Archive pour Les Scandinaves

Gade, Niels Wilhelm (1817-1890) Sonates pour Violon. Maria-Elisabeth Lott. Sontraud Speidel.

Posted in Gade with tags on 23 Mai 2021 by René François Auclair

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Sonate no.1 op.6 en la majeur (1842)

Sonate no.2 op.21 en ré mineur (1849)

Sonate no.3 op.59 en si bémol majeur (1885)

Volkstänze, Op. 62 (1886)

Enregistré à Veltesaal, Musikhochschule Karlsruhe en 2017

Ars Produktion. 2021. ARS 38588. 74m.

Appréciation: Superbe*****

Allegro di molto Sonate no.1

Larghetto/Allegro vivace Sonate no.2

Allegro vivace Sonate no.3

Cet album, consacré aux sonates pour violon et piano du compositeur danois, est une pure merveille. L’interprétation est sensible, généreuse en sentiments, enrobée d’une belle acoustique qui restitue la présence des instruments dans un équilibre exemplaire.

La douceur du violon, d’un granulé très fin, est des plus agréable à l’oreille. L’instrument s’épanouit dans une réverbération subtile. Le piano, véritable entité musicale, supporte autant le discours du violon qu’il l’embrasse d’une effusion constante. Les figurations auquelles Gade a accordé au piano sont parfois riches en images impressionnistes. Dès le début de la première sonate, on entre facilement dans cette musique où tout semble coulé de source. Et avouons-le sans ambages, cette musique est remplie d’amour avec un grand A. La partition reste pourtant riche en tout temps malgré son lyrisme parfois appuyé. À l’instar de ses symphonies plutôt convenues, Gade a livré son meilleur dans la musique de chambre, comme en fait foi les nombreux enregistrements de ces trois sonates par exemple.

On ne pourra pas reprocher à Gade d’avoir péché par excès de sentimentalisme. Au milieu des plus célèbres romantiques de son époque, il fait figure d’un grand amoureux de la musique de son temps. Ses sonates viennent s’installer sans peine entre Mendelssohn, Schumann et Brahms. Un album qui attendrit le coeur autant qu’il en révèle le romantisme.

Sibelius, Jean (1865-1957) Les Symphonies. Helsinki Philharmonic. Paavo Berglund.

Posted in Sibelius with tags , on 22 décembre 2017 by René François Auclair

91jd980dtuL._SL1500_Les sept symphonies (1899-1924)

Poèmes symphoniques: Océanides, Finlandia, Tapiola, Kullervo…

Enregistré entre 1984-1987 au Culture Hall à Helsinki, Finlande.

Parlophone/Warner. 2017. 0190295869151. 5 cds.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Vivacissimo et Finale de la 2e symphonie op.43 

Allegro moderato de la 3e symphonie op.52 

Paavo Berglund (1929-2012), chef finlandais émérite, a probablement réussi sa plus belle et convaincante incursion dans l’oeuvre symphonique du grand Sibelius. On sent la connivence avec l’orchestre d’Helsinki, robuste et intense, et cette proximité avec le compositeur finlandais, dans une vision enracinée par la tradition et les valeurs de ce créateur singulier. Le chef dispose devant lui d’un orchestre aux sonorités rugueuses et vives. Il en exploite toute la charge émotive par une prestation engagée des musiciens qui semblent vivre, sans compromis, toute la musique de Sibelius.

Les symphonies de Sibelius sont remarquables en tous points. Autant au niveau de leurs formes imprévisibles que par la description d’une nature sauvage et impitoyable. Mais il y a aussi dans cette musique, un désespoir profond sur fond de guerre… Sibelius se tournera alors vers les forces de la nature pour s’y soustraire. Cette volonté se traduira par des hymnes triomphants et inspirés qui feront de lui un héros national (Finlandia op.26 et Finale de la 2e symphonie par exemple)

Sa musique, d’une grande richesse, nous invite à un périple étonnant au coeur de ce pays de glace et de forêts. Supportée par des progressions tonales déstabilisantes et imprévisibles, la musique de Sibelius s’éloigne des parcours déjà tracés. Parfois, au cours de ce pèlerinage, l’auditeur s’abandonne aux plus fortes images. Il s’arrête à l’improviste devant un paysage fait de grands espaces blancs, pour s’engager ensuite dans une lutte éprouvante contre les vents mordants du froid, pour enfin se retrouver dans la nuit devant la plus exaltante des aurores boréales. C’est le triomphe de l’esprit humain devant le grand inconnu. C’est un peu tout ça Sibelius… Le plus original compositeur et symphoniste du 20e siècle.

Tchaikovski et Sibélius. Concertos pour violon. Lisa Batiashvili. Daniel Barenboim.

Posted in Sibelius, Tchaikovski with tags , on 15 décembre 2016 by René François Auclair

71bhige2spl-_sl1200_Tchaikovski (1840-1893) Concerto en ré majeur op.35

Sibélius (1865-1957) Concerto en ré mineur op.47

Staatskapelle de Berlin. Daniel Barenboim, direction.

Enregistré en 2015 et 2016 à Funkhauss Nalepastrase, Berlin.

Deutsche Grammophon. 2016. 4796038. 70m.11s.

