Strauss, R. (1864-1949) Les Quatre derniers Lieder. Jessye Norman. Kurt Masur.
Vier letzte Lieder
Orchesterlieder
Enregistré à Gerhardt Kirche, Leipzig en août 1982.
Orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Kurt Masur, direction.
Philips/Decca. 1983. 475 8507. 46m.05s.
Appréciation: Sommet du Parnasse******
Im Abendrot
L’album est paru il y a 35 ans. Il est demeuré l’un des plus grands de l’histoire du disque. Jessye Norman est au sommet de son art. Elle a alors 37 ans. Elle est noire et américaine. Elle chante en allemand. Mais lorsqu’elle reprend les quatre derniers lieder, tout s’estompe, les frontières entre les humains s’évanouissent. C’est l’amour de la musique qui triomphe.
Im Abendrot est comme un crépuscule des dieux qui s’éteint doucement. Il nous transporte avec lui vers l’infini. Lorsque les alouettes se dessinent aux flûtes dans les dernières mesures, c’est le moment ultime de béatitude qui nous berce. Un instant de perfection. Kurt Masur a offert à ce poème une respiration symphonique d’une ampleur inégalée, d’une longueur ineffable. C’est la mort, transfigurée par la beauté. Indispensable.
Im Abendrot (Dans le rouge du couchant) de Joseph von Eichendorff (1788-1857)
A travers les peines et les joies,
nous avons marché, la main dans la main.
Maintenant nous nous reposons tous deux
dans le pays silencieux.
Autour de nous les vallées s’inclinent,
déjà le ciel s’assombrit.
Seules, deux alouettes s’élèvent,
rêvant dans l’air parfumé.
Viens-là et laisse les tournoyer.
Bientôt il sera l’heure de dormir.
Viens, que nous ne nous perdions pas
dans cette solitude.
Ô calme incommensurable du soir,
si profond dans le rouge du couchant !
Comme nous sommes las de marcher !
Est-ce peut-être ceci la mort ?
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