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Beethoven. Les Sonates pour Piano. HieYon Choi.

Posted in Beethoven on 3 août 2025 by René François Auclair

Née à Incheon en Corée du Sud, HieYon Choi s’est par la suite installée en Allemagne pour parfaire son éducation musicale. Depuis, sa renommée s’est accrue de par le monde. Elle s’est produite en établissant un grand répertoire, surtout dédié à Beethoven qu’elle a souvent joué en concert.

Le jeu de madame Choi est nuancé et plutôt modéré dans ses tempis. Il y a une grande constance tout au long de cette magnifique intégrale qui lui a pris une dizaine d’années à enregistrer dans les meilleures conditions du Studio Teldex de Berlin. Le choix d’un grand piano Bösendorfer donne à ces sonates une clarté irréprochable aussi bien que des couleurs somptueuses. En fait, il est d’une splendeur sans égal. On aime l’aspect féminin que la musicienne confère aux oeuvres ainsi que la virilité et la puissance qu’elles exigent. Elle ne se gêne pas pour enfoncer fortement son Bösendorfer qui lui répond par des graves résonnantes comme des cloches d’église!

La première phase de Beethoven est absolument délicieuse sous ses doigts agiles, d’une articulation presque liquide, libérée des carrures qu’on a entendues souvent chez des pianistes masculins. En plus d’une main gauche particulièrement affirmée, qui éclaire la partition et définie parfaitement toute sa polyphonie, Mme Choi présente la musique de Beethoven avec beaucoup de sensibilité et de lyrisme. C’est vraiment très beau, paisible et souvent réconfortant.

Pour une intégrale de cette ampleur, il est peu fréquent que tout soit parfait ou entièrement satisfaisant pour un mélomane qui a déjà tout entendu de ces oeuvres depuis longtemps. De mon côté, pour l’instant, j’ai quelques réserves sur les dernières sonates. Le vertige et le déchirement émotif que possèdent ces ultimes pages me semblent moins palpables sous ses mains. Il y manque un brin de folie sauvage et d’abandon complet devant les grandes visions beethoveniennes. Elle y est presque arrivée, sans atteindre le point de rupture où tout bascule…(Voir Stephen Kovacevich!) Cependant, force est d’admettre que cette pianiste nous a ébloui dans la majeure partie de ces 32 sonates, et nous y reviendront souvent par la suite. Sur dix heures d’écoute, on peut prendre tout notre temps pour réévaluer! L’ère des dinosaures est terminée. Brendel est mort! Voici maintenant les jours de HieYon Choi, une des grandes de notre temps. Superbe prise de son.

Enregistré entre 2015-2023 au Studio Telex de Berlin.

Decca (Corée). 2025. 4859813. 10h11m.

Appréciation: Superbe*****

Scherzo et Rondo Grazioso de la Sonate op.2 no.2

Rondo Allegretto de la Sonate Waldstein op.53

Allegretto de la Sonate op.54

Beethoven (1770-1827). Le Héros Symphonique.

Posted in Beethoven on 7 juillet 2025 by René François Auclair

Ludwig van Beethoven est le plus célèbre de tous les compositeurs. Sa musique, passionnante et percutante, a tout bouleversé. À sa mort, les compositeurs n’osaient écrire des symphonies tellement elles furent marquantes. Les Neuf furent écrites entre 1799 et 1824. Déjà, à sa première Symphonie, ce génie débute l’oeuvre d’une manière très inhabituelle, le motif s’apparentant à une question! Jusqu’à la dernière note de l’Ode à la Joie, il va y répondre d’une manière définitive: L’humain doit vivre quoi qu’il arrive, vaincre les difficultés et trouver sa rédemption! Beethoven s’est servi de son expérience personnelle pour la transcender de manière unique.

J’ai choisi d’explorer et de redécouvrir les cycles complets les plus distinctifs et ceux qui font généralement consensus parmi les mélomanes et les experts. Un constat se révèle avec certitude : les symphonies n’ont jamais cessé d’évoluer. Des grands classiques d’antan en passant par le retour sur instruments d’époque, il y en a pour tous les goûts! Au tournant du 21e siècle, il y a eu comme une synthèse des styles qui s’est profilée. Et puis la mode à la vivacité et aux idées les plus audacieuses et parfois grotesques est devenue une sorte de standard. Pour le meilleur ou le pire, vive Beethoven!

Grâce à l’immense base de données du Naxos Music Library, de Presto Classical et de ma collection personnelle, il a été possible de comparer plusieurs enregistrements du début de la stéréophonie jusqu’à nos jours. Les premières mesures de la Symphonie Eroica serviront de comparaison. Les cotes proposées sont subjectives et demeurent celles d’un mélomane amateur, bien sûr. Bonne écoute! René François Auclair.






Avant d’entreprendre ce dossier, je n’avais jamais écouté cette version incomparable du grand Bruno Walter (1876-1962). À ma honte, et puis à ma grande surprise! Ce chef légendaire a appris la direction d’orchestre en observant de son vivant Hans von Bulow et Gustav Mahler, rien de moins! Selon le critique David Hurwitz de Classics Today, les interprétations les plus authentiques des symphonies demeurent celles qui ont été transmises par les chefs ayant vécu au 19e siècle, et non pas celles provenant du mouvement des instruments anciens qui arrivera plus tard. Quant à Walter, il est relié directement aux valeurs d’antan. Ce coffret qu’il a gravé à plus de 80 ans perpétue ces exécutions par des tempi modérés, mais d’un dynamisme engageant et d’un grand sens du détail. La musique respire et s’éclate dans une ferveur grandiose et ce, en dépit d’une rythmique qui peut semblée rigide. C’est un style d’une autre époque où la musique prenait son temps pour s’installer. Aujourd’hui tout va tellement vite! Walter nous donne une leçon de vie. On comprend maintenant de quoi il s’agit: Exposer la musique de Beethoven dans toute sa splendeur. Tout entendre, tout percevoir, tout ressentir. RCA/Sony. 1958-59. Columbia Symphony Orchestra. Prise de son très claire. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro con brio Symphonie no.5 

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






D’un caractère diamétralement opposé à Walter, Otto Klemperer (1885-1973) est encore vu comme un chef froid et distant, mais possède toujours un clan de fidèles mélomanes qui lui voue un culte tenace. Chez lui, la rigueur est la priorité absolue sur toute forme d’inflexion personnelle. Sous l’impulsion du producteur britannique Walter Legge, Klemperer a beaucoup enregistré de disques pour EMI dans les meilleures conditions possibles. Aujourd’hui, grâce au remastering, ces enregistrements historiques retrouvent leur éclat d’antan. Détail important, Klemperer dispose les deuxièmes violons à sa droite, offrant une splendide stéréophonie à l’ensemble. Klemperer est dans son univers bien à lui, et lorsqu’on s’y replonge, oh my god que c’est lent! On dit que pendant l’enregistrement du Scherzo de la 3e symphonie, Walter Legge a souligné le problème au chef. Celui-ci lui a répondu sèchement: « They’ll get used to it! » Imperturbable, Klemperer maintient le cap. Il faut évidemment s’adapter pendant l’écoute. Et puis quelque chose de fantastique se produit si l’on est patient. Jamais un orchestre n’a résonné aussi majestueusement. D’une largesse infinie, la musique de Beethoven semble provenir d’un autre siècle. Fascinant et incomparable. Prise de son rugueuse. Warner/EMI. 1954-60. Appréciation: Superbe***** (Symphonies 3 et 5 en mono).

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (1955 en mono) (extrait)

Allegro ma non troppo Symphonie no.6 Pastorale

Adagio molto cantabile Symphonie no.9 « Chorale »






George Szell (1897-1970) et le Cleveland Orchestra ont gravé dans la pierre cet excellent cycle des symphonies qui est encore très apprécié de nos jours. Szell, d’origine hongroise, a perfectionné l’ensemble américain, le propulsant parmi les meilleurs. Son Beethoven est tout à fait étonnant, d’une vivacité et d’une verve irrésistible. La grande force de cette interprétation est due à sa variété d’idées musicales, de l’attention aux textures instrumentales et de ses tempos fluctuants. Aucun ennui n’est possible! Les attaques des cordes sont précises et tranchantes. De la flûte jusqu’au basson, les instruments à vent semblent incarnés par des personnages vivants. Les cuivres sont claires et irréprochables. J’ai découvert cette intégrale avec un grand sourire. Pittoresque! Excellente prise de son. Sony. 1957-66. Cleveland Orchestra. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)

