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Berwald, Franz (1796-1868). Les Symphonies. Jena Philharmonic. David Montgomery.

Posted in Berwald with tags on 1 février 2025 by René François Auclair

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Symphonie no.1 Sérieuse.

Symphonie no.2 Capricieuse.

Symphonie no.3 Singulière.

Symphonie no.4 Naïve.

Enregistré à Volkshaus, Jena, Allemagne en 1996.

Ingénieur: Stephan Schellmann.

Arte Nova. 2005. ANO 378620. 60m10s.

Appréciation: Superbe*****

Allegro fuocoso Symphonie no.3

Adagio/Scherzo Symphonie no.3

Finale presto Symphonie no.3

Franz Adolf Berwald est né à Stockholm au tournant du 19e siècle, entre deux périodes importantes en musique, soit le classicisme et le romantisme. Après une solide formation musicale en Suède puis à Berlin, il se retrouva sans le sou et dû travailler dans un institut orthopédique en mettant au point divers appareils. De retour en Suède, pour gagner sa vie, il dirigea une soufflerie de verre. Conjointement à ses activités professionnelles, il continua à composer, mais n’obtint pas la reconnaissance qu’il espérait. Finalement, dans la soixantaine, il devint professeur de composition au Conservatoire de Stockholm.

Ses quatre symphonies, composées entre 1842-45, demeurent encore des curiosités bien spéciales. En effet, il est plutôt difficile de les cerner tellement elles sont en dehors des codes de la musique de son temps. Et elles ne représentent en rien une musique nationale suédoise tant son langage est particulier. Ce « vieux musicien du futur », comme le déclarait Hans von Bulow, était en avance sur son temps. Musicien cérébral et méthodique, il montait ses oeuvres comme des structures abstraites qui n’évoquent pratiquement rien à l’esprit. Enrichies de nombreux motifs traités souvent en polyphonie, il n’y a, à vrai dire, aucun réel épanchement sentimental dans ses symphonies. Mais il y a les couleurs, les sons variés, la perfection formelle d’une musique indépendante, mais vivante. D’ailleurs, le très moderne Carl Nielsen (1865-1931), également en avance sur son temps, était un fervent admirateur de Berwald.

Sa Sinfonie Singulière demeure la plus appréciée des quatre. Son Allegro fuocoso et ses motifs ascendants évoque un éveil au printemps. Son orchestration très fine donne une large part aux instruments à vent qui piaillent allégrement dans l’air. Les développements qui suivent sont d’une parfaite cohésion. On est en présence d’une oeuvre à part, qui se contemple et s’apprécie dans toute sa complexité. Le thème principal revient à la fin comme un pur enchantement.

L’Adagio qui suit est d’un lyrisme touchant, mais est immédiatement coupé par un Scherzo assez surprenant. On pense à un Beethoven juvénile, ou à l’effet de surprise de Haydn. Berwald prend sa source au 18e siècle, car ses formes très claires polyphoniquement ne laissent aucun doute. L’Adagio nous revient transformé, encore plus harmonisé et s’éteint doucement.

Le Finale est un presto endiablé, avec ses nombreux échanges entre les pupitres, exige des musiciens une précision rythmique infaillible. Berwald déjoue nos attentes en reprenant le thème de l’Adagio en plein milieu du mouvement, comme un intermède. Il nous dirige ensuite vers une conclusion brillante.

L’Orchestre Philharmonique de Jena en Thuringe, au centre de l’Allemagne, n’est pas très connu. Cet ensemble qu’on qualifierait de provincial, est à la hauteur des attentes. Ils sont brillants, expressifs, et leur chef, l’américain David Montgomery les a poussés à l’excellence. Ces oeuvres ne sont pas beaucoup représentées au disque, mais je considère celui-ci comme une référence.