Beethoven. Les Sonates pour Piano. HieYon Choi.

Née à Incheon en Corée du Sud, HieYon Choi s’est par la suite installée en Allemagne pour parfaire son éducation musicale. Depuis, sa renommée s’est accrue de par le monde. Elle s’est produite en établissant un grand répertoire, surtout dédié à Beethoven qu’elle a souvent joué en concert.

Le jeu de madame Choi est nuancé et plutôt modéré dans ses tempis. Il y a une grande constance tout au long de cette magnifique intégrale qui lui a pris une dizaine d’années à enregistrer dans les meilleures conditions du Studio Teldex de Berlin. Le choix d’un grand piano Bösendorfer donne à ces sonates une clarté irréprochable aussi bien que des couleurs somptueuses. En fait, il est d’une splendeur sans égal. On aime l’aspect féminin que la musicienne confère aux oeuvres ainsi que la virilité et la puissance qu’elles exigent. Elle ne se gêne pas pour enfoncer fortement son Bösendorfer qui lui répond par des graves résonnantes comme des cloches d’église!

La première phase de Beethoven est absolument délicieuse sous ses doigts agiles, d’une articulation presque liquide, libérée des carrures qu’on a entendues souvent chez des pianistes masculins. En plus d’une main gauche particulièrement affirmée, qui éclaire la partition et définie parfaitement toute sa polyphonie, Mme Choi présente la musique de Beethoven avec beaucoup de sensibilité et de lyrisme. C’est vraiment très beau, paisible et souvent réconfortant.

Pour une intégrale de cette ampleur, il est peu fréquent que tout soit parfait ou entièrement satisfaisant pour un mélomane qui a déjà tout entendu de ces oeuvres depuis longtemps. De mon côté, pour l’instant, j’ai quelques réserves sur les dernières sonates. Le vertige et le déchirement émotif que possèdent ces ultimes pages me semblent moins palpables sous ses mains. Il y manque un brin de folie sauvage et d’abandon complet devant les grandes visions beethoveniennes. Elle y est presque arrivée, sans atteindre le point de rupture où tout bascule…(Voir Stephen Kovacevich!) Cependant, force est d’admettre que cette pianiste nous a ébloui dans la majeure partie de ces 32 sonates, et nous y reviendront souvent par la suite. Sur dix heures d’écoute, on peut prendre tout notre temps pour réévaluer! L’ère des dinosaures est terminée. Brendel est mort! Voici maintenant les jours de HieYon Choi, une des grandes de notre temps. Superbe prise de son.

Enregistré entre 2015-2023 au Studio Telex de Berlin.

Decca (Corée). 2025. 4859813. 10h11m.

Appréciation: Superbe*****

Scherzo et Rondo Grazioso de la Sonate op.2 no.2

Rondo Allegretto de la Sonate Waldstein op.53

Allegretto de la Sonate op.54

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