Scherzo Symphonie no.3 Eroica

Finale Symphonie no.3 Eroica






La version de Franz Konwitschny (1901-1962) se distingue par une lisibilité infaillible conduite sur des tempi très retenus. Chaque note, chaque mesure est décortiquée, comme si le discours était fragmenté en petites tranches. À priori, l’approche semble très analytique. En fait, il ne se passe pas grand chose. On n’est pas remué par cette interprétation, comme si on fixait une nature morte sur une toile. Pourtant, on n’arrive pas à en détourner le regard tellement on est captivé par les détails. L’exécution est claire, sans artifice et les violons s’expriment avec un beau naturel, tout comme l’orchestre, sans effet poussif. On contemple tout ça comme à distance, mais toujours fasciné. L’Adagio molto de la 9e est vraiment spécial, d’une telle rigueur, et pourtant d’une pureté incomparable. Konwitschny a dépouillé la musique de Beethoven, en la délivrant de son habituelle grandiloquence. Plus j’écoute, plus j’ai l’impression d’y voir clair en ce sens, et maintenant ce cycle particulier est devenu l’un de mes préférés. Sans compromis, aussi fascinant que déstabilisant. Prise de son très détaillée. Gewandhaus de Leipzig. Berlin Classics. 1959-61. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro (Scherzo) Symphonie no.5

Adagio molto e cantabile Symphonie no.9

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Qui ne connait pas Herbert von Karajan? (1908-89). Il restera associé à Beethoven jusqu’à la fin des temps. Cette intégrale réalisée avec de grands moyens par la Deutsche Grammophon, avait dit-on, coûté une fortune au label germanique. Ils ont tout misé sur ce coffret légendaire, enregistré avec des technologies de pointe dans la Jesus-Christus Kirche de Berlin. Des millions de copies furent vendues. Le succès fut colossal. Tout le monde de cette époque a découvert un « nouveau » Beethoven hyper-puissant, d’une écrasante intensité. Les cordes sont si immenses qu’elles gomment tout sur leur passage! Même Karajan, qui par la suite a souvent repris Beethoven, n’a jamais surpassé ce monument du disque. Malgré tous ses excès, Ze koffret (sic!) à posséder. Renversant! DG. 1963. Berliner Philharmoniker. Prise de son généreuse. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro & Finale Symphonie no.5

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Juste avant l’écrasant Karajan, André Cluytens (1905-67) fut aux commandes de la prestigieuse Philharmonique de Berlin. Né en Belgique puis naturalisé français, le chef très en demande à l’époque, fut invité à Berlin pour graver ce cycle Beethoven. Une première pour un chef français. Récemment remasteurisée, cette intégrale un peu oubliée est une proposition de choix pour les anti-Karajan! Les Berliner sont utilisés ici fort différemment, comme de quoi les mêmes outils peuvent faire toutes sortes de boulots. Par sa direction précise et méthodique, Cluytens vise à éclairer vivement la partition, à lui ajouter de la finesse et de la grâce au lieu d’en souligner toute la puissance. Il y a évidemment des passages très réussis, comme dans les Symphonies 1-2 et la 4e dont on aime l’aspect juvénile. La performance est très nette, évidente et franche. Mais on reste à distance de tout élan passionné. Peut-être à cause de l’approche très objective de Cluytens. Est-ce dû à une prise de son trop vive? Les violons sont hyper tranchants et par ailleurs il y manque la présence importante et essentielle des basses. Une version qui manque de chair. Belle stéréophonie. Erato. 1957-60. Appréciation: Très Bien****

Andante cantabile Symphonie no.1

Allegro ma non troppo Symphonie no.4

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Josef Krips (1902-1974). Jamais on ne sera heurté de plein fouet par cette prestation de Krips l’autrichien, le mozartien dans l’âme. Il aborde Beethoven dans le plus bel écrin qui soit. Le London Symphony chante et respire l’amour de la musique avant tout, en écartant toute forme de violence et de drame. Même la célèbre 5e Symphonie fait l’effet d’un bouquet de fleurs dans un fusil! Ici c’est l’élégance du phrasé des cordes qui servent de fondement à tous les autres instruments. Ainsi, de fort beaux timbres se fusionnent dans un équilibre sonore exemplaire. Difficile de faire mieux pour la splendeur des effectifs. Et difficile de trouver ces enregistrements qui semblent avoir été oubliés par les labels. Un Beethoven qui chante au lieu de crier. Superbe prise de son. Everest. 1961. Appréciation: Superbe*****

Larghetto Symphonie no.2

Allegro con brio Symphonie no.5

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Erich Leinsdorf (1912-1993). Chef d’origine autrichienne, a surtout travaillé à l’opéra pendant sa longue carrière. À la suite du départ de Charles Munch, il devint chef du Boston Symphony Orchestra, l’un des plus grands orchestres américains. Son interprétation est robuste, tendue et droite. Il y a beaucoup de rigueur dans sa direction et l’impact sur l’auditeur est immédiat. Cette version n’a certes pas eu l’attention qu’elle mérite. À défaut d’y chercher une grande originalité, on y retrouve une exécution très efficace. Pas un indispensable, mais une référence. Belle prise de son captée dans la légendaire salle du Symphony Hall. 1962-69. Appréciation: Très Bien****

Allegro molto Symphonie no.2

Adagio/Allegro vivace Symphonie no.4

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Chef allemand réputé, mais jouant dans l’ombre des autres grands, Hans Schmidt-Isserstedt (1900-1973) a réalisé l’intégrale des symphonies avec le Philharmonique de Vienne. Très estimée par plusieurs, cette interprétation se distingue par une approche modérée et structurée, exempte de tout superflu inutile. La carrure de l’exécution est heureusement servie par des attaques bien découpées, aux arêtes vives. La clarté du trait et la polyphonie sont présentées sans concession sous un métronome bien réglé. Prise de son un peu sèche mais d’une belle stéréophonie. Decca. 1965-70. Appréciation: Très Bien****

Allegro vivace con brio Symphonie no.8

Allegretto scherzando Symphonie no.8

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Eugen Jochum (1902-1987), grand chef devant l’éternel, dont c’est ici son 2e cycle Beethoven, a une prédilection pour les grandes structures musicales qu’il aime magnifier comme dans Bruckner. Ne cherchez pas ici les rythmes trépidants et les accents violents: Il n’y en pas! Son approche de Beethoven, solennelle et sérieuse, quasi mystique, dissout les tempos dans une sorte d’éther intemporel. La musique se déplace très lentement, comme en apesanteur entre ciel et terre. Néanmoins, la cohésion d’ensemble est implacable, et un sentiment de contemplation se produit pendant l’écoute. Les nombreux archets du Concertgebouw d’Amsterdam sont exploités dans toute leur splendeur. Des premiers violons jusqu’aux contrebasses, la somptuosité de leur lyrisme est incomparable. La Pastorale est ici d’une magnificence rare. Prise de son admirable. Decca/Philips. 1967. Appréciation: Superbe*****

Adagio Symphonie no.4

Allegretto (Finale) Symphonie no.6 « Pastorale »

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






János Ferencsik (1907-1984), chef hongrois, possède un curriculum vitae des plus impressionnants. Il fut l’assistant et élève du légendaire Arturo Toscanini, puis sa formation s’est poursuivie avec Bruno Walter, Felix Weingartner, Wilhelm Furtwängler. Ne cherchons pas plus loin, son Beethoven est hyper ancré dans la tradition! Celle-ci est, par ces légendes, directement liée à une façon de diriger la musique qui recule aussi loin qu’à l’époque de Beethoven. La plupart de ces chefs ont aussi connu de leur vivant, Brahms, Mahler, Liszt…et ont interprété leurs musiques. Dans un certain sens, on ne peut être plus historiquement informé!

Malgré la grande classe de sa direction, le chef hongrois reste prudent vis-à-vis Beethoven sans vraiment entrer dans le vif du sujet. Pour un élève du bouillonnant Toscanini, on est un peu déçu. Néanmoins, reconnaissons l’indéfectible assurance de ce classique de la discographie. Le Hungarian State Orchestra, issu de la grande tradition musicale hongroise, fait vibrer toute sa densité expressive. La dernière version d’une époque révolue. Hungaroton. 1969-75. Appréciation: Bien***

Andante con moto Symphonie no.5

Scherzo (Allegro) Symphonie no.5

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Le légendaire Karl Böhm (1894-1981) n’est pas un chef d’orchestre, mais un maître horloger! Avec une minutie remarquable, il met au point tous les mécanismes d’un orchestre symphonique. Sa battue est aussi régulière que les aiguilles d’une montre! Au sein de cette rassurante et imperturbable pulsation, sa direction se déploie avec sagesse. C’est apparemment la seule motivation de Böhm: La rigueur avant tout. Sous la suprématie de leur chef, le Wiener Philharmoniker s’exécute dans une splendeur inégalée dont on peut discerner facilement tous les pupitres. Et que dire des violons? Ils s’élèvent comme dans un rêve, dans une sorte d’idéal olympien (sublime Larghetto de la 2e symphonie). Qu’importe l’élan général plutôt statique et sa verticalité, la maîtrise et l’équilibre de tous les plans sonores forcent le respect. Pour la splendeur, oui! Mais pour la passion, non. Prise de son irréprochable. DG. 1971. Appréciation: Superbe*****

Larghetto Symphonie no.2

Poco sostenuto-Vivace Symphonie no.7 

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (complet)






