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Eberl, Anton (1765-1805) Sonates et Variations. Sayuri Nagoya, pianoforte.

Posted in Eberl on 27 février 2022 by René François Auclair

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Sonatine op.5 (1796). Grande Sonata op.27 (1805).

12 Variations sur un thème de Die Zauberflöte de Mozart.

Grande Sonata op.43 (1805). Sonata op.1 (1792).

Pianoforte Broadmann 1805.

Enregistré à l’Abbaye San Martino, Palerme en 2018.

Brilliant Classics. 2022. BC96509. 71m.

Appréciation: Superbe*****

Sonatine en Do majeur op.5

Andante con espressione de l’op.27

Andante-Allegro con spirito de l’op.43

Anton Eberl est né à Vienne en 1765. Ami de la famille Mozart, puis de Beethoven, il fut considéré comme un brillant concertiste. On disait à l’époque qu’il était un sérieux rival à Beethoven et parfois certaines de ses oeuvres étaient préférées du public. Eberl était un virtuose étonnant, comme en fait foi ces pièces saturées d’effets pyrotechniques. Elles exigent parfois du pianiste une implication très physique.

Comme mise en bouche, le disque débute par la Sonatine op.5, très charmante pièce que l’on pourrait confondre aisément à Mozart. Par la suite, on plonge dans des oeuvres de maturité très denses, parfois surchargées de défis techniques. Mais Eberl sait aussi être inspiré par un beau lyrisme qui annonce Schubert. L’Andante con expressione de l’opus 27 est un bel exemple où la musique se développe de manière progressive, grâce notamment par de beaux arpèges qui confèrent à la pièce grâce et fluidité.

La pièce de résistance demeure sans doute la Grande Sonate op.43 composée en 1805, l’année de la mort du compositeur. Véritable symphonie pour piano, cette oeuvre hors norme est de forme classique, digne de Haydn. L’ouverture lente, d’une noble grandeur, est suivie d’un grand mouvement de près d’un quart d’heure où il se passe beaucoup de choses. Drames, conflits, morceaux de bravoure et résolution triomphale!

Pour interpréter cette musique, un authentique pianoforte Broadmann de 1805 a été utilisé. De conception robuste, charnu dans les basses, brillant aux octaves supérieures, il possède assez de corps pour encaisser la musique de Eberl qui lui exige toutes ses capacités. La pianiste japonaise Sayuri Nagoya le martèle allègrement sans ménagement. Cette élève des pianofortistes Piet Kuijen et Bart van Oort, sait également articuler et mouvoir la musique. Son jeu est admirable en tous points. Les preneurs de son ont su éviter les raideurs parfois excessives des vieux pianos. La sonorité d’ensemble est réussie, en parfait équilibre entre l’espace des lieux et les résonances internes de l’instrument.

Jouer de la musique sur un piano historique est encore tout à fait pertinent. Une sorte de magie nostalgique fait son oeuvre quand il revit l’espace d’un instant. Tout comme Anton Eberl, il est l’un de ces témoins oubliés qui refont parfois surface, grâce aux talents de musiciens et d’artisans passionnés. Une précieuse redécouverte.

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