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Karlsons, Juris (n.1948) Oeuvres chorales sacrées. Latvian Radio Choir. Sigvards Klava.

Posted in Karlsons, Juris with tags on 1 décembre 2019 by René François Auclair

Oremus (2018).

Adoratio (2010) pour choeur et orchestre.

La lagrime dell’anima (2013).

Ora pro nobis (2019).

Sinfonietta Riga. Latvian Radio Choir.

Sigvards Klava, direction.

Enregistré à St-John’s Church, Riga entre 2014 et 2019.

Ondine. 2019. ODE 1342-2. 65m.30s.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Ora pro nobis

Adoratio (extrait début et fin)

Juris Karlsons est un compositeur de la Lettonie. Ce petit pays de l’Europe du nord est situé entre la Lituanie et l’Estonie sur le bord la mer Baltique. Sa population est de seulement 2 millions d’habitants. Selon les statistiques, 50% des lettons auraient accès à l’éducation musicale dès l’enfance. Cela fait beaucoup de personnes qui connaissent et pratiquent la musique! Les gens participent activement à toutes sortes de festivals à travers le pays. Karlsons demeure jusqu’à ce jour, l’un de ses compositeurs les plus connus.

Ce disque admirable présente quelques oeuvres sacrées de Karlsons. La première impression est celle de la pureté des sons, autant par l’interprétation chorale et orchestrale, qui est ici d’une sublime perfection. Adoratio est l’oeuvre la plus substantielle de l’album. C’est une symphonie pour choeur et orchestre. Elle débute par un lento instrumental auquel s’ajoute au fur et à mesure le choeur, en différentes strates harmoniques fascinantes.

Puis un récitant déclame fortement des mots de la liturgie auquel répondent, comme des fidèles, les voix entremêlées du choeur au-dessus des cordes. Il en résulte un climat étrange, extatique. On est en présence de différentes influences, du chant grégorien et de la renaissance en passant par Ligeti, Pärt, Schnittke, liés ensemble par une sorte de magie inexplicable. Le point culminant de l’oeuvre est un clash de percussions démentielles, comme si on se retrouvait tout à coup devant un grand vide cosmique. L’effet est terrifiant. C’est un vertige musical que j’ai rarement éprouvé.

Après ce climax imposant, les sonorités du début de l’oeuvre reviennent doucement dans une ambiance sereine, se réconciliant au Grand Tout, digne des plus belles oeuvres symphoniques de Mahler. Adoratio est certainement une des plus puissantes compositions du post-modernisme qu’il m’a été donné d’entendre. Un chef-d’oeuvre d’aujourd’hui qui se poursuivra vers le futur incertain de nos civilisations.