Kurt Masur (1927-2015) fut kapellmeister du célèbre Gewandhaus de Leipzig de 1970-1996. Cette longue collaboration a produit de nombreux enregistrements de qualité. Kurt Masur fait du bon travail, toujours solide, jamais excessif. Le chef propose plus qu’il ne dirige et laisse aller les choses sans trop intervenir. Ce cycle Beethoven n’a jamais atteint l’Everest de la discographie. Sa direction un peu molle fait souvent tomber à plat des passages qui exigent plus d’énergie et de vitalité. Mais ce coffret possède un atout précieux: la magnifique salle du Gewandhaus et son acoustique légendaire. Ce n’est certes pas très détaillé comme interprétation, mais on s’assoie confortablement et on écoute. Une version paisible. Phillips. 1972-74. Appréciation: Très Bien****

Éveil d’impressions agréables à la campagne (Symphonie Pastorale)

Scène au bord du ruisseau (Symphonie Pastorale)

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Sir Georg Solti (1912-1997), né à Budapest, puis naturalisé britannique, est une figure incontournable de la musique classique. Puissance, grandeur, dynamisme, rien ne peut résister à l’assault de Solti et de l’immense Chicago Symphony. On est soufflé et transporté, puis aspiré comme dans cyclone! C’est le cycle le plus grandiloquent et Beethoven mérite amplement ce genre de traitement! À son époque les orchestres n’avaient pas les moyens ni la formation des musiciens d’aujourd’hui, comme ceux de Chicago par exemple. Leur section des cuivres est incroyable, surtout ses puissants cors qui ont fait la réputation de l’orchestre américain. Ce qui étonne davantage est le contrôle que Solti réussi à maintenir sur cette masse sonore qui demeure très équilibrée. Cependant, devant tant de gigantisme, on fini par demander grâce. Le fameux Allegretto de la 7e symphonie nous fait plier littéralement les genoux. Tous les mouvements soulignés aussi lourdement s’affaissent souvent dans une excessive lenteur. Toutefois, la Symphonie Chorale couronne le cycle dans une sorte d’apothéose qui a marqué l’histoire du disque. Monumental. Prise de son satisfaisante. Decca. 1972-74. Appréciation: Très Bien****

Allegretto Symphonie no.7

Finale Symphonie no.9 Chorale

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Après l’immense Solti, il fait du bien de retrouver la fraîcheur et le pétillant de Herbert Blomstedt (1927). Suédois d’origine, il s’est imposé dans le grand répertoire austro-allemand avec une manière très distinctive. En 2024, il dirigeait encore à un âge très avancé. Ce cycle des symphonies n’a pas pris une ride. En fait, son arrivée au catalogue semble instaurée une nouvelle ère dans l’interprétation des symphonies. Au sein de tempi plutôt modérés, Blomstedt se plaît à accentuer et faire palpiter la musique. En vérité, c’est le Beethoven qu’on a toujours voulu entendre! Les rythmes et l’allure général avancent ici d’un pas bien marqué. Et la Staaskapelle de Dresde, l’un des meilleurs orchestres au monde, s’exprime sans restriction. La prise de son fait ressortir avec joie le mordant de ses cordes, extraverties et convaincantes. L’ensemble au complet semble s’être concerté pour produire un son compact et percutant. Viscéral. Berlin Classics. 1976-82. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Adagio-Allegro con brio Symphonie no.1

Menuetto et Final (Allegro molto) Symphonie no.1

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Antal Dorati (1906-88) chef hongrois, champion des symphonies de Haydn dont il fut le premier à tout enregistrer, propose un Beethoven sans grand bouleversement, mais d’une performance des plus solides. On apprécie les coups d’archets secs et précis qui ajoutent du piquant au discours musical, et ce, au détriment d’une certaine fluidité. Les deux premières symphonies, encore inspirées par Haydn, sont particulièrement réussies. Le Royal Philharmonic est agréable à entendre car toutes ses sections sont captées avec de beaux reliefs. Dorati semble avoir respecté l’effectif d’un orchestre de chambre du temps de Beethoven. Il n’y a pas vraiment de moment fort, ni de passage à vide, mais on doit souligner le caractère particulièrement vif de l’Eroica. C’est une bonne version dont on aime la spontanéité. Coffret réédité en 2023. DG. 197576. Appréciation: Très Bien****

Adagio-Allegro con brio Symphonie no.2

Scherzo et Final Symphonie no.2

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (Extrait avec reprise)






Encore le grand Herbert qui ne lâche pas le morceau…et l’oseille! Enregistré à la Philharmonie de Berlin entre 1976-77, cet avant-dernier cycle de Karajan est demeuré pour plusieurs adeptes la BEST VERSION EVER (!) des symphonies. Karajan, le musikdirector du grand souffle dévastateur, reprend les commandes du Berliner pour livrer un produit à la hauteur de sa réputation. Personnellement, j’aime mieux la production de 1963 qui pour moi est restée SA version définitive. Dans le présent enregistrement, l’orchestre semble boursoufflé et diffus. La signature Karajan est la même avec ses liés grossièrement articulés et son goût d’une masse sonore qui noie les détails. La Superstar du classique fait dans le spectaculaire et l’impressionnable comme à son habitude. À milieu des années 80, cette machine à fric reprendra encore une fois le cycle, (une fois de trop!) avec la technologie du numérique. Pour moi, le célèbre coffret de 1963 gardera son aura légendaire. DG. 1977. Appréciation: Très Bien****

Poco sostenuto-Vivace Symphonie no.7

Allegro ma non troppo Symphonie no.4

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (grand extrait)






L’américain Leonard Bernstein (1918-1990) a voulu briser le moule de la tradition viennoise. Sa direction, pleine de panache et extravertie, met sous pression toutes les sections de la prestigieuse Philharmonique de Vienne. À l’opposé d’un Karajan qui préfère un grand son englobant, Bernstein travaille beaucoup plus sur les détails, tous importants, de la riche partition de Beethoven. Avec lui, la musique avance à grand pas, déchaînant autant les pulsions que les émotions les plus vives. Devant tant d’intensité, les versions d’antan ont pris un sapré coup de vieux! L’Eroica est d’ailleurs une réussite incontestable chez Bernstein, dont on en ressent toute l’urgence. Pour le reste, sa direction ne baisse jamais sa garde. Dès lors, on aime moins l’aspect agressif et pénétrant des violons. Les adagios sont le maillon faible de ce cycle. Le chef a un manque évident d’affinité avec les passages qui demandent plus de chaleur humaine. Une version couteau-entre-les-dents pour le Bernstein’s fan club only. Prise de son vive. DG. 1977-79. Appréciation: Très Bien****

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (complet)

Joyeuse assemblée des paysans et Tempête (Pastorale)

Allegro con brio Symphonie no.7






Le chef allemand Günter Wand (1912-2002) a toujours gardé une grande réputation au sein de la communauté musicale. Autant parmi les musiciens que ses collègues chefs, tous lui vouent une admiration sans borne. Chef de grande expérience, mais discret, il a toujours peaufiné ses interprétations. Cette intégrale est un modèle d’intégrité, de justesse d’intonation et d’homogénéité. D’une puissance contrôlée, l’interprétation est encore vue comme l’une des plus accomplies de toute la discographie. L’Orchestre de la Radio Nord-Allemande de Hambourg est d’une classe à part, possédant, sous la direction de leur vénérable chef, une grandeur d’âme inexplicable. On s’incline devant tant de perfection. Respect! RCA. 1985-88. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (complet)

Scherzo & Final Symphonie no.5

Molto Vivace Symphonie no.9






Le révisionnisme historiquement bien informé a changé radicalement l’allure et le son de l’orchestre beethovenien. Maintenant, soyons honnêtes: Christophe Hogwood (1941-2014) et son Académie ont détruit tout ce qui faisait la magnificence d’un orchestre moderne! Fini l’opulence, le vibrato des cordes, la richesse et la chaleur de leurs archets. À mort l’ampleur des mouvements lents qui prenait leur temps pour susciter des climats rêveurs. Le défi était audacieux; reprendre des instruments de musée pour jouer Beethoven selon une manière authentique. Mais pourquoi? Jouer sa musique mérite tellement mieux! La facture des instruments s’était beaucoup améliorée après la mort de Beethoven car les salles de concert avaient de nouvelles exigences. On pense notamment aux pauvres pianofortes qui le décevaient constamment. Le piano moderne est tellement plus satisfaisant!

Ceci étant dit, ce retour aux sources n’a pas que des faiblesses. Maintenant, faites place à la clarté tranchante, au dynamisme rapide, aux attaques vives et hyper-synchronisées! Bien sûr les pupitres, réduits à une quarantaine de musiciens, ont gagné en légèreté et en précision. Les cordes en boyaux apportent leur souplesse aux phrasés et les basses apparaissent très définies, malgré leur faible volume. Les instruments à vent et leur charme rustique sont admirablement captés par les ingénieurs de Decca.