Appréciation: Sommet du Parnasse******

Allegro vivacissimo de Tchaivoski

Allegro ma non tanto de Sibélius

J’essaie vainement de trouver un mot pour décrire ce disque sensationnel…Ahurissant peut-être? Non, ce n’est pas convenable. Extraordinaire? Non, trop banal. Bref, j’ai lâché prise. Et puis j’ai pensé à ce vieux Edgar, Fruitier de son nom. En parlant d’un disque qu’il aimait particulièrement, parfois il déclarait avec sa verve légendaire… »cette musique m’a complètement détruit! »

C’est le cas ici. Un violon au pouvoir ensorcelant. Magie noire ou blanche, je ne sais pas. Transcendant, renversant, conquérant. Ah, voilà je trouve les mots maintenant! Cette nouvelle collaboration de la violoniste géorgienne avec le vieux Barenboim fait penser à un autre jumelage légendaire…Mütter-Karajan. Et maintenant l’on souhaite longue vie à ces deux musiciens. Que la Deutsche Grammophon puisse en profiter avant qu’il ne soit trop tard!

Autant la violoniste est d’une expressivité inouïe, autant le Staatkapelle combine des forces incroyables à son interprétation. Le Sibélius est à mon avis, une des plus grandes interprétations qui soient. Un vertige continuel, où la nature hors de contrôle est d’une telle fatalité, qu’il produit sur nous un drame parfois terrifiant. L’adagio di molto est indescriptible, tout simplement… Tandis que le dernier mouvement, que l’on considérait injouable lors de sa création en 1903, nous ramène dans le folklore cher à Sibélius auquel il accorde des pulsations singulières. Quant à Batiashvili, elle donne tout ce qu’elle a… Prodigieux moment qui nous renverse.

Daniel Barenboim offre à Tchaikovski des tempos très larges en respiration, presque improvisés, dans l’admirable allegro molto. Et la violoniste s’y plonge sans retenue, nous entraînant dans un maelström d’un romantisme grandiose. C’est plus que de la musique russe, mais un hymne au bonheur. Un des meilleurs disques de l’année 2016 unanimement acclamé.

Sibélius, Jean (1865-1957) Musique pour la scène. Turku Philharmonic. Leif Segerstam.

Posted in Sibelius with tags on 6 février 2016 by René François Auclair

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Kuolema. King Christian II.

Belshazzar’s feast. Pélléas et Mélissande…

Orchestre Philharmonique de Turku.

Leif Segerstam. Enregistré à Turku Concert Hall, Finlande.

Naxos. 2015. 8.573299/ 8.573300/ 8.573301. Appréciation: Superbe *****

Moderato tiré de Kuolema

Musette tiré de King Christian II

Andantino pastoral tiré de Pelléas et Mélissande

Allegretto tiré de Pelléas et Mélissande

Valse lyrique op.96

Le chef finlandais Leif Segerstam, véritable star dans toute la Scandinavie, a enregistré une série de disques en 2015, tous consacrés à Sibélius. Personnage coloré et attachant, il a depuis 2012 pris la direction de l’orchestre de Turku, citée comme la plus médiévale ville de Finlande. L’ensemble possède une riche tradition, puisque il a été fondé en 1790.

À propos de sa 6e symphonie, Jean Sibélius déclarait qu’elle était « une pure eau froide ». En fait, cette citation pourrait décrire toute son œuvre. Limpide, cristalline, se résumant à l’essentiel, sa musique évoque souvent le grand froid de paysages nordiques et de ses légendes hivernales. Même dans le genre de la musique de scène où l’action se passe dans des univers étrangers, les mêmes sensations reviennent inévitablement à notre imaginaire.

Les trois disques présentés ici sont en marge des poèmes et des sept symphonies. Ce sont, pour la plupart, des pièces très rarement entendues, écrites pour le théâtre et le ballet. Sibélius ne cesse de nous surprendre par une écriture bien personnelle. Chaque morceau est composé avec raffinement, sans jamais se répéter. Les reprises des mélodies, souvent fort belles, sont traitées différemment, par une orchestration audacieuse. Pourtant, tout cela reste tonal, relié parfois par Tchaïkovski qu’il gardait en haute estime. Sibélius propose des climats sombres, des envoûtements brumeux et mélancoliques pour supporter l’action théâtrale. (Valse triste de Kuolema). Par contre, les autres danses des ballets sont brillantes, jamais banales, vives en couleur. Ce sont des pièces heureuses qui s’harmonisent naturellement à nos hivers d’ici.

Je considère ces enregistrements supérieurs aux productions suédoises BIS, qui ont tout gravé Sibélius il y a quelques années. C’était soigneusement bien fait, mais offrait en générale l’impression d’une surface un peu trop glacée. Avec Segerstam, on entre dans le vif de l’action plus profondément. Les cordes sont plus chaudes et l’orchestre de Turku résonne avec splendeur, supportée par une prise de son généreuse. Cette « trilogie d’hiver » vaut le grand détour par le Nord, à mille lieux des villes peuplées de l’empire austro-allemand. Là-bas, un géant de la musique a défié le temps et les modes pour offrir les plus originales compositions du début 20e siècle et qu’on ne cesse de redécouvrir.