Archive pour Les Scandinaves

Grieg, Edvard (1843-1907) Oeuvres pour piano solo. Hakon Austbo.

Posted in Grieg with tags on 15 février 2025 by René François Auclair

Grieg

Sélection de Pièces Lyriques.

Suite Holberg. Pièces variées.

Enregistré à Doopsgezinde, Pays-Bas en 2001-2006.

Berlin Classics/Brilliant Classics. 2013. 0300559BC. 2cds. 79m34s/78m37s.

Appréciation: Superbe*****

Berceuse, Danse norvégienne, Canon, Marche des nains 

Printemps, Petit oiseau, Chant paysan, Noces à Troldhaugen

Suite Holberg version piano

Edvard Grieg, le plus célèbre compositeur norvégien, a émergé au milieu d’un monde musical jusque là exclusivement réservé à l’Allemagne. Très tôt, il s’est fait connaître et a côtoyer les plus grands compositeurs de son époque, Brahms, Liszt et Wagner. À 25 ans, il composa son célèbre Concerto pour piano en la mineur. Acclamé et fort de ce succès, il fit d’interminables tournées à travers l’Europe, obligé de rejouer sans cesse cette oeuvre apparentée à Schumann.

Mais l’essence profonde de Grieg est ailleurs. Ce sont dans les miniatures qu’il est à son meilleur. Ses Pièces Lyriques, en dix volumes écrits entre 1865 et 1901, sont de petits chefs-d’oeuvre tirés de son imagination fertile. Elles sont au nombre de 66 en tout. Elles font un lien entre Chopin et Debussy, entre le lyrisme séduisant du premier et l’impressionnisme de l’autre. Ce qui les a inspirées provient surtout de son pays natal et de sa tradition folklorique. Grieg les a agrémentées de rythmes norvégiens, halling et springdans, en plus d’y développer un langage pianistique particulièrement imagé.

Le pianiste norvégien Hakon Austbo interprète ces pièces avec beaucoup de charisme, libérant les belles mélodies de Grieg dans une atmosphère parfois rêveuse. Son piano est léger, jamais assommant. Le temps s’écoule sans peine, les images vont et viennent comme des instants nostalgiques et merveilleux.

Grieg a fait construire une villa près de Bergen qu’il a nommé Troldhaugen. Dans ce foyer paisible (que l’on peut toujours visiter) il y vivait avec sa femme pendant l’été en recevant d’innombrable amis et connaissances. À la fin de l’hiver, au retour de ses longs voyages, on dit qu’il allait s’installer à la hâte au piano pendant que l’on entrait encore les bagages! Par la pensée et le rêve, le petit homme qu’il était, repartait vers de grands horizons. « Bach et Beethoven ont érigé des temples sur de grandes montagnes. Moi j’ai créé des maisons pour que les gens se sentent confortables. » Edvard Grieg.

Autres références: Leif Ove Andsnes, Stephen Hough, Peter Donohoe.

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Nielsen, Carl (1865-1931). Les Symphonies. Danish National Symphony. Fabio Luisi.

Posted in Nielsen with tags , on 9 février 2025 by René François Auclair

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Symphonie no.1 en sol mineur op.7 (1892)

Symphonie no.2 Quatre Tempéraments op.16 (1902)

Symphonie no.3 Espansiva op.27 (1911)

Symphonie no.4 Inextinguible op.29 (1916)

Symphonie no.5 op.50 (1922)

Symphonie no.6 Semplice (1925)

Enregistré entre 2019-2022 à Koncertsalen, Copenhagen.

Ingénieur: Bernhard Güttler.

DG. 2023. 00028948634842. 3cds. 3h36m.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro espansivo Symphonie no.3

Andante pastorale Symphonie no.3 (avec vocalises pour soprano et baryton) 

Finale/Allegro Symphonie no.3

Comment définir la musique du danois Carl Nielsen? Si l’on pouvait la simplifier en quelques mots je dirais…La rage de vivre! Il est l’un des plus grands symphonistes post-romantique. Ses oeuvres sont d’une densité extrême où s’oppose constamment de grandes forces. Sur la forme, ses symphonies suivent le modèle classique de Brahms. Mais sur le fond, c’est un volcan en ébullition! Pour y arriver, Nielsen va droit au but, comme le faisait Beethoven, mais dans un langage unique et sophistiqué. Hormis le Danemark et la Scandinavie, Nielsen reste encore mal représenté en concert. Il exige beaucoup de l’auditeur, mais donne beaucoup en retour. Sa Sinfonia Espansiva demeure la plus accessible. Ici au Québec, les nostalgiques se souviendront du générique des Beaux Dimanches à Radio-Canada, dont le thème du Final nous l’a fait découvrir, sans qu’on sache son nom.