Je fus l’un de ceux qui a redécouvert Beethoven de cette façon. J’étais dans la vingtaine, j’adorais le renouveau baroque et sa volonté de dépoussiérer la tradition. L’arrivée de Hogwood fut un choc. Avec le temps les choses ont évoluées. De nos jours, j’écoute rarement ce coffret. Donnons au moins le mérite à Hogwood d’avoir tenté l’expérience. Et c’est plutôt réussi. L’Eroica est vive et lumineuse, techniquement parfaite. Mais les trois dernières symphonies, où l’effectif fut augmenté (données historiques à l’appui) à près d’une centaine d’exécutants, basculent dans la confusion. La 9e…pas mémorable, est sèche et sans âme. L’authenticité a parfois un prix. Mais la voie est désormais ouverte et plus rien n’arrêtera ce mouvement. Decca/Oiseau-Lyre. 1983-88. Appréciation: Très Bien****

Adagio molto-Allegro con brio Symphonie no.2

Allegro molto Symphonie no.2

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Frans Brüggen et son Orchestre du 18e siècle ont réinventé la manière de faire vivre la musique de Beethoven. Enregistrée dans les mêmes années que le cycle de Hogwood, cette production néerlandaise opte pour les mêmes objectifs de reproduire le son d’origine d’un orchestre du début 19e siècle. Mais Brüggen est, quant à lui, beaucoup plus convaincant musicalement. Sous sa direction intuitive, il injecte aux symphonies une dynamique inusitée, faisant bondir et danser la musique de Beethoven comme jamais. En chargeant parfois la musique d’une rapidité époustouflante, il obtient de ses musiciens un exploit technique inégalé. Les effets de contrastes sont fulgurants, dû entre autre par la présence éclatante de ses cuivres naturels et de ses timbales tonitruantes. Mais la faiblesse des cordes et une prise de son trop évasive cause parfois un déséquilibre à l’ensemble. Néanmoins, le style et le souffle de Brüggen ont influencé toute une génération de chefs qui vont par la suite adopter son approche révolutionnaire. La Symphonie Chorale est unique en son genre, bouleversante et sublime, de ses accents terrifiants jusqu’à la lumière. Decca/Philips. 1984-93. Appréciation: Superbe*****

Allegro con brio Symphonie no.5

Allegro ma non troppo, un poco maestoso Symphonie no.9

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






John Eliot Gardiner (1943) a fondé l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique pour aborder le répertoire du 19e siècle sur instruments d’époque. En Angleterre, le mouvement period instruments avait déjà accompli des intégrales Mozart et Beethoven avec l’Academy of Ancient Music de Hogwood avec de très bons résultats. Moins bons furent ceux de Roy Goodman/Hanover Band et Roger Norrington/Classical Players. Gardiner a poursuivi la mode, avec l’exigence qu’on lui connaît, en poussant ses musiciens à la limite. Le cycle Gardiner de 1994 est vraiment rapide! Il s’est inspiré des indications métronomiques de Beethoven sans toutefois y adhérer complètement. Les musiciens ont suivi avec brio et détermination la direction imposée. Cependant, à force de se concentrer sur la performance, Gardiner a omis tout le reste. Où sont passées les visions mythologiques de Beethoven? Probablement envolées dans un tourbillon. La plus spectaculaire des versions sur instruments d’époque. DG/Archiv. 1994. Appréciation: Très Bien****

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (complet)

Allegro vivace con brio Symphonie no.8

Allegro vivace Symphonie no.8






Le chef italien Claudio Abbado (1933-2014) et la prestigieuse phalange du Wiener Philharmoniker proposent un Beethoven romantique, dans tous les sens du terme que vous voulez! Ne cherchons pas ici le radicalisme de l’historiquement bien informé, ou d’une relecture personnelle avant-gardiste. Tout est équilibré, de bon goût, et…sans veritable caractère. Sa rythmique paresseuse s’enlise trop souvent dans un confort qui frôle l’ennui. Abbado, le traditionnaliste heureux, mise avant tout sur un beau lyrisme aux cordes pleines et luxuriantes. C’est au moins ça, et suffisant pour certains. Mais en plein renouveau baroque, son cycle conservateur nous paraît maintenant dépassé. DG. 1985-88. Appréciation: Bien***

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)

Andante con moto Symphonie no.5

Andante molto mosso Symphonie no.6 (Au bord du ruisseau)






Bernard Haitink (1929-2021). C’est beau et bien exécuté. Nul n’en doute. D’un caractère réservé, le chef néerlandais est un puriste attentif à la partition et le Royal Concertgebow d’Amsterdam est un modèle de grande classe. Mais rien ici ne soulèvera les passions et on se demande encore pourquoi. Tous les ingrédients sont pourtant sur la table: Un orchestre somptueux et une prise de son Philips du bon vieux temps. On continue de réfléchir pendant que la musique s’évertue à nous convaincre. Peut-être est-ce là le problème: Une conception trop intellectuelle et rigide qui enferme l’émotion à double tour? Il y a sûrement aussi le fait que ce cycle est arrivé trop tard, tentant en de s’imposer en vain dans un monde déjà en ébullition. Qui sait? Je cherche encore. En attendant, ce coffret restera un bel objet sur une étagère. Phillips. 1985-87. Appréciation: Bien***

Scherzo Symphonie no.2

Andante con moto Symphonie no.5

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Richard Edlinger et Michael Halasz se partagent la direction de ce coffret négligé de la discographie. Édité à l’origine par le label économique Amadis, il a été ensuite repris par Naxos. Sous une couverture peu avenante, ce cycle possède pourtant de grandes qualités artistiques, même s’il est parfois inégal. Les deux orchestres (Croatie et Slovaquie) sont plus qu’honorables et proviennent de la grande tradition européenne. De bons tempi sans lourdeur sont maintenus avec fermeté, et parfois des accents dynamiques surprenants viennent relever avec brio cette lecture dite traditionnelle, mais qui mérite notre attention. Sans prétention et vraiment bon! Superbe stéréophonie. Zagreb Philharmonic/ Slovak Radio Symphony (nos 3 et 6) Amadis/Naxos.1988. Appréciation: Très Bien****

Allegro con brio Symphonie no.5

Tempo di Menuetto Symphonie no.8

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






S’il y avait une catégorie « Noble et Majestueuse », Sir Colin Davis (1927-2013) remporterait la palme d’or! Enregistré dans la Lukaskirche de Dresde à la vaste acoustique, ce cycle luxueux doit être absolument revisité. Le chef britannique fait respirer les symphonies sous un moderato presque continu avec une gestuelle ample et élégante. Il a su créer, en plus de la puissance convenue à ces oeuvres, un discours captivant grâce notamment à des accents bien marqués. Davis a visiblement laissé la Révolution à ceux qui cherchent désespérément à attirer l’attention. Encore nostalgique de la tradition, il nous invite plutôt à une célébration au grand souffle mélodique dont on savoure chaque moment. The Best Wow Version Ever! Staatskapelle de Dresde. 1991-93. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)

Adagio Symphonie no.4

Finale Symphonie no.3 Eroica






Nikolaus Harnoncourt (1929-2016), n’a jamais laissé personne indifférent pendant sa longue grande carrière. Il fut l’un des premiers à utiliser des instruments anciens en étudiant les documents historiques pour tenter de reproduire des exécutions plus authentiques. Par la suite, le chef autrichien a brouillé ses propres pistes en se tournant vers des orchestres modernes pour les périodes classique et romantique. Il fut un novateur dans la direction d’orchestre en travaillant beaucoup sur les phrasés et la dynamique. L’Orchestre de Chambre d’Europe, fondé en 1981 par de jeunes musiciens, a brillamment répondu aux demandes du chef. Harnoncourt, le maître de l’accentuation aux effets rageurs, est toujours à l’affût de nouveaux trucs pour souligner des passages particuliers de la partition. Même si certains traits paraissent grossiers ou hors propos, ses interprétations demeurent captivantes et surprenantes. Dommage que l’orchestre semble avoir été enregistré de loin. Il semble compact et voilé, sans grands détails, et quelques soufflets criards des cuivres sont parfois désagréables. Reste que c’est une version à l’énergie brute particulièrement relevée! Warner/Teldec. 1991. Appréciation: Très Bien****

Finale Adagio/Allegro molto vivace Symphonie no.1

Allegretto Symphonie no.7

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (complet)






Cette intégrale, conçue en Pologne et peu diffusée, nous fait découvrir un vaste ensemble au sein d’une splendide acoustique. C’est le genre d’exécution qui fait résonner tout un orchestre et dès qu’on l’entend on ne peut résister à sa grandeur d’âme. Le Philharmonique de Varsovie dirigé d’une main ferme par le chef polonais Kazimierz Kord (1930-2021) n’a vraiment rien à envier aux plus célèbres orchestres modernes. On a l’impression d’une culture profonde du son et de la musique qui se ressent à chaque mesure. Aucun maniérisme, aucun dogme historique, pas de chef a l’ego démesuré; que de bonnes vieilles manières aux tempi réguliers qui traduisent Beethoven dans toute sa gloire. Mentionnons la Marche funèbre de l’Eroica qui est ici d’une exceptionnelle gravité, comme si les musiciens polonais en comprenaient toute l’horreur. Une version remarquable par sa constance. Prise de son large, d’une forte présence, très satisfaisante. CD-Accord. 1994-97. Appréciation: Superbe*****

