Nielsen, Carl (1865-1931). Les Symphonies. Danish National Symphony. Fabio Luisi.

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Symphonie no.1 en sol mineur op.7 (1892)

Symphonie no.2 Quatre Tempéraments op.16 (1902)

Symphonie no.3 Espansiva op.27 (1911)

Symphonie no.4 Inextinguible op.29 (1916)

Symphonie no.5 op.50 (1922)

Symphonie no.6 Semplice (1925)

Enregistré entre 2019-2022 à Koncertsalen, Copenhagen.

Ingénieur: Bernhard Güttler.

DG. 2023. 00028948634842. 3cds. 3h36m.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro espansivo Symphonie no.3

Andante pastorale Symphonie no.3 (avec vocalises pour soprano et baryton) 

Finale/Allegro Symphonie no.3

Comment définir la musique du danois Carl Nielsen? Si l’on pouvait la simplifier en quelques mots je dirais…La rage de vivre! Il est l’un des plus grands symphonistes post-romantique. Ses oeuvres sont d’une densité extrême où s’oppose constamment de grandes forces. Sur la forme, ses symphonies suivent le modèle classique de Brahms. Mais sur le fond, c’est un volcan en ébullition! Pour y arriver, Nielsen va droit au but, comme le faisait Beethoven, mais dans un langage unique et sophistiqué. Hormis le Danemark et la Scandinavie, Nielsen reste encore mal représenté en concert. Il exige beaucoup de l’auditeur, mais donne beaucoup en retour. Sa Sinfonia Espansiva demeure la plus accessible. Ici au Québec, les nostalgiques se souviendront du générique des Beaux Dimanches à Radio-Canada, dont le thème du Final nous l’a fait découvrir, sans qu’on sache son nom.

Pétaradant de rythmes syncopés, de fugues puissantes, de motifs en multi-strates, sa musique est un tour de force tellurique, pas toujours facile à assimiler! Avec lui, le romantisme n’est plus. C’est le nouvel ère de l’humain qui s’exprime tel qu’il est face à un monde en plein bouleversement. Nielsen sait nous convier également à l’intérieur de ses émotions, de ses tempéraments et de ses rêves, inspirés des visions d’un monde métaphysique à atteindre (sublime andante pastorale de la 3e symphonie).

Face à ses propres luttes qu’il a vécues, sa séparation matrimoniale, la première guerre mondiale, ses remises en question nationaliste, Nielsen déploie tout un arsenal symphonique pour émerger de l’autre côté, blessé mais triomphant. En ce sens, il est le plus humain des compositeurs, un homme de notre temps (dévorante 5e symphonie!).

En décrivant sa 4e symphonie dite Inextinguible, il résuma en fait toute son oeuvre: « La Vie est, était, et sera dans la lutte, le conflit, la procréation et la destruction. Et tout revient. La musique est la vie et comme telle, inextinguible! »

L’équipe du Danish National Symphony connait évidemment très bien cette musique. Mais en leur adjoignant un chef italien, quelle était l’idée? Justement, quand on est trop familier à une chose, on a besoin d’un autre point de vue! Je trouve que cette collaboration fonctionne à merveille. Fabio Luisi fait chanter l’orchestre comme pas un dans ce répertoire souvent associé aux chefs scandinaves. En plus du dynamisme conquérant, il y a la splendeur du lyrisme et une rondeur de sonorité très satisfaisante. Et tant qu’à parler de sonorisation, celle-ci est absolument extraordinaire. L’une des meilleures que j’ai entendues. Sur une bonne chaîne stéréo, l’effet immersif est complet! Cette nouvelle version peut s’installer sans gêne au côté des plus grandes.

Versions de références: Berglund, Dausgaard, Neeme Jarvi, Blomstedt (Decca), Gilbert, Rozhdestvensky, Davis…

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