Pétaradant de rythmes syncopés, de fugues puissantes, de motifs en multi-strates, sa musique est un tour de force tellurique, pas toujours facile à assimiler! Avec lui, le romantisme n’est plus. C’est le nouvel ère de l’humain qui s’exprime tel qu’il est face à un monde en plein bouleversement. Nielsen sait nous convier également à l’intérieur de ses émotions, de ses tempéraments et de ses rêves, inspirés des visions d’un monde métaphysique à atteindre (sublime andante pastorale de la 3e symphonie).

Face à ses propres luttes qu’il a vécues, sa séparation matrimoniale, la première guerre mondiale, ses remises en question nationaliste, Nielsen déploie tout un arsenal symphonique pour émerger de l’autre côté, blessé mais triomphant. En ce sens, il est le plus humain des compositeurs, un homme de notre temps (dévorante 5e symphonie!).

En décrivant sa 4e symphonie dite Inextinguible, il résuma en fait toute son oeuvre: « La Vie est, était, et sera dans la lutte, le conflit, la procréation et la destruction. Et tout revient. La musique est la vie et comme telle, inextinguible! »

L’équipe du Danish National Symphony connait évidemment très bien cette musique. Mais en leur adjoignant un chef italien, quelle était l’idée? Justement, quand on est trop familier à une chose, on a besoin d’un autre point de vue! Je trouve que cette collaboration fonctionne à merveille. Fabio Luisi fait chanter l’orchestre comme pas un dans ce répertoire souvent associé aux chefs scandinaves. En plus du dynamisme conquérant, il y a la splendeur du lyrisme et une rondeur de sonorité très satisfaisante. Et tant qu’à parler de sonorisation, celle-ci est absolument extraordinaire. L’une des meilleures que j’ai entendues. Sur une bonne chaîne stéréo, l’effet immersif est complet! Cette nouvelle version peut s’installer sans gêne au côté des plus grandes.

Versions de références: Berglund, Dausgaard, Neeme Jarvi, Blomstedt (Decca), Gilbert, Rozhdestvensky, Davis…

Berwald, Franz (1796-1868). Les Symphonies. Jena Philharmonic. David Montgomery.

Posted in Berwald with tags on 1 février 2025 by René François Auclair

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Symphonie no.1 Sérieuse.

Symphonie no.2 Capricieuse.

Symphonie no.3 Singulière.

Symphonie no.4 Naïve.

Enregistré à Volkshaus, Jena, Allemagne en 1996.

Ingénieur: Stephan Schellmann.

Arte Nova. 2005. ANO 378620. 60m10s.

Appréciation: Superbe*****

Allegro fuocoso Symphonie no.3

Adagio/Scherzo Symphonie no.3

Finale presto Symphonie no.3

Franz Adolf Berwald est né à Stockholm au tournant du 19e siècle, entre deux périodes importantes en musique, soit le classicisme et le romantisme. Après une solide formation musicale en Suède puis à Berlin, il se retrouva sans le sou et dû travailler dans un institut orthopédique en mettant au point divers appareils. De retour en Suède, pour gagner sa vie, il dirigea une soufflerie de verre. Conjointement à ses activités professionnelles, il continua à composer, mais n’obtint pas la reconnaissance qu’il espérait. Finalement, dans la soixantaine, il devint professeur de composition au Conservatoire de Stockholm.

Ses quatre symphonies, composées entre 1842-45, demeurent encore des curiosités bien spéciales. En effet, il est plutôt difficile de les cerner tellement elles sont en dehors des codes de la musique de son temps. Et elles ne représentent en rien une musique nationale suédoise tant son langage est particulier. Ce « vieux musicien du futur », comme le déclarait Hans von Bulow, était en avance sur son temps. Musicien cérébral et méthodique, il montait ses oeuvres comme des structures abstraites qui n’évoquent pratiquement rien à l’esprit. Enrichies de nombreux motifs traités souvent en polyphonie, il n’y a, à vrai dire, aucun réel épanchement sentimental dans ses symphonies. Mais il y a les couleurs, les sons variés, la perfection formelle d’une musique indépendante, mais vivante. D’ailleurs, le très moderne Carl Nielsen (1865-1931), également en avance sur son temps, était un fervent admirateur de Berwald.

