Archive for the Chostakovitch Category

Chostakovitch, Dmitri (1906-75) Jazz Suites. Orchestre National d’Ukraine. Theodore Kuchar.

Posted in Chostakovitch with tags on 12 mars 2022 by René François Auclair

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Jazz Suites. National Symphony Orchestra of Ukraine. Theodore Kuchar. Brillant Classics.2006. 8480.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Waltz no.2

À mon avis, c’est le meilleur enregistrement de ces suites pour le jazz que le grand Chostakovitch a composé. À l’origine, ces pièces ont été créées en 1934 et 1938 dans le cadre d’un concours national à Leningrad pour rehausser le niveau de jazz en URSS. Par contre en 1956, le compositeur proposa une autre oeuvre similaire: Suite pour orchestre de variété no.1 qui réunit diverses pièces déjà existantes. Elle comporte huit mouvements, dont sa célèbre Valse no.2 qui a fait le tour du monde, grâce au cinéma (Eyes Wide Shut de Kubrick) et notamment dans plusieurs publicités.

L’instrumentation, riche et diversifiée, inclue deux pianos, deux saxophones altos, deux ténors, une guitare, un accordéon et une panoplie de percussions, dont un xylophone et un vibraphone!

La musique est joyeuse, amusante, pleine d’élan folklorique, mais dans le fond peu jazzée, si ce n’est que par son instrumentation. Ces pièces insouciantes et légères sont à l’opposé de ce que Chostakovitch a réellement vécu sous le régime de terreur de Staline. Le réalisme socialiste du régime stalinien a en effet fait beaucoup de mal aux artistes de cette époque. La dictature a forcé certains à s’exiler ou à être emprisonnés.

Aujourd’hui, l’horreur continue de s’imposer en Ukraine. Le choc a été brutal pour tous. On assiste impuissant à une autre dictature qui fait mal à son voisin. L’Ukraine est dévastée dans l’incompréhension. Ce peuple riche en culture, en musiciens, artistes, travailleurs, dont nous avons encore beaucoup à apprendre, nous ressemble tous.

Je dédie cette Valse no.2 à tous ceux qui veulent la paix, russes, ukrainiens et tous leurs voisins. Parfois, il ne reste que la musique à partager pour atténuer la souffrance.

Chostakovitch, Dimitri (1906-1975) Les Concertos pour violon. Christian Tetzlaff.

Posted in Chostakovitch with tags on 6 décembre 2015 by René François Auclair

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Concerto op.129 (1967)

Helsinki Philharmonic.

John Storgards, direction.

 

 

Enregistré en nov.2013 au Helsinki Center, Finlande.

Ondine. 2014. ODE 1239-2. 68m.23s.

Appréciation: Sommet du Parnasse ******

Passacaille du concerto no.1 op.77

Burlesque du concerto no.1 op.77

Nous ne pouvons pas passer sous silence ce disque apparu en fin septembre 2014. Un grand disque, que nous avons pris le temps d’apprivoiser…Et ce n’est qu’en de rares occasions que nous le retrouverons, comme pour nous préserver, à cause notamment du grand impact dramatique qu’il produit sur l’auditeur…

La musique de Chostakovitch s’écoute comme un film de guerre! Il faut savoir en décoder le langage, formidable en effusion de sarcasmes désespérés, de folies sauvages dans un siècle tourmenté. Elle est définitivement axée sur le présent, à mille lieux des salons bourgeois et du romantisme confortable du siècle précédent. C’est plutôt sur un sentier jonché de cadavres que Chostakovitch puise son inspiration. Artistes, travailleurs, intellectuels, tous liquidés par des politiques insensées, inhumaines, diaboliques…

Chostakovitch a payé cher de sa santé mentale et physique. Insomnies, maladies, crises cardiaques…pourtant il n’a cessé d’écrire et de condamner, à ses dépends, cette folie humaine. Il en ri souvent comme pour s’en guérir (étonnant Burlesque op.77). Exclamations grotesques et virulentes, ces concertos pour violon, dédiés au légendaire David Oistrach, sont aussi un hommage aux hommes de son temps, en particulier aux innombrables juifs dont il sympathise la perte. Nous en reconnaissons parfois les allusions par le rôle qu’il donne à l’instrument, véritable témoin d’un génocide qui nous atteint encore.

En parallèle de ce discours, il y a une vérité bouleversante, un fond de Requiem émouvant et contemplatif (Passacaille). Souvent, Tetzlaff nous transporte à la limite de l’impossible, au bord d’un précipice vertigineux. L’art de Chostakovitch est ici complètement déchaîné. Désormais, plus personne ne saurait le taire. Tetzlaff laboure ces champs de l’horreur par une violence indescriptible. Mais au travers de ces sillons, la beauté apparaît heureusement. Un sommet.

 

Chostakovitch, Dimitri (1906-1975) Concertos pour piano. Anna Vinnitskaya.

Posted in Chostakovitch on 27 novembre 2015 by René François Auclair

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Concerto op.102 (1957)

Concertino pour deux pianos op.94

Tarantella pour deux pianos.

Anna Vinnitskaya et Ivan Rudin, pianos. Kremerata Baltica.

Enregistré à Dresde en sept.2014. Alpha/Outhere. 2015. Alpha 203. 50m.

Appréciation: Superbe *****

Allegro du concerto op.102

Andante du concerto op.102

Tarentella pour deux pianos.

