Archive for the Saint-Saëns Category

Danse Macabre. Orchestre Symphonique de Montréal. Kent Nagano.

Posted in Saint-Saëns on 19 octobre 2016 by René François Auclair

71lcpd6chl-_sl1200_Dukas: L’apprenti sorcier. Dvorak: La sorcière du midi.

Mussorgsky: La nuit du Mont Chauve. Balakirev: Tamara.

Saint-Säens: Danse macabre. Ives: Halloween.

Enregistré à la Maison Symphonique en octobre 2015.

Decca. 2016. 4830396. 69m.26s. Appréciation: Superbe*****

Danse macabre de Saint-Saëns 

Enregistré devant public en octobre 2015, ce concert d’Halloween est le deuxième disque de la nouvelle collaboration de l’orchestre montréalais avec la maison Decca. On aime la qualité de la présentation du livret, attrayante et séduisante, tout à fait à l’image de l’OSM, orchestre toujours élégant et raffiné. Nagano a su garder intact cette personnalité très franche que Dutoit avait élaboré à l’époque. Cela s’entend à merveille.

L’équipe technique derrière cette production live n’a pas changé depuis les débuts de la Maison Symphonique en 2011. Mais le résultat sonore s’est grandement amélioré. On a gagné en définition générale et en rondeurs généreuses. Les contrebasses sont ainsi beaucoup plus dynamiques, bondissantes et vivantes.

Cependant, j’ai comparé, et c’était un inévitable plaisir diabolique de le faire, les enregistrements de Dutoit dans les mêmes œuvres. Captées il y a plus de trente ans, j’ai constaté à quel point le Decca de cette époque était un modèle de clarté irréprochable, tant dans la prise de son que dans le phrasés de l’orchestre. C’est précis et percutant. Avec Nagano, La nuit du Mont Chauve semble bien sage, pendant que Dutoit en extrait de viriles pulsations russes, racées et dynamiques. Au lever du jour, lorsque que la lumière chasse les ombres funestes, Nagano attendrit les mélodies et c’est vraiment très beau…mais on n’entend à peine la cloche de la section des percussions. Pourtant ces notes fugaces ont toutes leur importance à ce moment particulier!

La Danse Macabre est tout à fait réussie dans les deux cas. Andrew Wan est formidable en petit diable. D’une présence holographique, il prend vie devant nous. On l’entend même respirer d’intensité durant sa prestation. Par contre, du côté de Dutoit, les notes du xylophone, en paquet d’os amusants, sont beaucoup plus visibles dans leur petite danse morbide!

Bref, et cessons ici les comparaisons, cet album est dans l’ensemble très satisfaisant, différent d’un passé encore cristallisé pour certains mélomanes. Mais vivant au présent, l’OSM demeure un orchestre merveilleux. Ce disque d’Halloween, à défaut de faire peur, nous permet un survol bienheureux des différents contes et folklores à travers le monde. Une belle mascarade de musiques.

 

Saint-Saëns. (1835-1921) Concertos pour violoncelle. Carnaval des Animaux.

Posted in Saint-Saëns on 16 janvier 2016 by René François Auclair

71yI4stezJL._SL1417_Concertos no.1-2 op.33 et op.119

Le Carnaval des animaux.

Caprice-Valse op.76 Wedding-Cake.

Africa op.89 pour piano et orchestre.

Truls Mork, violoncelle Montagnana 1723, Venise.

Louis Lortie et Hélène Mercier, pianos. Bergen Philharmonic. Neeme Järvi, direction.

Chandos. 2016. CHSA 5192. 75m.32s. Appréciation: Très bien ****

Allegro non troppo du concerto op.119

Carnaval des Animaux:

Aquarium

Le Cygne

Final

Africa op.89

Fort beau programme que contient ce disque consacré à Saint-Saëns. En premier lieu, le bien-aimé concerto op.33 composé en 1872. Une oeuvre belle, passionnée et imprévisible, car Saint-Saëns, en bon français, ne faisait pas les choses comme les autres. En marge de l’Allemagne, il propose une alternative au mouvement romantique du 19e siècle.

Truls Mork, réputé violoncelliste de Norvège, s’applique à produire un beau son robuste, comme bien d’autres… Ce qui le distingue est une grâce mélodique d’un tracé fait de sensualité. L’opus 33 est conçu pour mettre en valeur autant les qualités techniques du musicien, que d’exploiter toute l’étendue de l’instrument. L’opus 119 n’a pourtant pas le même impact. C’est un concerto difficile et exigeant, et pourtant on peine à en retenir un souvenir mémorable. Tout de même, du bon boulot de Saint-Saëns, qui à presque 70 ans, restait très habile de sa plume.

On connait tous le Carnaval des Animaux,  »une plaisanterie entre amis », que Saint-Saëns refusait de publier. Cette série de pièces amusantes est toujours des plus agréable. Les musiciens, tous ici prestigieux, s’amusent totalement et parfois brillent de tout leurs feux. Africa op.89 est tout aussi exotique, laissant échapper quelques mélodies maghrébines. Saint-Saëns reste toujours de bon goût et souvent le charme s’opère. Grand voyageur, il n’hésite pas à emprunter des thèmes culturels de chaque pays qu’il a visité. Signalons Louis Lortie dans cette pièce, qui est épatant comme toujours.

Quelques réserves à propos de la prise de son. L’orchestre de Bergen semble parfois confus et rondouillard. Pourtant Chandos fait presque toujours un travail exemplaire à ce niveau. Notons aussi la direction du vénérable Neeme Järvi, toujours juste et soignée… En comparaison, je préfère la version de Stéphane Tétreault et Fabien Gabel dans le concerto op.33 (Analekta). Tétreault y insuffle un je-ne-sais-quoi de personnel et fiévreux. Et son instrument semble supérieur en tout point.

