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Marais, Marin (1656-1728) Badinages. Mélisande Corriveau. Eric Milnes.

Posted in Marais with tags on 11 avril 2020 by René François Auclair

Pièces du Quatrième Livre (1717).

Mélisande Corriveau, basse de viole Barak Norman (1691).

Eric Milnes, clavecin Yves Beaupré (2016) selon un modèle flamand.

Enregistré à Église St-Augustin, Mirabel en juin 2019.

Atma Classique. 2020. ACD2 2785. 52m.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Prélude en ré majeur

Le Badinage

Fête Champêtre

Le grand Marin Marais, l’un des plus illustres compositeurs français, a écrit plus de 500 pièces pour la viole de gambe. Entre 1686 et 1725, il publia cinq livres consacrés à cet instrument unique. Les timbres délicats de la viole ont fait de l’instrument le médium parfait des confidences, de la solitude et du confinement. En ces temps de pandémie, se retrouver avec soi-même et une viole de gambe peut faire le plus grand bien!

L’instrument joué par Mme Corriveau est un magnifique Barak Norman construit à Londres en 1691. La violiste, fidèle collaboratrice de plusieurs ensembles baroques, s’est finalement offert la totale avec ce disque émotif, sensible, qui fascine autant qu’il réconforte. Son art, parfaitement maîtrisé, libre et intuitif, généreux en inflexions tendres et passionnées, est agrémenté par des ornements d’une finesse exquise. Les notes aiguës frémissantes, frottées d’un crin parfois imperceptible, portent en elles une indicible beauté. Eric Milnes, subtilement en retrait, met en valeur la musicienne par un clavecin aux intonations douces et réservées.

Le choix des pièces peut se voir comme un hommage aux plus grands violistes qui l’ont précédé. Il y a bien sûr Jordi Savall, encore omniprésent dans l’air de Tous les matins du Monde. Ces pièces familières semblent bien lointaines maintenant. Avouons-le sans ambages, Mélisande Corriveau a décroché ces vieux draps sombres que le très austère Savall avait imposé aux scènes du film. En dépoussiérant le répertoire, elle a instauré une fraîcheur nouvelle à l’oeuvre de Marais. La dernière pièce du disque, Les Voix Humaines n’est pas là pour rien. Certainement, ce choix délibéré est une salutation sincère et bien sentie d’une collègue envers ses amies musiciennes. Cet ensemble bien connu, fondé à même le génie de Marin Marais, fait encore chanter ses violes à travers le temps.

 

 

 

 

Marais, Marin (1656-1728) Suites pour hautbois. Christopher Palameta.

Posted in Marais on 13 mai 2015 by René François Auclair

Six suites tirées des Second, Troisième et Quatrième Livres de Pièces de Violes. Christopher Palameta, hautbois baroque de M.Ponseele d’après Hotteterre c.1710. Eric Tinkerness, basse de viole. Romain Falik, guitare et théorbe. Lisa Goode Crawford, clavecin. Enregistré à Paroisse St-Léon, Paris en avril 2014. Audax Records. 2014. 13702. 58m.38s.

Appréciation: ***

Suite en do majeur Troisième Livre 1711:

Prélude

Courante

Gigue

Marin Marais encourageait les transcriptions de ses pièces de violes, sûrement en des vues mercantiles. Les adapter au hautbois est tout à fait légitime. Cependant, transposer un instrument de sept cordes aux sonorités si singulières vers un un autre, monodique, tient plutôt de la réduction. Dans ce cas, le dépouillement de cette musique si riche perd inévitablement de sa valeur…

Cela n’enlève rien à la beauté du hautbois baroque. On apprécie les douces rondeurs et la suavité du chant. On aime l’élégance gracieuse du baroque français sur un instrument rarement entendu dans ce répertoire. Palameta est sûrement l’un des meilleurs hautboïstes sur la scène de la musique ancienne. Mais l’oreille humaine étant ainsi faite, elle se lasse bien vite des mêmes intonations, et l’écriture de Marais semble tout à coup bien superficielle.

Il aurait été préférable d’y associer un ou deux autres compositeurs, et même à la rigueur, quelques pièces de violes isolées pour en enrichir la variété. Loin de la mélancolie troublante de la viole, le hautbois apporte tout de même à cette musique, une légèreté et une couleur différente.