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Rott, Hans (1858-1884) Orchestral Works vol.1 Gürzenich Orchester Köln.

Posted in Rott on 24 octobre 2020 by René François Auclair


Hamlet Ouverture (1876)

Suite en mi majeur (1878)

Prélude pour Julius Casar (1877)

Prélude Orchestral en mib majeur (1877)

Prélude Pastoral en fa majeur (1880)

Christopher Ward, direction.

Enregistré au Studio Stolberger, Cologne, en janvier 2020.

Capriccio. 2020. C5408. 51m.44s. Appréciation: Superbe*****

Hamlet Overture

Prélude Orchestrale en mi majeur

Scherzo et Finale de la Suite en Sib majeur

« Ce que le monde de la musique a perdu avec sa mort est au-delà de toute estime. » (Gustav Mahler)

Jusqu’à récemment, on connaissait peu de choses sur la courte vie du compositeur viennois Hans Rott, décédé à 25 ans seulement. Pendant ses années d’études au Conservatoire, il fut l’un des élèves préférés de Bruckner. Il eut, comme collègues, les compositeurs Gustav Mahler, Hugo Wolf et Rudolf Krzyzanowski.

Avant même d’avoir atteint ses vingt ans, Rott avait déjà composé, comme travaux d’étude, des pièces importantes pour grand orchestre. En découvrant ces oeuvres, on peine à croire qu’elles ont été écrites par un adolescent. Il est évident que sa musique a grandement influencé Mahler, dont il emprunta quelques idées par la suite. Ce dernier déclara que Rott avait été pour lui, le « fondateur de la Symphonie Nouvelle comme je l’entends ».

L’influence de Wagner est profonde chez le jeune homme. Elle se révèle dans la plupart des pièces, comme cet admirable, mais trop bref Prélude Orchestral en mi majeur. Le thème initial est noble et puissant, digne du Tannhäuser du maître de l’opéra de Bayreuth. L’Ouverture Hamlet est également impressionnante. L’ambiance sombre du début évoque le personnage tourmenté de Shakespeare. Puis on entre littéralement dans l’action à mesure que se développe une belle suite d’idées thématiques. Dans cette seule pièce, on perçoit tout le talent dont fait preuve le jeune compositeur. Cette oeuvre est entendue ici pour la première fois et complétée par le musicologue J.V. Schmidt.

La musique de Rott, bien qu’embryonnaire, annonce de grandes compositions qui ne verront jamais le jour. Il est tragique de penser que ce génie fut sévèrement atteint par une maladie psychiatrique. Incapable de composer, affaiblit et misérable, il ne survécut pas à la tuberculose qui l’emporta dans un asile de Vienne en 1884.

Un siècle de silence sépare son décès de la découverte d’une grande symphonie manuscrite par le musicologue Paul Banks à la Bibliothèque Nationale d’Autriche. C’est alors que l’intérêt pour sa musique n’a cessé de grandir comme en fait foi quelques enregistrements récents et ce premier volume consacré à lui par le label Capriccio.

La direction de l’Orchestre Güzernich de Cologne est d’un style ample qui embrasse la tradition. L’ensemble possède un sens profond des couleurs, qui parfois prennent des tons ténébreux. Et ces cuivres! Dignes des plus grands orchestres, ils nous interpellent et clament leurs accents wagnériens sans demi-mesure. Le jeune chef britannique Christopher Ward (n.1980) a su exploiter et utiliser tous les atouts de cet ensemble estimé. Et maintenant, après ce premier coup de coeur, on attend avec impatience le second volume qui présentera sûrement l’oeuvre maîtresse qui révéla Hans Rott au monde de la musique: la Symphonie en Mi majeur composée entre 1878-80.