Comparaison: Le Cygne. Stéphane Tétreault.https://www.youtube.com/watch?v=dmCENy94_bE&feature=youtu.be

Saint-Saëns, Camille (1835-1921) Les Concertos pour violon. Andrew Wan. OSM.

Posted in Saint-Saëns on 7 novembre 2015 by René François Auclair

51xa1ZhIbdLConcerto op.20 en la majeur.

Concerto op.58 en do majeur.

Concerto op.61 en si mineur.

Enregistré « live » à la Maison Symphonique, nov.2014.

Andrew Wan, violon Bergonzi 1744. OSM, Kent Nagano.

Analekta. 2015. AN2 8770. 74m.06s.

Appréciation: Superbe *****

Andantino quasi allegretto op.61

Molto moderato/Allegro non troppo op.61

On l’a tous remarqué aux concerts de l’OSM. Petit de taille avec un air d’éternel collégien à lunettes. Mais la chaise la plus prestigieuse de l’orchestre lui appartient. C’est lui le « concertmaster » depuis 2008. À l’âge de 24 ans, il fut choisi en vue de remplacer le vénérable Richard Roberts qui est au sein de l’OSM depuis une trentaine d’années. Nagano a déclaré que Wan « possède toutes ces qualités qui ne peuvent s’enseigner… » C’est tout dire.

Si l’on peut décrire Andrew Wan en un seul mot… Présence! À l’avoir entendu en récital ou en concert, on le sent continuellement habité par la musique. Il en est tout investi, physiquement et mentalement. Son langage corporel en dit long sur son engagement envers la musique. Tout son être semble vibré de cordes invisibles en fusion avec son formidable instrument Bergonzi 1744. Ce qu’il en extrait? Des sonorités extraverties et conquérantes. C’est également l’art de captiver tout un auditoire par une musicalité vibrante.

Les trois concertos de Saint-Saëns lui vont à merveille. Musique française ouverte sur différentes influences, en marge des formes rigoureuses de l’ère austro-allemande, l’oeuvre de Saint-Saëns est plus libre d’inspiration, fraîche et pétillante. Faite de virtuosités aériennes dont Wan se délecte avec une facilité déconcertante, cette triade pour violon et orchestre s’envole souvent très haut. Et enfin, la prise de son semble avoir gagné en présence elle aussi! Ça respire beaucoup et c’est parfaitement bien dosé entre le solo et l’orchestre. L’équipe d’ingénieurs a définitivement apprivoisé l’ambiance de la Maison Symphonique et le résultat est sensationnel. Un triomphe!

Haydn, Schubert, Brahms. Stéphane Tétreault, violoncelle. Marie-Ève Scarfone, piano.

Posted in Brahms, Haydn, Saint-Saëns on 4 septembre 2015 by René François Auclair

611xcWL0KOLDivertimento en ré de J.Haydn

Sonate « Arpeggione » de F.Schubert

Sonate op.38 de J.Brahms

Stéphane Tétreault, violoncelle Stradivarius 1707.

Enregistré à l’Église St-Augustin de Mirabel, Québec en oct.2014.

Analekta. 2015. AN2-9994. 66m.31s.

Appréciation: Superbe*****

Allegretto de la sonate Arpeggione de Schubert

Allegretto quasi menuetto de Brahms

Un fort beau récital tout en contrastes. À l’entrée il y a Haydn, le bien-heureux qui nous accueille. La conclusion est réservée à Brahms qui, malgré ses sombres états d’âme, offre à l’auditoire l’apothéose d’une sonate intense et difficile. Au coeur de ce programme se trouve le bien-aimé Schubert. Et c’est là que le jeune violoncelliste s’y livre avec tout l’amour et l’ineffable sens de la musique dont il maîtrise déjà à 22 ans… Autant il affectionne avec évidence la sonorité voluptueuse de son instrument, autant il se donne sans concession dans la plus admirable sonate qui a été composée pour l’arpeggione, ou communément appelé « guitare d’amour« …

L’oeuvre, dont le manuscrit original semble indiqué qu’il a été écrit avec empressement, est une sonate de forme libre, une quasi-fantaisie, irrégulière en rythmes, mais constamment mélodieuse, un art dont seul Schubert, malgré une vie rongée par la maladie et le désespoir, nous fait encore énormément de bien. Stéphane Tétreault et Marie-Ève Scarfone se suivent et se complètent très bien sur ces vagues incessantes, imprévisibles mouvements d’une musique qui s’abandonne totalement dans un chant libéré de toute contrainte.

Et c’est lorsque notre regard ne se pose plus sur l’artiste mais sur la musique elle-même, qu’on se rend compte de l’immense talent du violoncelliste. Cette façon de chanter chaque note, de sublimer le temps d’une mesure, de ralentir une cadence pour en faire surgir une émotion…on appelle cela de l’Art tout simplement. Probablement la plus belle version de l’Arpeggione que nous avons entendu jusqu’à ce jour et pour bien longtemps…

La prise de son, qui rend justice aux médiums et basses fréquences des instruments, a beau nous offrir une certaine douceur dans l’ensemble, mais manque un peu de transparence dans les hautes. Cela gâche quelque peu notre plaisir. On aurait aimé un meilleur traitement pour ces excellents artistes. On ne comprend pas encore pourquoi Analekta semble vouloir s’attacher à ce genre d’acoustique un peu brumeuse. Dommage…on était si près du ciel.