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Unicum. Leuven Chansonnier. Ensemble Leones.

Posted in Anonyme with tags on 6 mars 2023 by René François Auclair

2KULTURE LOGO SQUARE MASTERNew Songs from the Leuven Chansonnier (c.1470).

Ensemble Leones. Marc Lewon, direction.

Enregistré à St-Leodegar Kirche, Grenzach, Allemagne.

Enregistré en juillet 2021. Ingénieur: Michaela Wiesbeck.

Naxos. 2023. 8.574395. 74m.35s.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Ou beau chastel est prisonnier

Ou beau chastel est prisonnier mon cueur
de celle ou monde ou a plus de doulceur,
beaulté, bonté [et] courtoisie aussi,
et touteffoix ne peult avoir mercy
n’alegement de sa dure langeur.

En atendant vostre venue

En atendant vostre venue,
mon bien que je desire tant,
une heure me dure bien cent
quant de vous seul je pers la veue.

Bien souvent seullete, esperdue,
je passe mon temps en pleurant.

Mais bon Espoir m’a maintenue
et de son bon gré m’asseurant
que je vous reverray briefment,
Qui en joye m’a entretenue.

Par Malle Bouche la cruelle (arr.Mark Lewon)

Oublie, oublie

Oublie, oublie, oublie, oublie, [oublie],
Oublie, oublie, [oublie] tes dolours,
Leal amant, car venus sont les jours
Que de Dangier ne donne[s] une oublie.

Le Leuven Chansonnier est un recueil de pièces qui a été découvert en 2015 dans la ville du même nom (Louvain) en Belgique. C’est un petit livre dont la reliure originale est demeurée intacte. Il aurait été copié vers 1470 dans la vallée du Loire. Le parchemin contient environ 50 pièces, la plupart anonymes. Pour le monde de la musique ancienne, cette découverte sensationnelle vaut celle d’archéologues découvrant une nouvelle tombe en Egypte!

Les chansons ont été écrites, pour la plupart, dans un vieux français. Celui-ci est d’ailleurs fort bien prononcé par les membres de l’Ensemble Leones. Les voix sont particulièrement claires, d’un lyrisme d’une grande pureté. On aime également les différents timbres vocaux de chaque intervenant, apportant une belle variété de textures. De forts beaux arrangements instrumentaux accompagnent les chanteurs. Il y a le luth, vielle ou violon de la Renaissance, et une viola d’arco. Ce trio à l’ancienne, minimaliste, nous offrent à l’occasion des intermèdes. Les oeuvres ont été écrites en forme du rondeau, répétées comme dans un cycle perpétuel. L’effet musical procure un genre de trans hypnotique, se balançant toujours au gré d’un rythme binaire. La musique et les paroles apportent une quiétude bienheureuse tout le long de l’écoute.

Après de longues années dans l’obscurité, soit 545 ans, ce petit livre nous fait voir maintenant toute sa lumière. En lisant les paroles, (traduites également en anglais qui en facilite la compréhension), on y redécouvre l’art de la déclamation poétique de l’époque. Ces très anciens poèmes émeuvent encore. On y parle souvent d’amour éperdu, de charme ou de désir, sentiments que nous éprouvons encore cinq siècles plus tard. Ce disque remplit de merveilles est d’un envoûtement total.

Six Concertos Anonymes du 18e siècle. Les Amis de Phillipe. Ludger Remy.

Posted in Anonyme on 9 mai 2016 by René François Auclair

61Iu61bilvLSix Concertos du « Cabinet no.2 » de la Bibliothèque Universitaire de Dresde. Les Amis de Philippe. Ludger Remy, clavecin et direction. Enregistré à Sendesaal Radio Bremen en 2012 et 2015. CPO. 2016. 777780-2. 59m.38s.                                                                                                           Appréciation: Très Bien ****

Concerto no.6 (flûte, violon, viola da spalla et continuo)

À Dresde, les musicologues ont découvert 7 Concertos d’un compositeur anonyme entassés sous de vieilles piles de feuilles. Cette musique fut retrouvée au côté de grands noms de l’époque baroque: Vivaldi, Pisendel, Telemann. Ce qui a fait dire aux spécialistes que ces pages inédites furent sûrement écrites par un compositeur très estimé. L’auteur de ces divertissements demeure un mystère.

Cette musique charmante rappelle les Quatuors Parisiens de Telemann. Mais les libertés de structures et l’écriture d’une belle simplicité semblent étrangères au maître de Hambourg. La forme générale de ces concertos est plutôt la sonate en trio, c’est à dire traité en duo entre la flûte et le violon, avec la basse continue. Mais à l’improviste vient se joindre la Viola da spalla ou le violoncelle obligé…Ainsi, momentanément on a un quatuor! Quel qu’il soit, ce compositeur a eu le don de capter notre attention. Les discours sont de qualité. Cela est du pur baroque comme on l’a si souvent entendu. Pourtant on se laisse vite prendre au jeu et on apprécie chaque mesure.

La sonorité du petit ensemble est d’une belle richesse de timbres. On y a ajouté une contrebasse, ce qui donne de la profondeur aux résonances. Les instruments ont tous leur personnalité bien distinctes. La viola de spalla, en particulier (mi alto, mi violoncelle) semble être un personnage un peu maladroit, mais dont on adopte rapidement la présence tellement il est sympathique. Un disque agréable d’un anonyme…qui gagne à être connu. 🙂