Sa Sinfonie Singulière demeure la plus appréciée des quatre. Son Allegro fuocoso et ses motifs ascendants évoque un éveil au printemps. Son orchestration très fine donne une large part aux instruments à vent qui piaillent allégrement dans l’air. Les développements qui suivent sont d’une parfaite cohésion. On est en présence d’une oeuvre à part, qui se contemple et s’apprécie dans toute sa complexité. Le thème principal revient à la fin comme un pur enchantement.

L’Adagio qui suit est d’un lyrisme touchant, mais est immédiatement coupé par un Scherzo assez surprenant. On pense à un Beethoven juvénile, ou à l’effet de surprise de Haydn. Berwald prend sa source au 18e siècle, car ses formes très claires polyphoniquement ne laissent aucun doute. L’Adagio nous revient transformé, encore plus harmonisé et s’éteint doucement.

Le Finale est un presto endiablé, avec ses nombreux échanges entre les pupitres, exige des musiciens une précision rythmique infaillible. Berwald déjoue nos attentes en reprenant le thème de l’Adagio en plein milieu du mouvement, comme un intermède. Il nous dirige ensuite vers une conclusion brillante.

L’Orchestre Philharmonique de Jena en Thuringe, au centre de l’Allemagne, n’est pas très connu. Cet ensemble qu’on qualifierait de provincial, est à la hauteur des attentes. Ils sont brillants, expressifs, et leur chef, l’américain David Montgomery les a poussés à l’excellence. Ces oeuvres ne sont pas beaucoup représentées au disque, mais je considère celui-ci comme une référence.

Hamerik, Asger (1843-1923) Les Symphonies. Helsingborg Symphony. Thomas Dausgaard.

Posted in Hamerik with tags on 31 janvier 2025 by René François Auclair

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Symphonies nos 1-6 (Helsingborg Symphony)

Symphonie Chorale no.7 et Requiem (Danish Symphony&Choir)

Randi Stene, mezzo-soprano (Symphonie no.7)

Enregistré entre 1997-2005.

Dacapo. 2009. 6.200002. 4cds.

Appréciation: Très Bien****

Allegro moderato ed espressivo Symphonie no.1 « Poétique »

Allegro moderato Symphonie no.6 « Spirituelle »

Andante sostenuto Symphonie no.6 « Spirituelle »

Andante sostenuto Symphonie no.7 « Chorale »

Le danois Asger Hamerik est un respectable compositeur romantique qui a surtout fait carrière à Baltimore aux États-Unis entre 1871-1898. C’est là qu’il créa la plupart de ses symphonies au Peabody Institute et marqua la vie musicale de cette ville américaine. Élève de ses compatriotes Hartmann et Gade, il fut ensuite influencé par Berlioz qu’il retrouva à Paris. Un voyage à Vienne lui permit de rencontrer un consul américain qui le sollicita pour un poste à Baltimore. Il y restera pendant 27 ans, tout en gardant contact avec son pays d’origine.

Ce créateur cosmopolite est resté attaché aux idées de Beethoven en lui empruntant sans gêne des motifs très reconnaissables. On se demande d’ailleurs si le public de Baltimore ne lui aurait pas dicté en ce sens ses goûts pour la musique germanique. Quoiqu’il en soit, Hamerik resta fidèle à un certain conservatisme, tout en exposant plutôt timidement ses origines nordiques. Il est surtout redevable à Berlioz par une orchestration grandiloquente et par l’utilisation de l’idée fixe, thème récurant qu’il parsème dans ses symphonies. À sa mort, son oeuvre tomba dans l’oubli. On pourrait comprendre qu’à force d’imiter les autres, Hamerik n’a jamais su être tout à fait original. Chez lui, tout de même, on note au sein d’une musique dite sérieuse, un sens de la noblesse et du solennel.

Ses symphonies portent toutes un titre français qui annonce à chacune un thème indicatif, mais à mon avis ne s’y colle pas vraiment. Dans l’ordre de composition: La Poétique, Tragique, Lyrique, Majestueuse, Sérieuse, Spirituelle et finalement une Symphonie Chorale, tout comme l’avait fait Beethoven avec sa Fantaisie Chorale et Neuvième symphonie.

De tout le coffret présenté ici, quelques pièces se démarquent pourtant par une belle inspiration et d’une densité d’écriture représentative du romantisme. Le premier mouvement de la Symphonie no.1 (1879) rappelle le meilleur de Schumann, la superbe 6e Symphonie pour cordes (1897), avec son thème cyclique, est similaire à la Sérénade de Tchaïkovsky et finalement la Symphonie Chorale (1906), très belle oeuvre sur le thème de la résurrection, fait penser à la 2e symphonie de Mahler. Prise de son et interprétation superbe. Thomas Dausgaard à la direction, un grand nom des chefs scandinaves.

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