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)

Marcia Funebre Symphonie no.3 Eroica

Presto assai meno Symphonie no.7






Daniel Barenboim (1942), grand pianiste puis chef d’orchestre réputé, a pris bien son temps avant d’aborder un cycle Beethoven, car dit-t il: « j’attendais que la musique mature en moi et pour trouver un orchestre qui répondrait à mes attentes ». C’est une bonne version qui respecte les codes, sans vraiment nous surprendre. Au tournant d’un 21e siècle en plein bouleversement stylistique, la proposition de Barenboim paraît anachronique. Ce fidèle de l’ancienne religion de son mentor Klemperer, ne propose rien de ce que nous savons déjà. Ses tempis, parfois très lents, allongent inutilement les mouvements qui se perdent en cours de route. Bien qu’il y ait une réelle volonté de creuser le matériel en profondeur pour atteindre la tragédie, le résultat est plutôt lourd à porter. Prise de son quelconque, un peu étouffée. Staatskapelle de Berlin. Warner/EMI. 1999. Appréciation: Bien***

Allegro ma non troppo Symphonie no.9

Adagio molto e cantabile

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Tandis que Barenboim resta fidèle à la tradition, le chef américain David Zinman (1936) embarqua à fond dans le mouvement historiquement bien informé tout en gardant l’utilisation d’un orchestre moderne. Le résultat est un heureux mélange de styles mue par une envie irrésistible de changement. Dorénavant, impossible de faire marche arrière! Le dynamique chef a utilisé la dernière édition du musicologue Jonathan del Mar dont les travaux ont scrupuleusement relevé des détails importants des partitions d’origine, dont les controversées indications du métronome de Beethoven lui-même. Ces marques ont toujours été vues comme impossible à jouer et perçues comme des erreurs d’interprétation de l’appareil original. Qu’importe, Zinman a tenté l’expérience et on est surpris par la vivacité et l’alacrité des rythmes qui nous emportent littéralement. On tape du pied, on bouge de la tête comme si l’on écoutait un groupe de musique rock! Malgré sa vélocité, on s’étonne que le tout reste encore musical, car Zinman a éliminer tout effet de raideur en phrasant abondamment la partition. Beethoven est revigoré, injecté de sang et de vigueur. Très bonne prise de son. Tonhalle Orchestra Zürich. Arte Nova. 1998. Appréciation: Superbe*****

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (complet)

Tempo di menuetto Symphonie no.8

Molto vivace Symphonie no.9






Utilisant lui aussi la nouvelle édition Bärenreiter de Jonathan del Mar, le chef estonien Paavo Jarvi (1962) s’est imposé comme une référence au tournant du 21e siècle. Sa direction, vive et légère, se distingue de celle, plus robuste, de David Zinman. Tout en respectant à peu près les mêmes tempi, Jarvi est par contre plus proche du son des orchestres d’instruments d’époque. Qu’on aime ou pas cet esthétisme, il a éliminé le vibrato des cordes, ce qui rend plus lisse les lignes mélodiques. On aime l’aspect joyeux et emballant qui ressort de sa direction et ce ne sont pas les idées musicales qui manquent non plus. Par ailleurs, on est moins convaincu des passages dramatiques par le manque d’ampleur qui proviennent de l’ensemble plutôt réduit. Tout de même l’Orchestre de Chambre de Bremen est d’une précision à toute épreuve et relève avec brio les défis techniques que demandent la rapidité imposée par le chef. On est un peu déçu de la prise de son, qui aurait méritée plus de transparence. Deutshe Kammerphilharmonie Bremen. RCA. 2004-2008. Appréciation: Très Bien****

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)

Allegro vivace e con brio Symphonie no.8

Allegretto Scherzando Symphonie no.8






Sir Roger Norrington (1934-2025) nous jette hors de notre zone de confort avec ce Beethoven anarchiste au plus haut point. Au diable la conformité, tout est bousculé dans une volonté évidente de provoquer. Les vues de l’historiquement bien informé semblent avoir été empruntées dans le seul but d’être le plus original possible. Ça crache et postillonne, ça gesticule dans tous les sens sans égard pour la musique elle-même. Tout de même, la rapidité frénétique de certains passages vaut que l’on fasse un détour curieux à ce cirque. « Mesdames et Messieurs, voici l’exécution la plus virtuose qui soit! » Norrington est un clown qui fait bien rire, mais jamais pleuré. Les musiciens de Stuttgart sont des funambules en danger constant par la folie de leur chef. Une version ostentatoire et dérangeante. SWR Music. 2002. Appréciation: Moyen**

Allegro con brio Symphonie no.5

Scherzo (allegro) et Finale Symphonie no.5

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)






Sur instruments d’époque, ce cycle dirigé par le pianofortiste Jos van Immerseel (1945) est l’un des plus réussis dans le genre. Feux d’artifices de couleurs et de timbres pittoresques, souplesse des phrasés, frappes de timbales jouissives; on aime voir la musique prendre vie, s’animer et s’éclater. Malgré le mince filet sonore des cordes de boyaux, Immerseel a trouvé le moyen de vivifier tout le reste par un dynamisme électrisant, sans pour autant tomber dans la frénésie. On restera cependant en surface, car le coeur est plus à la fête qu’à la gravité. La 9e, plus grande symphonie de tous les temps, ne trouve pas ici les moyens de ses ambitions, mais possède tout de même une ferveur grisante. Anima Eterna. Zig-Zag/Alpha Classics. 2008. Appréciation: Superbe*****

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait dernière partie)

Allegro vivace (1er mouvement) Symphonie no.4

Allegro ma non troppo Symphonie no.6 Pastorale






Riccardo Chailly (1953) et le Gewandhaus de Leipzig unissent leur force avec Decca pour ce grand cycle moderne. Avec ces trois grosses pointures de la musique classique, on ne s’attend à rien d’autre que l’excellence. Mais comment renouveler le discours, sans trahir l’intégrité de l’oeuvre? Le chef italien s’est visiblement bien préparé avant d’embarquer dans cette aventure. Il a choisi de s’approcher le plus près possible des fameuses marques métronomiques de Beethoven. De toute façon, il a devant lui un orchestre qui peut tout faire! Le résultat est époustouflant. Il allie la puissance à une rapidité d’exécution incomparable, une homogénéité de force et de matière sonore. Avec Chailly, on est en état d’alerte constant. Un triomphe! Decca. 2011. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro con brio (1er mouvement) Symphonie no.2

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (complet)

Finale Symphonie no.9 Chorale






Qu’est t’il arrivé à Adam Fischer (1949)? Le chef hongrois a installé sa réputation sur des projets de longue haleine comme celui de Haydn et ses 108 (!) symphonies dans un bon style traditionnel et confortable. Ensuite un Mozart revigoré est apparu avec le Danish Chamber Orchestra. Et puis…bang! Beethoven, dans la plus pétaradante des interprétations. Le cheminement du chef a été plutôt rapide et s’est conclu par ce cycle à la fois provoquant et jubilatoire. On admire la musicalité qui réussie à s’exprimer malgré l’engagement extrême du chef et de ses formidables musiciens danois. Explosif! Naxos. 2019. Appréciation: Superbe*****

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (complet)

Poco sostenuto/Vivace Symphonie no.7

Molto vivace Symphonie no.9






Yannick Nézet-Séguin (1975) s’est finalement attaqué au cycle Beethoven. Cet infatigable musicien et chef d’orchestre est partout. Nommez une ville sur la planète, il y est! Montréal, Philadelphie, New-York, Rotterdam, Berlin, Vienne…etc. On se demande comment il peut entretenir tout ce beau monde. Enregistré en juillet 2021, ce marathon Beethoven a de quoi épuiser n’importe quel chef. Pas lui! Mais où prend t’il le temps des répétitions malgré un agenda déjà chargé? Ainsi va la vie d’un chef d’orchestre moderne: Avions, répétitions, concerts, conférences, médias sociaux, conseiller au cinéma…et j’en passe. Son Beethoven est à son image, vif comme une étoile filante. Très accoutumé à la performance historiquement informée, Nézet-Séguin s’est fait plaisir à en reproduire les maniérismes convenus, de ce style trop souvent adopté de nos jours. La performance technique est inouïe, mais sans surprise. Le son d’orchestre est incisif, l’élan survolté. Il y a bien quelques idées de nuances et de dynamisme, mais sans laisser de réelle place à l’émotion. YNS est l’archétype d’un siècle de l’instantané et de l’impatience. DG. 2023. Appréciation: Moyen**

Allegro con brio Symphonie no.3 Eroica (extrait)

Allegro ma non troppo un poco maestoso Symphonie no.9

Adagio molto e cantabile Symphonie no.9

Finale Symphonie no.9 (extraits)






Épilogue: Finalement, on se dit qu’on est peut-être au bout de tout ce qui peut se faire avec ces symphonies. Vraiment? Les labels et le public en redemandent toujours plus et Beethoven reste encore très populaire dans les salles de concert. Au disque, on a tellement de témoignages différents. Et pourtant, le fanatique restera toujours ouvert à la nouveauté.

