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Viola Concertos. CPE Bach/JG Graun. Mathis Rochat.

Posted in Bach CPE, Graun, J.G. on 19 février 2024 by René François Auclair

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Carl Phillip Emmanuel Bach (1714-1788) Concerto wq.171 en Sib majeur, arrangé pour alto par M.Rochat.

Johann Gottlieb Graun (1703-1771) Double concerto en Do mineur pour violon et alto et Concerto pour alto en Mib majeur.

Mathis Rochat, alto Vidoudez, Genève 1949.

Stephen Waarts, violon.

Camerata Schweiz dirigé par Howard Griffiths.

Enregistré à l’Église Oberstrass, Zurich en 2022.

Ingénieur de son: Bernhard Hanke.

CPO. 2024. 555613-2. 62m.03s Appréciation: Très Bien****

Allegretto wq.171 de CPE Bach

Allegro pour violon et alto de JG Graun

Allegro assai de JG Graun

L’attrait principal de ce disque CPO est l’arrangement pour alto du concerto pour violoncelle de CPE Bach wq.171 en Si bémol majeur. L’altiste franco-suisse Mathis Rochat a respecté la tonalité d’origine, mais a utilisé un diapason un peu plus élevé que les interprétations à l’ancienne. En comparant d’autres versions, c’est ce que j’ai pu noter. (Bylsma, Suzuki, Dieltens par exemple).

Instrument plutôt dédié à l’accompagnement, l’alto a des interventions solistes plutôt rares. Il est le complément harmonique essentiel dans un orchestre. Il a une voix bien à lui, au timbre particulier. Entre deux zones de tessiture, ni aigüe ni grave, l’alto a finalement trouvé sa place au sein du quatuor à cordes où il est devenu un membre à part entière.

À l’entendre en solo dans ces concertos de la période dite rococco, il semble s’y plaire énormément! L’alto convient à merveille à ces oeuvres. Dans le cas de ce concerto de Bach, beaucoup enregistré, il lui confère une légèreté nouvelle, une clairvoyance de chaque note, sans en négliger l’expression à fleur de peau, typique du style sensible du grand Emmanuel. La gravité habituelle du violoncelle fait plutôt place ici à une interprétation plus lumineuse et aérienne de cette oeuvre très connue.

Mathis Rochat s’exécute avec une précision infaillible, méticuleux et vif, soigné dans les moindres détails. La belle prise de son lui offre un bel éclairage, le valorisant constamment à notre oreille. Que du plaisir! L’ensemble de chambre Camerata Schweiz, d’une cohésion indiscutable, l’accompagne par une rythmique soutenue et discrète, minutieusement articulée. Howard Griffiths, maestro d’expérience, semble avoir misé sur la sagesse et la retenue, et de ce fait, privé ces musiques de quelques épanchements passionnés. Tout de même une belle réussite, exemplaire et sans faille.

Graun, J.G. (1703-1771) Trios. Ensemble Les Récréations.

Posted in Graun, J.G. on 19 août 2018 by René François Auclair

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Quatro avec viole de gambe en sol mineur

Trio pour clavecin et alto en do mineur

Trio pour deux violons et continuo en Sol majeur

Enregistré à l’église St-Joseph en Frasne-le-Château en 2010

Raumklang. 2012. RK2008. 70m.29s.

Appréciation: Superbe*****

Adagio du trio en do mineur 

Piu tosto allegro du quatro en sol mineur

Allegro ma non troppo  pour alto et clavecin en do mineur

Allegro du trio en sol majeur

Johann Gottlieb Graun était un musicien réputé en son temps. Avec son frère Carl Hendrich, il a fait partie de l’orchestre de la cour royale de Frédéric de Prusse au milieu du 18e siècle. À l’instar de son frère qui a composé surtout pour l’opéra, Johann Gottlieb a beaucoup écrit de musique instrumentale. On a retrouvé de lui une quantité formidable de manuscrits, dont plus de 130 trios! Sa réputation de violoniste virtuose était telle que J.S.Bach n’hésita pas à lui confier son fils Wilhelm Friedmann pour l’apprentissage de l’instrument.

La musique de J.G. Graun est à classer dans la période tardive du baroque. Il y a beaucoup de sensibilité dans sa manière de composer. Les harmonies complexes des voix supérieures sont souvent traitées avec une pleine recherche d’effets émotifs. Il y a ici la présence d’une musique d’une qualité surprenante qui rejoint celle du grand Bach. Les deux violons sont en dialogue constant, s’enlaçant ou s’éloignant l’un de l’autre furtivement pour ensuite se réunifier à nouveau. L’atmosphère est chargée d’un noble pathos où l’auditeur n’a jamais l’impression d’être enfermé dans un contrepoint trop savant. Graun a donné à ces pages la liberté et la fluidité d’une musique qui est beaucoup plus qu’un simple divertissement. Comme disait son collègue C.P.E. Bach: « Il faut toucher le coeur avant tout. »

Les musiciens s’exécutent au sein d’une vaste réverbération qui dissout un peu le langage musical. Mais l’évanescence de cette acoustique apporte également une aspect quasi-mystique à l’ensemble. Il est relevé par un art du violon extrêmement raffiné. Il y a plusieurs morceaux dignes de mention sur ce disque unique. Comme cette rare sonate pour alto et clavecin, longue élaboration de pur empfindsamkeit, qui semble à elle seule, annoncer la fin de cette grande période de la musique ancienne. Captivant.