Lors d’une scène du récent film Bridge of Spies de Steven Spielberg, un espion russe des années 50 écoute la radio en prison… C’est l’Andante d’un concerto de Chostakovitch, l’opus 102, composé pour le 19e anniversaire de son fils Maxime. La surprise est de taille, car la musique, d’un lyrisme mélancolique prenant, semble à des années-lumière de l’univers troublé du compositeur. Musicien à la fois suspecté et utilisé par le régime stalinien, Chostakovitch a vécut longtemps dans le mensonge et la terreur…

Mais ce disque splendide envoie un tout autre message. Celui d’un homme plein d’humour, qui se livre dans une musique insouciante et légère. Il y a bien entendu, quelques sarcasmes moqueurs des formes classiques du concerto, puisant parfois dans Beethoven ou Tchaïkovsky, entre autres. Mais cette manière très 20e siècle de traiter la musique est stimulante, grâce notamment à l’emploi du caractère percussif du piano.

L’interprétation est de haute qualité, tant par l’orchestre que par l’excellente pianiste russe Vinnitskaya, véritable initiatrice de ce projet. On aimerait entendre plus souvent ces oeuvres en concert! Chostakovitch est un créateur près de chacun de nous. Décédé il y a à peine 40 ans, il fait partie de nos univers contemporains. Belle découverte.

Quelques suggestions pour le Temps des Fêtes. Car il n’y a pas que le Messie…

Posted in Chostakovitch, Jenkins K., Musique de Noël, Rutter, Saint-Saëns, Strauss J. on 5 décembre 2014 by René François Auclair

617V-ryN4fL                                                                                                                                                                                                          Saint-Saëns (1835-1921) Oratorio de Noël op.12. Ensemble Vocal Rastatt. Holger Speck. Carus.2006.83.352

C’est un jeune Saint-Saëns de 25 ans qui a composé cette très belle œuvre, encore méconnue ici. C’est à partir de Bach que le compositeur français à puisé son inspiration. Il a choisi des textures instrumentales d’une grande douceur, comme la harpe et l’omniprésence de l’orgue. Un petit ensemble à cordes suffit, quelques voix traitées avec sobriété, et voilà que la magie de Noël fait son œuvre. Superbe. 

Prélude pour cordes et orgue

Alléluia pour solistes, cordes et orgue

51Q60QZT1ML                                                                                                                                                                                                             John Rutter (n.1945) Requiem et Magnificat. Cambridge Singers. John Rutter.Collegium Records. 1986-91. CSCD504.

Cette messe des morts est l’œuvre la plus connue de Rutter. Le chef britannique et fondateur des Cambridge Singers a suivi les pas de Gabriel Fauré, en offrant un Requiem d’une grande douceur. Mais les ambiances pastorales (sublime Pie Jesu) qui colorent cette œuvre donnent l’impression d’y voir des scènes de la Nativité. Ce Requiem devient alors un hommage en fin d’année pour tous ceux qui nous ont quittés. Réconfortant.

Pie Jesu

Sanctus

41dtw9WCPnL                                                                                                                                                                                                              Karl Jenkins (n.1944) Motets. Polyphony. Stephen Layton.D.G.2014.4793232.

Cet ex-membre du groupe rock progressif Soft Machine des années 70 est devenu un compositeur très respectable, surtout dans la musique de chœur. En comparaison d’Arvo Pärt, la musique de Jenkins est moins austère, très accessible et souvent d’une beauté émouvante. Ces motets a cappella restent près des racines traditionnelles du choral anglais, mais sont subtilement harmonisés au goût du jour. Les titres évocateurs de plusieurs pièces se marient fort bien à l’Esprit de Noël. Ces hymnes d’une grande beauté font l’effet d’un émerveillement continuel. Quiconque veut se laisser bercer par ces musiques y trouvera un baume pour son âme. Magnifique.

Ave Maria

Lullay

71tZIMeoOoL__SX522_                                                                                                                                                                                         Shoka.Chansons japonaises pour enfants. Diana Damrau. Nagano/OSM. Analekta.2014. AN29131.

Cela à beau parler de cerisiers en fleurs, de rivières coulant des montagnes, de la lune sous les étoiles; ces charmantes mélodies pour enfants et le ton lumineux qui s’en dégage nous font penser à Noël! La présence du beau Chœur d’Enfants de Montréal y est pour quelque chose. La voix étonnement sobre de Damrau, et les fines orchestrations du compositeur français Jean-Pascal Beintus font de ce disque charmant une agréable surprise. 

Moon in the rain

Burning sunset

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Il n’y a pratiquement rien de jazzé dans ces suites, mis à part leurs instrumentations qui demandent un orchestre de « variété ». Cette musique festive n’évoque pas du tout Noël. Mais après la messe de minuit, c’est la fête qui commence! Et quoi de mieux que les traditionnels polkas, valses et foxtrot pour célébrer le solstice d’hiver. Chostakovitch a trouvé, dans ces musiques divertissantes, une force exutoire à ses nombreux tourments sous un régime de terreur. La Valse no.2 est la plus connue. Irrésistible dans son élan et son inspiration, cette pièce à elle seule, emporte au loin tous nos problèmes de l’année! Prise de son extraordinaire.

Polka

Waltz no.2

51qF-O98XcL                                                                                                                                                                                                        Johann Strauss (1825-1899) Waltz. Willi Boskovsky. Wiener Philharmoniker.Decca.1958-1976. 443473-2.

Le fameux Concert du Nouvel An au Musikverein de Vienne est une tradition bien ancrée depuis des décennies. Le chef Willi Boskovsky est celui qui l’a le plus dirigé entre 1955 et 1979. Au programme, des valses de Strauss bien sûr! Pour célébrer la fin d’une année et en commencer une autre, cette anthologie est la meilleure depuis plus d’un demi-siècle! Vivacité des rythmes, pulsations mordantes, ces valses n’ont rien perdu de leur sève juvénile. Irrésistible.

Frühlingsstimmen

Wiener Bonbons