Maintenant je rêve à tout autre chose. Un retour aux valeurs d’autrefois, comme les amateurs de photo qui retournent à l’argentique, ou les collectionneurs de vinyles qui reprennent la nostalgie entre leurs mains. Je rêve, par exemple, d’un vieux Nézet-Séguin aux commandes du Philadelphia Orchestra avec le plus grand effectif possible, aux cordes chargées de vibrato et de l’opulence à volonté. Les grandes leçons d’un Ormandy ou d’un Stokowski peuvent encore servir. Car après tout, la vie est un grand cycle.

Vos commentaires sont bienvenus et essentiels! Quelles sont vos versions préférées? Vos pires?

rfeauclaire@hotmail.com

René François Auclair, Montmagny, Québec, Canada.

Beethoven. Les 32 sonates. Paul Badura-Skoda.

Posted in Beethoven with tags on 19 décembre 2020 by René François Auclair

Johann Schantz, 1790 Vienne. John Broadwood, 1796 Londres. Anton Walter, 1790 Vienne. Georg Hasska, Vienne 1815. John Broadwood, 1815 Londres. Conrad Graf, 1824 Vienne. Caspar Schmidt, Prague 1830.

Enregistré entre 1980-89 au Baumgartner Casino, Vienne.

Arcana/Outhere. 2020. A203. 9cds.10h.06m.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Sonate op.10 no.3 (pianoforte J.Schantz 1790)

Sonate op.57 Appassionata (pianoforte Broadwood 1815)

Sonate op.101 (pianoforte C.Graf 1824)

Paul Badura-Skoda (1927-2019) a choisi sept instruments historiques pour interpréter Beethoven. Les pianofortes datent de 1790 à 1830, tous restaurés. Ils faisaient partie, pour la plupart, de la collection personnelle du pianiste. Ces enregistrements légendaires avaient disparu des catalogues depuis longtemps. On les retrouve avec joie, comme de vieux manuscrits que l’on avait perdus.

Jouer Beethoven sur des instruments de musée peut sembler casse-gueule de prime abord. On peut être rebuté par leur dureté de ton, leur manque d’amplitude, et l’impression qu’ils sont bourrés de défauts. Nos oreilles d’aujourd’hui sont depuis longtemps habituées à la perfection des pianos modernes. Mais c’est bien sur ces claviers imparfaits que le grand Beethoven a composé de si magnifiques pièces. Peut-être en aurait été t’il autrement s’il avait eu en sa possession un Steinway, un Bosendorfer ou un Yamaha? Je crois qu’écouter ces vieux pianos s’exprimer c’est s’approcher des intentions premières du compositeur. Ses sonates gagnent en intimité et en humanité. C’est comme se connecter directement sur sa rage de vivre, ses passions et ses secrets les plus personnels. Par ailleurs, ce que les pianofortes réussissent fort bien, est la caractérisation de ses humeurs les plus vives. Leurs sonorités croustillantes leur est unique. Et le côté humoristique de Beethoven n’a jamais été aussi bien servi que par les pianofortes.

L’éminent pianiste viennois, récemment disparu, a laissé un héritage important quant à l’interprétation historique de la musique de Beethoven. Le livret, très élaboré et passionnant, a été écrit par le musicologue Harry Halbreich. Ses commentaires sur chaque sonate sont inestimables. Véritable guide spirituel, il nous fait entrer en détails à l’intérieur de chaque oeuvre. La prise de son va dans le même sens, elle est d’une expérience immersive avec les instruments. On vit au sein de leurs charmes nostalgiques, des petits bruits de mécaniques imparfaites, du bourdonnement singulier des graves aux délicates intonations des aiguës, d’une maladresse parfois charmante. Il y a également une magie particulière des résonances et des harmoniques qui se produit lorsque le pianiste fait usage des différentes pédales. Ces instruments de collection possèdent encore une âme musicale qui leur est propre. Ils méritent qu’on leur accorde toute notre attention, car ce sont des témoins importants d’une époque révolue.

On voyage dans le temps à mesure que les sonates se développent, tout comme les instruments gagnent en profondeur et en expressions étonnantes. Badura-Skoda réussit à nous émouvoir, à pénétrer nos âmes. Son jeu naturel nous chavire, nous captive malgré la fragilité de ces antiquités. Dans le vieux salon feutré, tapissé de souvenirs, la silhouette de Ludwig semble se profiler au mur. Unique et indispensable.

Beethoven (1770-1827). Les Sonates pour piano. Quelques intégrales.

Posted in Beethoven, Beethoven. Les 32 sonates. on 9 février 2020 by René François Auclair

Pour le 250e anniversaire de Beethoven cette année, voici des intégrales qui ont marqué la discographie depuis près de 60 ans. Elles sont classées par ordre chronologique. Il y a dans cette sélection des incontournables, mais également des choix discutables, car il y a autant de pianistes que d’interprétations différentes. Les grandes légendes du piano d’avant 1960 ne sont pas présentées ici, seulement pour une question de qualité d’enregistrement.

Les 32 sonates (35 si l’on compte les sonatines d’adolescence) vont toujours demeurer dans le paysage de la musique classique. Jamais un compositeur nous a parlé si directement par sa musique. Son exubérance, ses passions et déceptions, ses luttes intérieures, son désespoir. Par le piano, véritable catharsis de sa vie faite d’échecs et de triomphes, il nous livre autant son génie que ses plus grands secrets. Le premier mouvement de la sonate op.109 servira de comparatif à toutes les interprétations.

Claudio Arrau (1903-1991). Plus personne n’ose jouer de cette façon aujourd’hui. Le pianiste chilien, véritable légende, impose des phrasés très larges et d’une lenteur ineffable, comme suspendue dans le temps. C’est du grand piano, parfois lourd, mais riche en climat méditatif, d’un lyrisme émouvant, transcendant. Sa deuxième intégrale, mieux enregistrée, qu’il entreprendra une vingtaine d’année plus tard, presque achevée, ira encore plus loin dans ce style qui appartient à lui seul, d’une ampleur inégalée. Phillips/Decca. 1962-1966. Prise de son acceptable, un peu compacte. Appréciation: Très Bien****

Sonate op.2 no.3 en do majeur (1795).

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Wilhelm Kempff (1895-1991). Pour plusieurs mélomanes et musiciens, il demeure encore la référence. Il est complètement à l’opposé du grand Arrau. Son articulation est toujours claire, structurée, mais d’une irrésistible humeur. C’est du piano sans maniérisme, d’une apparente simplicité. Avec lui, Beethoven sourit ou s’épanouit librement. Kempff demeure le modèle pianistique, l’idéal sonore qui sert admirablement bien toutes les périodes du compositeur. Lumineux et d’une rigueur indiscutable. Deutsche Grammophon. 1964-65. Prise de son très claire, manquant un peu de rondeur au piano. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Sonate op.2 no.2 en la majeur (1795).

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Daniel Barenboïm (1942-). Il jouait déjà tout Beethoven dans son adolescence. Il a enregistré cette intégrale des sonates à 24 ans seulement. Ce pianiste bourré de talent fut la sensation des années 60, la star de la musique classique de l’époque. Son style est parfois très dur, échevelé et souvent spectaculaire. À l’autre extrême, il sait s’effacer devant des pianissimos à fleur de peau, mue par de longues divagations en état de transcendance. Parmi les légendes de son temps, le jeune Barenboïm s’est imposé de manière convaincante. EMI/Warner. 1966-69. Remasterisé en 2012. Prise de son bien enrobée et homogène. Appréciation: Superbe*****

Sonate op.10 no.1 en do mineur (1798)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Paul Badura-Skoda (1927-2019). Grand pianiste et musicologue autrichien jusqu’au bout des doigts, il a choisi pour cet enregistrement un Bösendorfer Impérial, car « L’instrument possède un son tout à fait viennois« . Curieux de restituer les intentions premières du compositeur, Badura-Skoda s’est spécialisé dans la recherche historique. Par la suite il fera d’ailleurs une intégrale des sonates sur instruments d’époque. Le musicien décortique, analyse la partition avec intelligence. Son jeu est dynamique, précis, d’une articulation intuitive, marqué souvent par la danse. Enregistré dans des conditions idéales pour le 200e anniversaire de Beethoven, ce coffret respire l’authenticité d’un bout à l’autre. Prise de son détaillée. Gramola. 1969-70. Appréciation: Sommet du Parnasse******

 Sonate op.2 no.1 en fa mineur (1795).

