensible du grand Emmanuel. La gravité habituelle du violoncelle fait plutôt place ici à une interprétation plus lumineuse et aérienne de cette oeuvre très connue.
Mathis Rochat s’exécute avec une précision infaillible, méticuleux et vif, soigné dans les moindres détails. La belle prise de son lui offre un bel éclairage, le valorisant constamment à notre oreille. Que du plaisir! L’ensemble de chambre Camerata Schweiz, d’une cohésion indiscutable, l’accompagne par une rythmique soutenue et discrète, minutieusement articulée. Howard Griffiths, maestro d’expérience, semble avoir misé sur la sagesse et la retenue, et de ce fait, privé ces musiques de quelques épanchements passionnés. Tout de même une belle réussite, exemplaire et sans faille.