Brahms (1833-1897) Concerto pour violon op.77. Double Concerto op.102. Tianwa Yang et Gabriel Schwabe.
Concerto pour violon op.77 (1878)
Double concerto pour violon et violoncelle op.102 (1887)
Tianwa Yang, violon Guarnari del Jesu 1730.
Gabriel Schwabe, violoncelle Brescia 1600.
Deutshes Symphonie-Orchester Berlin. Antoni Wit, direction. Enregistré à Jesus-Christus-Kirche, Berlin en 2017.
Naxos. 2019. 8.573772. 72m.25s. Appréciation: Sommet du Parnasse******
Allegro non troppo du Concerto op.77
Andante du Concerto op.102
C’est l’un des plus grands concertos jamais écrit. Presque tous les grands violonistes, dont Joseph Joachim qui l’a exécuté le premier en 1879, s’y sont engagés. Considéré injouable par certains au 19e siècle, ce concerto symphonique est à la hauteur de la réputation de Brahms. Il contient tous les éléments du genre. Le romantisme grandiose, le culte de la pure performance et la vaste proportion de l’oeuvre sont tout à fait à l’image de Brahms. Les incroyables difficultés techniques sont par ailleurs toujours au service du ressenti et du discours musical. Il n’y a ici rien de gratuit. Ce qui s’y produit s’apparente au sacré et force le plus grand respect. Ce concerto pourrait se traduire comme un hymne à la vie en trois mouvements: Dramatique, bouleversant, triomphant.
Au catalogue discographique, les légendes du violon s’y succèdent. Le choix est grand. Presque tous des hommes, bien sûr. On pourrait classer les interprètes en trois catégories générationnelles. Dans la troisième section, beaucoup plus de femmes musiciennes au jeu plus raffiné, sensuel, sensible. Les temps changent. Le côté féminin de Brahms n’a jamais été aussi bien servi : Batiashvili, Fisher, Hahn, Jansen, Mullova, Mütter, Steinbacher…pour n’en nommer quelques unes.
Tianwa Yang, née en Chine en 1987, s’est installée par la suite en Europe pour y compléter sa formation. En la découvrant dans un vidéo promotionnel, elle explique, dans un allemand étonnamment impeccable, ses intentions au cour de l’enregistrement: utiliser la plus grande liberté possible, le sens du vécu et de l’instant présent. Sa prestation peut se décrire comme entière. Elle a une maîtrise complète de son instrument. Sa sonorité semble se former de l’intérieur, en profondes vibrations, puis se libère complètement vers l’extérieur. Elle irradie la musique. À la fois virile et féminine, l’énergie qui se dégage de cette musicienne est irrésistible.
La Deutsches Symphonie de Berlin est en fusion avec la musicienne. Supporté par l’acoustique légendaire de la Jesus-Christus Kirche, l’ensemble génère de grandes vagues sonores. Et la violoniste reste bien détachée du groupe, d’une réelle présence. En complément, le double concerto op.102, possède la même qualité d’interprétation. Gabriel Schwabe au violoncelle est puissant et aussi convaincant que Tianwa Yang. Mais l’opus 77 reste le plus grand de tous. Un sommet.
Votre commentaire