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Alfred Brendel (1931-) Le pianiste allemand préconise un jeu dépouillé, réfléchi, toujours attentif à la moindre nuance, d’un respect quasi fanatique de la partition. Cependant, avec Beethoven, ça ne fonctionne pas toujours. Brendel a ses admirateurs, comme ses détracteurs. Il demeure un musicien peu engagé émotionnellement, encore perçu comme un cérébral. Cependant, son toucher inimitable, impressionniste, créé de belles rêveries en demi-teintes. Brendel est à son mieux dans les climats de grisaille poétique. Version à écouter par jour de pluie. Phillips/Decca. 1970-77. Prise de son de qualité. Appréciation: Bien***

Sonate op.22 en sib majeur (1800)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Vladimir Ashkenazy (1937-) Le pianiste et chef d’orchestre russe propose une lecture grandiloquente des oeuvres de Beethoven. C’est un anti-Brendel qui aime la démesure. Son interprétation, d’une ampleur symphonique, martelant au fer rouge l’instrument, est impressionnante. Il mord à pleines dents dans les passages rapides grâce à un doigté très percutant, d’une grande force tellurique. La fameuse réplique de Beethoven« Il faut briser le piano! » lui convient tout à fait, mais pas toujours pour les auditeurs! Comme un chef d’orchestre, il exploite toutes les palettes sonores du piano. Mais il sait également s’attendrir, et certains passages sont d’une douceur lyrique sublime que l’on perçoit comme au travers d’un voile. Du grand piano qui a marqué la discographie. Decca. 1971-80. Prise de son riche en médium-basse, un peu réverbérée. Appréciation: Superbe*****

Sonate op.7 « Grande Sonate » en mib majeur (1797)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Anton Kuerti (1938-) Né à Vienne, il s’installa ensuite définitivement au Canada. Pianiste atypique, il a abordé à peu près tous les genres. Son intégrale de Beethoven a marqué les esprits de manière indélébile. Il n’hésite pas à prendre des risques grâce à une lecture très personnelle. Il transfigure la partition, à la limite de la trahir, en la contrastant fortement ou en modifiant les tempos à sa guise. Imprévisible, parfois outrancier, Anton Kuerti ne laisse personne indifférent. On aime ou pas du tout. Aquitaine/Analekta. 1975-76. Prise de son moyenne, un peu sèche. Appréciation: Bien***

Sonate op.27 no.2 en do dièse mineur « Clair de Lune » (1801)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Annie Fisher (1914-1995) Née à Budapest, Annie Fisher fut une pianiste admirée en son temps. Elle est reconnue comme une musicienne intransigeante, très auto-critique. Elle refusa que ses enregistrements des sonates de Beethoven soient publiés dans les années 70. Ce n’est qu’après sa mort que Hungaroton les a offert au public. On a alors découvert une pianiste exceptionnelle. Cette maxime pourrait s’appliquer à elle…« Tout ce que vouliez entendre de Beethoven sans avoir oser le demander »! Nos conceptions d’un Beethoven rageur, colérique, passionné se retrouvent ici, sous les mains de cette artiste extraordinaire. Il y a ce piano capté de manière directe, sans pudeur, d’une présence intimidante. L’exécution intense, dynamique et extravertie de la pianiste ne laisse aucun doute quant à ses motivations. C’est de l’expression pure et dure, sans concession, sans compromis. Magistral. Hungaroton. 1976-77. Prise de son très proche, détaillée. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Sonate op.13 « Pathétique » en do mineur (1798)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Maurizio Pollini (1942-) La grande classe du piano. Pollini représente la tradition du piano classique comme on l’entend. Son Beethoven est à la hauteur des attentes. Mais qui est Pollini? En quoi se démarque t’il? Mis à part ses chantonnements qui sont typiques de sa personne, sa prestation n’ajoute rien de vraiment original aux sonates. Sa contribution est tout de même de grande valeur. Cependant, cette intégrale enregistrée sur plusieurs années, live ou en studio, demeure inégale. Deutsche Grammophon. 1976-2014. Prise de son généralement bonne. Appréciation: Très Bien****

Sonate op.26 en lab majeur « Marche funèbre »(1801)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Paul Badura-Skoda (1927-2019) Le musicien viennois a choisit sept instruments authentiques pour interpréter Beethoven. Les pianofortes datent de 1790 à 1830, tous restaurés. Il font partie, pour la plupart, de la collection personnelle du pianiste. Ces enregistrements légendaires avaient disparu des catalogues depuis longtemps. On les retrouve avec joie, comme de vieux manuscrits que l’on avait perdu. L’éminent pianiste, récemment disparu, a laissé un héritage important quant à l’interprétation historique de la musique de Beethoven. Le livret, très élaboré et passionnant, a été écrit par le musicologue Harry Halbreich. Ses commentaires sur chaque sonate sont inestimables. Véritable guide spirituel, il nous fait entrer en détails à l’intérieur de chaque oeuvre. La prise de son va dans le même sens, elle est d’une expérience immersive avec les instruments. On vit au sein de leurs charmes nostalgiques; des petits bruits de mécaniques imparfaites, du bourdonnement singulier des graves aux délicates intonations des aiguës, d’une maladresse parfois amusante. On voyage dans le temps à mesure que les sonates changent et se développent, tout comme les instruments gagnent en profondeur et en expressions étonnantes. Badura-Skoda réussit à nous émouvoir, à pénétrer nos âmes. Son jeu naturel nous chavire, nous captive malgré la fragilité de ces antiquités. Dans le vieux salon feutré, tapissé de souvenirs, la silhouette de Ludwig semble se profiler au mur. Unique et indispensable. Arcana/Outhere Music. 1979-1990. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Sonate op.27 no.1 en mib majeur (1801) Fortepiano A.Walter, 1790.

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820) Fortepiano C.Graf, 1824.

Bernard Roberts (1933-2013) Le pianiste britannique offre une version solide des sonates. Sans prétention, il livre un Beethoven bien charpenté, très satisfaisant. Ce spécialiste de Bach semble avoir transféré le même style de jeu à son Beethoven. Cela donne une articulation un peu verticale, raide par moment, qui ne déroge pas trop du cadre. Parfois, on croit entendre du Bach. Tout cela est très germanique! Dommage que ce massif instrument soit baigné dans une sorte de brume acoustique. Nimbus. 1982-88. Prise de son éloignée. Appréciation: Très Bien****

Sonate op.31 no.3 « La Chasse » en mib majeur (1802)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Stephen Kovacevich (1940-) Kovacevich transmet aux sonates une énergie spontanée, vivifiante, leur donnant un aspect de quasi-fantasia. C’est le mouvement et l’être de la musique qui prend forme. Il redessine les courbes musicales, libérant chaque mesure dans un élan jubilatoire. Les mouvements méditatifs ne se perdent jamais en conjecture, ni ne s’enlisent en lenteurs excessives. On discerne parfois une sorte de magie poétique qui s’élève dans l’air. Son cantabile est volatil, sublime. À mesure que les sonates progressent et se complexifient, on saisit toute la portée de son talent. Véritable acrobate, toujours sur le qui-vive, rien n’est à son épreuve. On dit que son interprétation de la Hammerklavier op.106 est l’une des plus grandes. Je le crois. Dans cette oeuvre de la démesure, le pianiste américain a tout donné. C’est l’intégrale la plus passionnante. Warner/EMI. 1991-2003. Prise de son inégale mais de bonne qualité. Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro de la Sonate op.106 Hammerklavier en Sib majeur (1819)

Moderato cantabile op.110 en lab majeur (1821)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Louis Lortie (1959-) Entrepris sous la supervision de Chandos en 1991, ce n’est qu’en 2010 que Louis Lortie compléta son cycle Beethoven. La qualité exceptionnelle des enregistrements est restée homogène d’un album à l’autre. La luminosité introspective, le soin impeccable de son jeu et la recherche constante de la pureté des résonances sont les grandes qualités du pianiste canadien. En fait, je dirais que ce cycle fut le début de quelque chose de neuf, une cassure évidente entre l’ancien et le nouveau. Jamais un piano n’avait aussi bien résonné! Mais ce Beethoven un peu trop lisse et sage nous laisse momentanément en marge de sa véritable nature. Lortie a choisi de nous le présenter ainsi, d’une manière immaculée. Chandos. 1991-2010. Prise de son très soignée, un peu distante. Appréciation: Superbe*****

Sonate op.28 en ré majeur « Pastorale » (1801)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Idil Biret (1941-) Impossible de ne pas parler de cette grande dame du piano. La pianiste turque a eu comme maîtres Nadia Boulanger, Alfred Cortot, Wilhelm Kempff. Rien de moins. Elle a enregistré une multitude de disques: Tout Brahms, Chopin, Schumann…La plupart, comme les 32 sonates de Beethoven, furent gravées sur son propre label (Idil Biret Archive). Avec elle, c’est le respect du chant avant tout. Lorsque la touche s’éteint, la note semble vivre d’elle-même, vibrant une infime parcelle de temps. C’est l’art secret des grands pianistes, je crois. Elle sait se restreindre à l’intimité la plus précieuse, l’humilité du moment, l’absence du moi devant la musique. Le piano est là, tout près de soi. C’est l’instrument des confidences. Cette musicienne sait en raconter tous les secrets. Mais elle est également d’un magnétisme conquérant, les tempos étant toujours bien marqués et accentués, d’un caractère irrésistible. Il y a tant à découvrir dans ce coffret. IBA. 1994-2008. Prise de son rapprochée, très claire. Appréciation: Sommet du Parnasse****** 

Sonate op.31 no.2 « Tempête » en ré mineur (1802)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Mari Kodama (1967-) La pianiste japonaise, de nationalité française, a enregistré le cycle sur une période de 10 ans dans une petite salle de concert en campagne néerlandaise. Sous la direction des ingénieurs de Pentatone, les même conditions d’enregistrement ont été préservées. D’un bout à l’autre de cette aventure musicale, il y a cette ambiance feutrée, d’une grande douceur. Cela correspond tout à fait à l’image de cette musicienne qui privilégie la délicatesse et la subtilité dans ses interprétations. Son jeu est soigné, bien phrasé et équilibré. Jamais on n’est heurté de plein fouet. En fait, elle effleure la personnalité de Beethoven, sans trop s’y engagée. La beauté paisible de sa prestation nous berce la plupart du temps. Une version pour se reposer. Pentatone. 2003-2013. Prise de son douce, un peu distante. Appréciation: Superbe*****

Sonate op.54 en fa majeur (1804)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Gerhard Oppitz (1953-) Pianiste allemand, pédagogue reconnu et respecté, Oppitz est considéré comme une valeur sûre dans le milieu. Il vénère Claudio Arrau, dont il fut son disciple. Il aime les grandes phrases musicales, le grand piano classique noble et puissant. Il se dégage de sa prestance une force tranquille, respectueuse de la tradition. Il a enregistré tout Schubert et tout Brahms. Il a reçu le prestigieux prix Brahms, décerné pour sa contribution au patrimoine du célèbre compositeur. Toute cette culture se sent dans sa manière d’aborder Beethoven. Il suffit d’écouter la sonate Waldstein pour en saisir l’amplitude, la force d’expression de ce pianiste d’exception. Une des plus grandes interprétations que j’ai entendu. Dommage que le piano soit un peu loin, comme si l’on était au fond d’une salle. Hanssler. 2004-2006. Prise de son lointaine. Appréciation: Superbe*****

Sonate op.53 « Waldstein » en do majeur (1803)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Ronald Brautigam (1954-) À l’époque de Beethoven, les pianofortes étaient encore en pleine évolution. Lui-même restait insatisfait de leur performance. Leur son est compact et raide, d’une portée de chant limité. Mais ils possèdent aussi quelques charmes distinctifs qui peuvent séduire et surprendre. Brautigam joue sur trois copies d’instruments du facteur Paul McNulty qui correspondent aux trois périodes du compositeur. Le pianiste fait usage de toutes les techniques de jeux possibles et de pédales variées pour allonger le son ou en modifier les timbres. Avec Ronald Brautigam, force est d’admettre que tous ses efforts pour faire passer la musique de Beethoven en valait la peine. Son jeu est d’un dynamisme électrisant, d’une virtuosité démentielle!  Les limites des pianofortes ont poussé le musicien à aller au bout de ses capacités techniques et expressives. Mais au fil d’arrivée le grand gagnant sera toujours le piano moderne. Bis Records. 2004-2010. Prise de son soignée, un peu distante et réverbérée. Appréciation: Très Bien****

Sonate op.57 « Appasionnata » en fa mineur (1805)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Andras Schiff (1953-) Le pianiste hongrois est considéré comme un musicien méthodique, d’une rigueur technique extrême. Il épure la musique, en se détachant de tout affect sentimental. Il va encore plus loin dans sa démarche avec Beethoven. Son Bösendorfer translucide émet des sons cristallins, miroitant dans une sorte d’éther intemporel. Dans cet absolu, glacé et sans relief, la musique de Beethoven est désincarnée. Il n’y a rien d’autre. De l’autre coté de ce beau miroir, on ne ressent plus rien. Une intégrale bien particulière, qui fascine autant qu’elle déçoit. ECM. 2005-2008. Prise de son limpide, très réverbérée. Appréciation: Bien***

Sonate op.78 « À Thérèse » en fa dièse majeur (1809)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Paul Lewis (1972-) Pianiste reconnu comme l’un des plus grands de notre temps, Paul Lewis a bouleversé le monde de la musique avec son intégrale Beethoven. Dès lors, les interprétations que l’on considéraient comme les meilleures ont perdu quelques étoiles…D’un immense respect envers la musique, son style pourrait se résumer à un seul mot: Splendeur! Ses tempos sont amples et magnifiques. De cette relative lenteur apparaît toute la beauté du chant, enveloppé de chaleur humaine et spirituelle. La recherche constante de ce lyrisme tendre et mélancolique se retrouve même au sein de passages les plus furieux de Beethoven. L’émotion est noble, béatifiée par le sens des couleurs les plus nuancées, comme des plus profondes. Ce piano est beau à faire pleurer. Lewis a créé des mouvements de vagues incessantes, de flux et de reflux dynamique, comme si le piano prenait la forme d’un grand navire sur la mer. Cet art interprétatif du génie Beethoven nous transporte bien au-delà de l’horizon. Indispensable. Prise de son irréprochable. Le coffret inclue les Concertos et les Diabelli. Harmonia Mundi. 2005-2008. Appréciation: Sommet du Parnasse******

1er mouvement Sonate op.101 en la majeur (1816)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

3e mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Jean-Efflam Bavouzet (1962-) Rien ne nous vient vraiment à l’esprit quand on écoute Bavouzet. C’est du beau piano, sans faute, bien réglé, élégant. Très linéaire, simple, d’un caractère intime. La musique suit son cours sans que rien ne vienne la perturber. Il n’y a ni esbroufe d’un musicien qui en fait trop, ni d’un technicien qui se contente de faire des sons. Bavouzet est situé au juste milieu de tous les styles. Dans ces conditions, impossible à l’auditeur d’être déstabilisé. Dans ce cas, le plaisir et l’ennui se tiennent la main. Une version en zone neutre. Chandos. 2008-2016. Bonne prise de son. Appréciation: Bien***

Andante Favori Woo57 en fa majeur (1804)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Martino Tirimo (1942-) En 16 disques, le pianiste chypriote a enregistré l’oeuvre complète pour piano de Beethoven. Le coffret inclue toute la période de jeunesse, les bagatelles, les nombreuses danses, les variations et diverses pièces isolées encore peu connues. Beethoven demeure un génie de l’invention musicale. Même les premières sonatines écrites à douze ans possèdent un talent d’écriture étonnant. Marino Tirimo est un pianiste de qualité et de grande expérience qui présente un jeu très caractéristique, qui semble tributaire de Wilhelm Kempff. Au sein de tempos plutôt modérés, son articulation a quelque chose de mordant, de truculent, d’une narration toujours pertinente. Brillant sans être trop expansif. Expressif sans débordement. Il est d’une virtuosité solidement ancrée dans le respect du cadre rythmique qu’il s’impose, mais qui freine parfois certains élans dynamiques. La musique est vive, contrastée, soulignant la variété des caractères psychologiques de chacune des sonates. Après plusieurs heures d’écoute, le plaisir est encore là. On en redemande! Un excellent pianiste à découvrir. Hanssler. 2008-2018. Prise de son aérée et précise. Appréciation: Superbe*****

Sonate op.81a « Les Adieux » en mib majeur (1810)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

HJ Lim (1986-) À 25 ans seulement, la pianiste sud-coréenne a complété cette intégrale. Son apparition au catalogue fut très médiatisé. L’accueil général de la critique est très partagé. On reconnait sa virtuosité époustouflante, mais les libertés qu’elle prend globalement sur le cycle sont condamnées avec véhémence. D’autres ont salué sa prise de risque et sa façon originale d’aborder Beethoven. Ses tempos expéditifs sont surprenants. (Le Clair de Lune passe si vite! ). Elle brise bien des conventions par des phrasés très libres, à la limite de la désinvolture. Version choquante, déstabilisante, il y a un malaise qui s’installe en cours de route. Dans une discographie déjà saturée, HJ Lim réussi a attirer l’attention sur elle, mais pas sur Beethoven. Warner Classics. 2011. Prise de son voilée, caverneuse. Appréciation: Moyen**

Sonate op.79 en sol majeur (1809)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)

Igor Levit (1987-) Pianiste germano-russe, il s’est fait une grande réputation avec la sortie de cette intégrale de haute qualité chez Sony Classical. Avec Levit, on est en pleine modernité de l’interprétation pianistique. Son jeu est tout en fluidité, de haute voltige, d’un élan vivifié par une invention de tous les instants. Ça respire la fraîcheur, la nouveauté. Il y a cette main droite, particulièrement ornée, qui est d’un ravissement continuel. À la base cependant, il demeure prudent et traditionnel, la fondation de la structure n’étant jamais altérée. Et l’acoustique un peu flottante laisse l’auditeur à distance de ce monde de rêve. Envoûté par la beauté, mais étrangement, ni ému, ni ébranlé. Sony Classical. 2013-2019. Prise de son en belles résonances, un peu voilée et éloignée. Appréciation: Très Bien****

Sonate op.90 en mi mineur (1814)

1er mouvement Sonate op.109 en mi majeur (1820)